Grandes gueules

Gerry, Yuri et Ahmed

Petite métaphore sur les liens qui unissent les États-Unis, la Russie et l’Afghanistan.

Gerry est propriétaire du plus gros garage en ville. Gerry vend des chars.

Gerry a un compétiteur qui vend des autos usagées dans l’Est de la ville. Le gars s’appelle Yuri. Le garage de Yuri est situé dans un secteur ethnique. Gerry est dans le coin des autochtones. Gerry a de beaux planchers, un beau showroom, des beignes puis du café pour les clients. Gerry reprend les voitures usagées de ses clients lorsqu’il vend des voitures neuves.

Pour faire chier Yuri, Gerry décide d’aider un gars du quartier de Yuri à se lancer en affaires dans la vente d’autos usagées: Ahmed. Il refile les vieux chars remis par ses clients à Ahmed pour qu’il les vende et fasse crever Yuri. Une guerre sans

merci est déclenchée et Gerry en tire profit. Devant les difficultés rencontrées, le gérant de Yuri décide de faire une OPA sur le garage, avec l’aide des employés. Yuri crisse son camp. Ahmed en profite. Gerry s’en frotte les mains.

L’ancien garage de Yuri va de plus en plus mal, est sur le bord de la faillite, et la gang du garage de Yuri décide d’arrêter de se battre contre Ahmed. Yuri pousse un cri de joie. Voyant cela, Gerry arrête de vendre ses chars à rabais à Ahmed, vu que Yuri est disparu.

Chez Ahmed, c’est la révolution. Tout le monde est en tabarnak. Ahmed dit que tous leurs problèmes ont été causés par Gerry, le grand démon du commerce. Il prend un gars de sa bande qu’il tient par les gosses (un gros joueur toxicomane qui lui doit sa chemise), et lui dit qu’il va devenir un héros en vengeant sa gang. Ahmed s’informe sur les heures d’ouverture du garage de Gerry, puis met dans un des chars de Gerry son employé toxicomane en lui disant: "Vas-y, mon gars, t’es un héros…"

Le gars part en peur dans le char de Gerry puis défonce le showroom, tue trois vendeurs, la réceptionniste et le directeur du service…

Gerry crie vengeance, appelle les flics, l’antigang et les crimes contre la personne… Il est en guerre et on va traquer Ahmed jusqu’à ce qu’on lui fasse payer ses crimes…

La morale de cette histoire:

* Quand on vend des armes à tous les gogos de la terre par intérêt, quand nos services secrets traitent avec tous les pourris du globe pour soutenir la première industrie du pays – l’armement – de laquelle dépendent tous les titres technos, pétrolifères et les trois quarts de l’industrie de service;

* Quand on a pour clients toutes les factions de tous les bords, d’Afrique, d’Asie et d’Océanie, d’Amérique du Sud, les milices, name it

* Quand ces mêmes services secrets ont participé successivement à l’assassinat d’un président des USA, d’un futur président des USA et d’un leader des droits civiques, d’un président d’un pays social-démocrate d’Amérique du Sud…

* Quand ces services secrets ont été impliqués dans des activités de blanchiment de narcodollars et qu’ils en ont mis au monde les activités dans l’Asie du Sud-Est…

* Quand on a armé toutes les factions d’extrême droite d’Amérique…

* Quand on entretient des liens clairs avec les mafias, qu’on soutient un escroc comme Jim Hoffa pendant des années et que même le père du président assassiné traite avec les gens qui assassineront son fils…

Alors, dans des circonstances comme celles-là, on ne doit jamais, au grand jamais, économiser sur le service à la clientèle…