J'allais écrire une chronique sur un tout autre sujet quand je suis tombée sur un article parlant d'une manifestation qui aura lieu le 6 août prochain devant le palais de justice de Trois-Rivières.
Comme plusieurs autres Québécois, une maman de Louiseville a été choquée par le verdict rendu au procès de Guy Turcotte – l'ancien cardiologue a été déclaré non criminellement responsable du meurtre de ses deux enfants – et a décidé de s'exprimer. Elle a donc lancé, par l'intermédiaire de Facebook, une invitation à aller manifester pacifiquement contre cette «sentence bonbon».
Cette initiative n'est pas la seule dans la province, mais elle m'agace un peu.
Évidemment, je n'ai jamais été insensible à cette histoire. Je venais tout juste d'accoucher de mon garçon lorsque l'affaire a fait la une des journaux.
Je me souviens du moment où j'ai appris le drame. C'était l'une de ces nuits blanches où je regardais RDI tout en berçant mon fils, une boule d'amour sans défense. Les yeux pleins de larmes, j'avais maudit le geste de ce père, qui avait volé la vie de ces deux petits anges. Et à partir de ce moment-là, j'ai cessé de regarder les nouvelles pendant quelques mois.
Deux ans plus tard, le long procès de Guy Turcotte a commencé. Quand je me sentais en forme, je lisais les comptes rendus dans les journaux. Ça me secouait chaque fois. Il semble d'ailleurs que je n'ai pas été la seule à être bouleversée par tous ces détails. L'organisatrice de la manifestation trifluvienne a avoué avoir été incapable d'entendre le récit de l'accusé…
Et voilà justement la raison pour laquelle la manifestation du 6 août me dérange. Sans avoir entendu la version de Guy Turcotte, sans avoir eu entre les mains tous les éléments de cette affaire, des gens condamnent un individu, contestent la décision d'un jury consciencieux. Plutôt que de faire confiance à ce dernier, ils se fient à leur instinct, aux récits partiels des médias. Bref, ces citoyens s'indignent sans être au fait de la vérité.
Si je n'endosse pas l'acte de Turcotte, j'ose croire que le jury a pris la meilleure décision possible. Du moins, il était le mieux placé pour le faire.
En bougonnant publiquement, j'ai l'impression que ceux qui espéraient une sentence plus sévère tapent sur le mauvais clou. Je ne pense pas que des peines plus dures réduiraient le nombre d'infanticides. Une personne malade demeure une personne malade. Par contre, militer pour que le gouvernement subventionne davantage les organismes venant en aide aux hommes en détresse, ça, ça pourrait sans doute empêcher d'autres drames familiaux.
La loi du talion a rarement donné de bons résultats. Au contraire, elle ne fait qu'élever le niveau de colère et de violence d'un cran.