Il s’appelle Ray Lewis, il a gagné le Super Bowl avec les Ravens de Baltimore et on l’a nommé joueur du match. Le boxeur Dave Hilton est champion du monde des Super moyens. Ils ne sont pas les premiers à faire face à la justice, et ils ne seront certainement pas les derniers; alors pourquoi gâcher le spectacle avec des questions oiseuses à propos de la morale sociale?
Dans leur livre Pros & Cons: The Criminals Who Play in the NFL, Jeff Benedict et Don Yaeger affirment que plus de 500 plaintes ont été déposées au criminel contre des joueurs de la Ligue Nationale de Football, plaintes suivies d’inculpations majeures dans un énorme pourcentage de cas pour viol, violence conjugale, voies de fait, meurtre, trafic de stups, etc.
Si l’on n’en parle pas toujours, c’est que les organisations sportives, n’appréciant pas vraiment les mi-temps juridiques, s’arrangent souvent pour faire accepter des arrangements nébuleux. Et tout le monde il est content, et tout le monde il est gentil.
Et le monsieur s’excuse.
Va pour le football, filière archidocumentée. Surtout depuis O.J., plus star maintenant qu’avant ses procès, tellement star qu’on se rue sur lui pour des autographes et qu’on va bientôt faire un film sur sa vie. Pourquoi ne pas tourner son film chez nous, au Canada, terre d’asile pour les repentants du monde entier?
La boxe aussi a ses gros noms au panthéon du crime. Avec Mike Tyson et plusieurs autres, dont le dernier de lignée, notre champion à nous, Davey. Et puis y a eu le hockey, le base-ball, le soccer. Plein d’exemples.
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Les crimes des sportifs frapperont toujours l’imagination parce qu’ils sont commis par des individus riches, connus, adulés et un peu niais. Ce qu’on oublie parfois, c’est que ces gens-là sont le plus souvent d’origine modeste, sous-scolarisés, gonflés aux "vitamines" et qu’ils ont l’hypothalamus comme un plat de pop-corn et la libido comme un volcan.
Les sportifs sont des machines construites pour mettre en scène le combat du bien contre le mal. Le bien, c’est nous; le mal, c’est ceux d’en face. Morale simpliste, mais efficace.
Prenez un jeune "bum", mettez-le sur une scène en "boostant" son ego. Vous êtes devenu un magnat du sport. Il ne vous reste plus qu’à alimenter votre animal avec un pourcentage dérisoire de vos recettes, tout en laissant la bête faire le reste avec la drogue, l’alcool, les beaux chars et les poupounes. Et si, par malheur, votre poulain s’égare, la copie sera bonne. Rien de plus dramatique qu’un accusé de meurtre qui gagne un match de finale, rien de plus payant, rien de plus stimulant pour la presse. Et la presse, qui l’achète? Vous et moi.
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Le plus grand problème du sport n’est pas le crime, ce sont les filles. Imaginez: déjà qu’elles sont génétiquement programmées pour nous emmerder quand on regarde le match, de plus elles tendent des pièges à nos vedettes! Un monsieur des médias que je ne nommerai pas, parce que vous allez l’écouter comme moi, prétend que les filles qui accusent Dave Hilton ont sûrement tout inventé et qu’on ne doit pas s’immiscer dans la vie privée du champion. Pour lui, ces filles, ce sont "des p’tites agaces". Quand on a de l’éducation, on n’accuse pas les champions. Leurs parents sont donc les premiers coupables…
C’est comme la femme d’O. J. Certains ont dit qu’elle "l’avait bien cherché". Touche pas à mon idole!
Les sportifs seraient-ils victimes du show, comme les gladiateurs du temps étaient victimes de Rome?
Parlant de Rome, il y a deux semaines, Paul Arcand demandait à Serge Ménard, ministre de la Sécurité publique, s’il n’était pas un peu mal à l’aise du fait qu’un sous-ministre à la Justice ait été procureur d’un groupe criminel. "Au contraire, répondit Ménard, car les groupes criminels choisissent toujours les meilleurs et les plus intègres des avocats pour les représenter."
En substance, il n’y a pas de mal à ce qu’un sous-ministre à la Justice ait été payé avec l’argent du crime.
Avec une morale comme ça, on peut bien être cléments pour les sportifs…