Entre guillemets

Ces petits riens

 

Il y a des petits gestes qui comptent, des gestes qui rendent exceptionnelle une soirée au resto ou une visite chez le dentiste.

Par exemple, on apprécie quand un serveur s'arrête à notre table pour nous aviser que le plat qu'on a commandé arrivera avec un peu de retard, quand une secrétaire nous adresse un large sourire avant même d'avoir entendu notre requête.

Aussi anodines qu'elles soient, ces attentions ont un pouvoir énorme. Elles influencent favorablement la perception qu'on a d'un lieu et nous donnent souvent envie d'y revenir.

Depuis que le Théâtre des Marguerites a rouvert ses portes, il y a une dizaine d'années, j'ai assisté à presque toutes ses productions. En fait, la seule que j'ai manquée, c'est Ça va être gros!, pièce autour de la maternité qui mettait en vedette Vincent Bolduc et Catherine Trudeau.

Plusieurs raisons expliquent ma fidélité: le cachet rustique de cette grange rénovée, son parfum humide, l'originalité des projets présentés, mais surtout l'ambiance conviviale du lieu.

D'ailleurs, à l'époque où les propriétaires du théâtre, Stéphane Bellavance et Mathieu Bergeron, étaient davantage impliqués dans sa programmation, ils donnaient toujours un ton festif à la soirée en faisant une courte apparition sur scène. Avec humour, ils nous souhaitaient la bienvenue tout en nous invitant à fermer nos téléavertisseurs et téléphones cellulaires.

J'adorais ce moment. Il me permettait de faire le vide et de me plonger avec plus de facilité dans la légèreté propre au théâtre d'été.

 

Avant le match

Je ne me souviens plus s'il y avait eu une telle introduction l'an dernier, alors qu'on présentait la comédie policière 10-4. Mais cet été, lors de la première d'Hockeytown, aucun préambule comique n'avait été prévu. C'est plutôt un message enregistré froid et traditionnel qui a retenti dans les haut-parleurs. Déception: j'étais assise dans une salle de spectacle comme les autres.

Du coup, une espèce de barrière s'est placée entre les comédiens et moi. Ils étaient là pour jouer et moi, pour les regarder. Point à la ligne.

Les lumières se sont éteintes, mais je n'étais toujours pas prête à entrer dans l'univers inventif imaginé par l'auteur et metteur en scène Jean-Guy Legault. 

Boudeuse, toujours préoccupée par des trucs personnels, j'ai dû manquer les trois premières minutes du spectacle. Tout allait trop vite. J'écoutais les dialogues, mais je ne comprenais rien. Je me sentais bousculée. La magie du théâtre d'été n'opérait pas.

Heureusement, l'humour du texte de Legault m'a vite séduite. Bon, j'ai un peu grincé des dents en entendant toute la variété des sacres – que voulez-vous, ça fait partie de l'univers du sport! Mais j'aimais bien la vitesse à laquelle se disaient les répliques. Du vrai hockey!

Il reste que, comme dans une saison du Canadien, la tension au fil de la pièce n'était pas constante. Il y avait parfois quelques longueurs dans les dialogues.

Ces moments me laissaient beaucoup de temps pour penser à comment je m'ennuyais de la qualité d'accueil des proprios du Théâtre des Marguerites.