Trop, c’est trop. Le travailleur-à-temps-partiel-pour-payer-ses-études que je suis regarde la scène politique et s’en désillusionne. Le paiement à la chaîne de toutes les formes de taxes me tue. Et encore, je ne suis qu’à mi-temps, imaginez lorsque j’aurai terminé mon bac en enseignement dans deux ans et que je gagnerai 35 000 dollars par année! Les gouvernements me grugeront jusqu’à l’os, et moi, je serai censé crier «Bravo!» parce que la lutte au déficit sera terminée.
Non, merci! J’accuse les gouvernements d’être des pécheurs véniels – ou, si vous préférez: des crosseurs.
La bouche des gouvernements est pleine, mais moi, j’ai les poches vides. Je paie 35 % d’impôts, 15 % de TPS/TVQ, 1 % de surtaxe pour la solidarité contre la pauvreté, 5 % de cotisations à la RRQ et à l’assurance-emploi, 20 % de surtaxe contre le tabac, l’alcool et l’essence. Je mets 4 % de mon salaire dans mon REER (ai-je droit à un avenir?), et heureusement, je ne suis que locataire, parce que sinon j’aurais à payer taxes scolaire, foncière et autres surtaxes dont j’ignore l’existence!
Ce que les gouvernements semblent oublier quand ils assouvissent leurs appétits gargantuesques, c’est que je dois aussi manger, me loger, m’électrifier, me chauffer, me câbler, me brancher Bell. Et maintenant, il y a de plus en plus de parcomètres et de zones réservées de stationnement (allô permis à payer!), et les contributions à la SAAQ ne diminuent pas malgré les surplus. Encore chanceux de pouvoir marcher sans payer une taxe pour «utilisation des services gouvernementaux».
Si au moins la gourmandise se traduisait par une générosité sans bornes! Mais non… Je paie une taxe pour aider à surmonter le grave problème de la pauvreté, MAIS le gouvernement coupe dans l’aide sociale. Je paie un régime d’assurance-emploi qui fait des milliards de surplus, MAIS on affecte cet argent à la dette, et les cotisations (étouffantes) restent les mêmes. Et l’idée que je puisse un jour avoir des taux d’impôts sur le revenu plus bas est définitivement enfoncée très loin dans les cerveaux des politiciens.
Les parlements ne siègent que trois semaines par année… Et quand ils le font, c’est pour se disputer sur les mêmes vieilles rengaines. Pas d’innovation, pas d’imagination. La pauvreté? Une petite taxe de solidarité calmera le bon peuple. La santé? Une minime injection d’argent à petites doses calmera la douleur. L’éducation? Des élections scolaires, et la responsabilité sera détournée. Et moi, contribuable, je ne peux rien contre ces vieillards qui préfèrent ne pas agir plutôt que d’écouter les jeunes dans un monde qui va résolument trop vite pour leurs cheveux blancs.
Les élus gaspillent mon argent, sans aucun sens de la démocratie. A croire qu’ils couchent avec les personnes les plus influentes de la société.
Caillé offre une pipe à Bouchard pour s’offrir la ligne à haute tension la plus coûteuse et la plus dommageable pour l’environnement depuis longtemps. Allan Rock amène le KY à Jean Chrétien afin que ce dernier refuse de dilapider les fonds de son ministère de la Santé pour dédommager les victimes de l’hépatite C. Paul Martin se masturbe en s’octroyant des crédits spéciaux pour ses compagnies de bateaux. Le gouvernement fédéral au grand complet se passe un poignet devant son initiative des bourses du millénaire, et le gouvernement provincial se déshabille devant le projet de la Grande Bibliothèque.
Pour la première fois depuis longtemps, il y a eu surplus au budget fédéral. Et qu’en a-t-on fait? Les bourses du millénaire, une sorte d’héritage politique de Jean Chrétien!
Eille, le cave, les hôpitaux sont pleins, les livres des écoles datent d’il y a quinze ans, un enfant sur cinq vit sous le seuil de la pauvreté (malgré ce que Claude Picher en pense), les impôts m’étouffent, nous étouffent… Tu ne pourrais pas réfléchir un peu et investir tout ce que tu me prends dans des domaines urgents plutôt que de bâtir du nouveau sur des ruines?
J’envie ces Européens qui paient au maximum 30 % d’impôts. Peut-être ont-ils moins de service mais, à tout le moins, il n’y a pas de contradiction. Peu d’impôts, peu de services. Alors qu’ici, c’est: «Donne-nous tout ton cash, on s’en occupe!»
J’aimerais ça pouvoir dépenser mon argent comme il me plaît. Quand les systèmes de bien-être social, d’assurance-chômage, de santé et d’éducation seront efficaces et viables, ça me fera moins mal au cour de donner plus de 60 % de mon salaire aux gouvernements. Pour l’instant, quand je vois des politiciens magouilleurs et manipulateurs pécher comme le Diable lui-même n’oserait le faire, j’ai juste envie de dire: «See you in hell, bastards.»