Je l’ai écrit sur mon blogue: en assistant au spectacle Belles-sœurs, je n’avais pas de grandes attentes. Je connaissais bien la pièce – comme la plupart des collégiens, je l’avais trop étudiée – et les rares chansons que j’avais entendues à la radio m’avaient déplu.
Si j’avais réservé mon billet pour la première trifluvienne, c’était surtout parce que j’admire le travail de René Richard Cyr et que j’étais curieuse de voir la couleur qu’il avait donnée à la pièce en remplaçant près des deux tiers du texte original par des trames musicales. En fait, je m’attendais à passer du bon temps, rien de plus. Je n’avais pas imaginé une seconde que le show allait me bousculer dans mes valeurs.
Belles-sœurs se veut une radiographie du Québec des années 60, soit un Québec sous le joug de la religion. À cette époque, pas question de parler d’avortement ou de l’indépendance financière des femmes. La notion de plaisir n’existe pas. Toute personne de sexe féminin semble condamnée à une vie misérable et ennuyante.
Au fil des différentes scènes du spectacle, on constate que la société québécoise a fait un immense bout de chemin depuis 40 ans. Fini, l’obligation de s’agenouiller devant la radio pour réciter le chapelet du soir, les chaudrons et les torchons réservés à la mère de famille et les regards sévères sur les vieilles filles! Aujourd’hui, on peut mener notre vie en toute liberté et les femmes peuvent goûter aux mêmes bonheurs que les hommes, ou presque.
Si les Québécois et Québécoises peuvent se réjouir de nouveaux acquis en matière d’équité, de travail et de laïcité, il reste que certaines choses n’ont nullement changé. Et Belles-sœurs les souligne à l’encre grasse, bien malgré lui. On ne transforme pas la nature humaine du jour au lendemain! C’est d’ailleurs ce fait qui m’a secouée…
Les années ont beau passer, l’Homme (avec un grand «H») continue d’être mesquin et jaloux. Il y a encore des individus qui voleraient sans honte les timbres-primes de Germaine Lauzon, une proche parente. Juste la semaine dernière, un Trifluvien a écopé d’une peine de 12 mois de prison à être purgée dans la collectivité pour avoir fraudé sa mère de 80 ans de 20 000$. C’est pour dire.
Ah, l’attrait du luxe! Quarante-trois ans après la première lecture de la pièce Les belles-sœurs de Tremblay, le besoin de consommer, de jouir de beaux objets est toujours présent. Même qu’il semble avoir grandi. Misère!