Garder le silence, c'est se déclarer complice
Grandes gueules

Garder le silence, c’est se déclarer complice

Certaines dispositions de la loi rendent coupable quiconque ne vient pas en aide à une personne en danger. C’est pourquoi nous avons décidé de prendre la parole, de dénoncer les tractations qui menacent la sécurité de 1000 ressortissants algériens vivant au Québec.

Ces 1000 personnes, dont plus d’une trentaine ont déjà été déportées vers l’Algérie, ne sont plus protégées par un moratoire qui, il y a quelques mois encore, empêchait les renvois forcés vers ce pays. Sommés de quitter le territoire, Yakout Seddiki et Mourad Bourouisa, ainsi qu’Amhed leur fils de deux ans, ont décidé de défier le gouvernement fédéral et se terrent, depuis, dans une église de Saint-Henri. Nous avons vu la peur dans leurs yeux et ne pouvons rester muets devant cette situation inacceptable.

Garder le silence, c’est se déclarer complice. C’est mettre en danger la sécurité de près de 1000 personnes devenues nos voisins, parfois nos amis. Impossible d’invoquer que ces événements se passent "trop loin" de nous pour justifier notre supposée impuissance. C’est ici, c’est au coin de la rue que ces gens vivent présentement dans la peur. Nous avons le devoir de déclarer haut et fort notre opposition à tout renvoi forcé vers un pays où la terreur règne, où 200 personnes sont assassinées tous les mois. Est-ce que les Québécois vont se montrer complices de ces odieux renvois?

À cet égard, comment accepter le silence quasi complet du gouvernement québécois dans ce dossier? Alors que ce même gouvernement se déplace partout dans le monde afin d’attirer chez nous des immigrants francophones, va-t-il laisser près de 1000 Algériens bien établis se faire déporter sans poser le moindre geste? Ce gouvernement québécois a aussi le devoir de garantir la sécurité des gens vivant sur son territoire. Dire "c’est la faute du fédéral" et rester les bras croisés, c’est permettre aux agents d’Immigration Canada d’intervenir en nos murs pour perpétrer leurs sinistres tâches.

En terminant, il serait peut-être temps que l’on cesse d’étiqueter ces pauvres gens comme étant des "Algériens". Ils vivent paisiblement ici, à nos côtés, et ce, depuis des années (il y a sept ans que Mourad Bourouisa demeure à Montréal!). Ils ont des emplois, des enfants, et sont bien enracinés chez nous. Leurs enfants, nés ici, ont même la citoyenneté canadienne.

Et si on commençait enfin à les nommer "Québécois"… Ça changerait peut-être un peu les perspectives. On arrêterait de définir ces gens comme "autres" en les déclarant "nôtres" une bonne fois pour toutes.