Entre guillemets

Folies gourmandes

La gourmandise est un moteur puissant.

Simplement pour avaler UNE galette de sarrasin au festival du même nom à Louiseville, j’ai mis ma fatigue de côté et roulé pendant une trentaine de minutes à travers les petites routes de campagne le week-end dernier.

Naïve, je croyais pouvoir profiter en toute tranquillité du site. Je m’imaginais marcher parmi une poignée de gens en respirant l’odeur piquante du sarrasin nouveau. Une vision idyllique. Trop.

La réalité était tout autre. Au centre-ville, une foule dense – et éméchée – m’attendait. Peu habituée à fréquenter cet événement, j’avais oublié qu’un immense défilé ponctuait les deux semaines d’activités. Ainsi, certaines rues étaient bloquées et les trottoirs, envahis par des milliers de personnes souhaitant être aux premières loges. Un vrai cauchemar pour une festivalière qui trimbalait son fils en poussette: Attention à vos pieds, madame! Pourriez-vous vous tasser un peu, monsieur? J’avais chaud, et ce n’était pas seulement parce que le soleil plombait! Pour une fois, l’expression «mer humaine» prenait tout son sens.

Intérieurement, je maugréais. Pourquoi avais-je succombé à la tentation d’une galette? Après tout, j’aurais pu m’en faire à la maison. Mais la recette de la ferme Ricard valait le détour… Au fait, où se trouvait son fameux kiosque? Avec tous ces curieux, je n’arrivais pas à le voir.

Je dénichai le stand qui cuisinait l’aliment vedette de cette grande fête plus loin, en marge du brouhaha. Une dizaine de personnes faisaient la queue. Étonnement. Je m’attendais à plus d’amateurs. Mais bon, ils étaient sans doute ailleurs, prêts à voir défiler la parade. Justement, le temps d’engloutir ma galette, elle avait démarré: des automobiles, des chars allégoriques inintéressants, des demoiselles bière à la main – cet accessoire était-il vraiment de mise? – qui semblaient se demander ce qu’elles foutaient devant tout ce beau monde…

C’est ça que les gens attendaient? Au secours! On dit souvent qu’une foule a l’âge mental d’un enfant de deux ans. Je commençais à le croire. Qui patienterait des heures pour voir passer le char démodé des Amputés de guerre ou une gang de fêtards swinguant à l’unisson?

Puis, des cavaliers et leurs magnifiques montures se sont succédé, une fanfare est arrivée, une chanteuse de 16 ans a yodlé… Et j’ai compris pourquoi certaines folies étaient encore plus délicieuses que la galette de sarrasin!

Oui, tout ça valait vraiment le détour. Merci, gourmandise.