Les choses se passent, au Québec, en matière de réglementation du prix du livre. Le collectif Sauvons les livres, réunissant auteurs, éditeurs, libraires et supporteurs de toutes sphères du livre, s’affaire depuis plusieurs semaines, voire mois, à sonner les cloches du gouvernement pour que celui-ci intervienne et agisse.
En milieu d’après-midi, aujourd’hui, les médias recevaient une convocation à une conférence de presse prévue pour lundi le 2 décembre, où le ministre de la Culture et des Communications Maka Kotto fera «une annonce importante concernant le secteur du livre au Québec». Et cette annonce, les représentants du dit secteur du livre l’attendent avec impatience.
En août et septembre derniers, la Commission parlementaire sur le prix unique du livre a mis en lumière les enjeux auxquels fait face l’industrie du livre. Les membres de la Commission ont siégé plus de 30 heures et ils ont entendu plus de 40 groupes. À l’ouverture du dernier Salon du livre de Montréal, aucun retour sur cette commission n’avait été entendu de la part du ministère, échaudant du même coup le mouvement Sauvons les livres qui a secoué les dignitaires présents lors du 36e Salon du livre, tenu du 20 au 25 novembre.
C’est à se demander ce qui turlupine le gouvernement, en ce moment. Pensait-on que nous allions oublier que s’était tenue cette commission? Pensait-on que nous allions laisser mourir les librairies une à une, asséchant du même coup les budgets des éditeurs et mettant du même coup à la rue les auteurs, tous victimes collatérales de la fin de la diversité en librairie?
Que demandait le mouvement? Rien qui ne nuirait à l’équilibre budgétaire tant souhaité par le gouvernement – à moins que l’équilibre budgétaire ne passe par la variété anémique de titres chez Costco? Non, ce n’est pas aussi complexe que le budget d’une province. C’est tout simplement d’assurer une plus grande variété de l’offre en limitant à 10 % pendant neuf mois les rabais sur les nouveautés, afin d’empêcher les ventes lucratives et protéger les petits libraires, comme c’est déjà le cas en France, depuis…32 ans. Encore là, je me demande bien ce qui est si complexe dans cette demande qui pousse le gouvernement à hésiter à ce point depuis des années – allez, ne nous leurrons pas, ça ne date pas du gouvernement péquiste, cette absence de mesures dans le domaine.
On l’a bien vu – lu et entendu -, le mouvement Sauvons les livres et ses sympathisants n’ont pas baissé drapeau ni tiré la serviette. Au Salon du livre, l’occasion était trop belle pour rappeler que les guerres de prix livrées menacent librairies et commerces essentiels à l’existence d’une diversité éditoriale. Qu’attendons-nous pour mesurer l’impact du prix réglementé? Nous sommes déjà assez professionnels dans la procrastination en matière de protection de l’environnement, de développement durable, d’urbanisme, de loi sur les mines, pour ne nommer que celles-ci. Pourquoi tergiverser si longtemps pour protéger notre diversité littéraire? Je m’interroge. J’ai beau essayer de comprendre la logique de l’attente, je ne la saisis pas. Souhaitons que lundi après-midi, la Bibliothèque et Archives nationales du Québec soit le théâtre du changement.
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À voir, à faire, à lire
Après le succès de la soirée « Présences : mauvais garçons », voici « Présences : méchantes filles », ce vendredi soir, à la Librairie Raffin, rue Saint-Hubert, de 18h à 20h. Trois écrivaines «pas gentilles» pour une soirée de lectures qui arrachent et de discussions sans filtre. Avec Claudia Larochelle qui assurera l’animation, Martine Delvaux, Ariane Gélinas et Marie-Christine Lemieux-Couture. Entrée libre.
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Le Studio Lounak lance sa première bande dessinée, lundi le 2 décembre, au Pub l’île Noire, à Montréal. L’Abominable Charles Christopher de Karl Kerschl sera donc la première parution de la toute nouvelle maison d’édition de BD. On offre une bière et un ex-libris à l’achat d’un exemplaire du livre. 19h.
Ce qui est terrible, c’est que les gouvernements, surtout les gouvernements péquistes se présentent en défenseurs de la culture et de l’identité québécoise, mais quand il est le temps d’agir, ils se jouent dans le nez l’air absent.
Le pire, c’est qu’on ne leur demande même pas d’être innovateurs et d’arriver avec des propositions originales. Simplement d’appliquer des suggestions simples qui sont déjà testées ailleurs avec succès et qu’on leur offre sur un plateau d’argent. Même pas besoin de se casser la tête.
Mais ce n’est pas très aguichant les solutions simples. Ils préfèrent les « solutions » simplistes, qui ne nuisent pas aux gros intérêts étrangers.
Triste.