Retour sur Les Minutes du patrimoine, pour parler cette fois-ci de fond plutôt que de forme.
Entre Jacques Cartier, Maurice Richard, John A. Macdonald et Winnie l’Ourson, Les Minutes du patrimoine honorent depuis peu la mémoire de Sir John Colborne.
Militaire de carrière, Colborne s’est illustré très jeune en Égypte et à Malte. Il a combattu pour la couronne britannique à Waterloo lors de la sanglante défaite de Napoléon en 1815.
Colborne est nommé lieutenant-gouverneur du Haut-Canada en 1828 puis, gouverneur général du pays, il va se couvrir de gloire lors de la révolte des patriotes.
Citant plusieurs historiens (Marcel Tessier, Jacques Lacoursière, etc.), Jean-Paul Perrault, fondateur d’Impératif français, un organisme voué à la préservation de la langue, porte à mon attention, par voie de courrier électronique, les faits suivants à propos de ce héros canadien.
Le 14 décembre 1837, à la tête de deux mille hommes bien armés, Colborne envahit Saint-Eustache. Il fait bombarder le village et incendie les maisons des alentours. Lorsque les habitants en sortent, ils sont immédiatement abattus ou faits prisonniers. Chénier ainsi que plusieurs patriotes se réfugient dans l’église. Colborne y met aussi le feu. Les patriotes sortent par les fenêtres, ils sont immédiatement abattus. Le docteur Chénier est tué. La victoire anglaise est complète. Soixante-dix patriotes sont tués, dix-huit sont faits prisonniers.
L’armée se répand dans la région. Les soldats pillent chaque maison, y volent tous les objets de valeur, les gens sont forcés de sortir, les soldats les forcent à se déshabiller, presque nus.
Ensuite, on met le feu à leur maison ainsi qu’aux bâtiments. On viole les femmes, massacre les animaux, afin de soumettre les gens du pays…
Les maisons, les granges, les forêts seront systématiquement détruites vers le Nord jusqu’à Sainte-Scholastique.
«Le soir de la victoire, les conquérants amènent le corps de Chénier dans une auberge. On l’étend sur le comptoir, un oldat lui ouvre la poitrine, on lui arrache le coeur qu’on promène au bout de la baïonnette, au milieu des militaires frénétiques.»
Le lendemain, 15 décembre 1837, Colborne prend le chemin de Saint-Benoît. Une délégation vient à sa rencontre, pour l’informer qu’il ne rencontrera aucune résistance. On le prie d’épargner les gens et les propriétés.
Arrivé à Saint-Benoît, Colborne rassemble les habitants, on les met en rang, on braque sur eux deux canons, en les menaçant de mort. Comme à Saint-Eustache, on vole les objets de valeur dans les maisons, on fait se déshabiller presque nus hommes, femmes et enfants, on met ensuite le feu aux maisons.
La milice entre dans l’église, s’empare des calices et des ciboires en or, urine et défèque dans l’église. On se revêt des ornements sacerdotaux, on décore les chevaux d’étoles et de manipules. Pour finir, on met le feu à l’église.
Bilan: profanation et incendie de deux églises, deux presbytères, un couvent, quatre moulins, cent onze maisons, cent vingt-quatre granges pleines et cinq cents familles pillées. Bref, l’ambiance idéale pour une Minute du patrimoine subventionnée.
Pogrom de francophones, éclairage naturel au flambeau, sexe et violence en prime. Quel manque de conscience! Quant au producteur, faut-il voir dans ce choix éditorial autre chose que le prolongement de sa singulière manie de considérer comme exceptionnel et exemplaire le destin des criminels – lui qui accueille par ailleurs sans gène les Soros et Kissinger sur son «plateau» – ou simplement une grosse faute de jugement de plus?
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Après avoir terminé sa mission au Québec, Colborne retourna en Angleterre, où il fut acclamé pour sa brillante carrière militaire. Nommé au Conseil privé, il reçut une pension de deux mille livres par année. Comme récompense ultime, on le nomma Lord.
Pour votre gouverne, parmi les nombreux lieux honorant la mémoire de ce boucher, citons la ville de Colborne en Ontario, une association de soins communautaies, une société d’opéra, une bibliothèque municipale et même… une équipe de baseball. Les Franco-Bashers peut-être?