Grandes gueules

L’Halloween en mars!

En caucus chez ses girouettes de l’ADQ, le néo-Stéphane-Dion l’a ouverte de travers. Ce Guy Laforest s’est mis le pied dans la bouche, les deux "popattes" dans le plat. C’est "À soir on fait peur au monde", décide le Lavallois.

Le "brain à spin" mariollesque ouvre un vieux placard, en sort un vieux fantôme: Duplessis. "Bouh! Beuh"! Phylactère infantilisant? Le Mario, point interloqué, emboîte aussitôt ce pas funeste, écho idiot: "Mesdames et messieurs, hystérise-t-il, Landry, c’est Maurice Duplessis revenu!"

Personne n’a fui. Maurice qui? Plein de jeunesses (même des baby-boomers) ignorent assez ce bonhomme sept heures. Chou blanc en vue!

"Bernard Landry et le Cheuf", même combat, glose donc ti-Guy intello. Matière très grise! Cervelle d’oizo! Agitez les vieux draps, découpez des citrouilles: c’est octobre en mars! Le "penseur à Mario", aspirant député, n’a donc étudié qu’en bouquins le duplessisme et sa Grande Noirceur? Il n’en a pas gardé les images d’épouvante, il a lu de travers.

Si, comme moi, il avait mieux vu – "sur le terrain" – les hordes de "patroneux abjects" à l’ouvrage et la totale terreur conservatrice de ce temps-là, il se serait "farmé" la margoulette, je vous le jure.

Plus ancien, le jeune Laforest aurait compris "l’Himalaya" de différences entre l’ouvrage des péquistes et la sordide besogne des unionistes de ce temps maudit.

Les gens de ma génération, eux – gauchistes ou non -, ont vraiment connu "ce temps déraisonnable" (Léo Ferré).

Le "cheuf bleu" détenait un frein gigantesque et tuait dans l’oeuf tout ce qui osait organiser le moindre changement. Duplessis, potentat, assassinait toute opinion libre. Même ses sbires stipendiés se taisaient. Le monarque trifluvien veillait jour et nuit. C’était un sordide patriarche omnipotent.

Le Québec était – "très" – complètement, minutieusement quadrillé. Pas une ville, pas une campagne, aucun petit village n’échappait à sa tyrannie; "sa" démocratie était son empire personnel. Duplessis avait ses "poteaux" infiltrés jusqu’au dernier marguillier de la dernière paroisse du dernier rang d’un comté éloigné. De la Gaspésie à l’Abitibi.

Soutenu, encouragé même, par la hiérarchie catholique ultraconservatrice, il dénonçait le plus modeste syndicaliste comme suppôt de Moscou. Intelligent calculateur machiavélique, Duplessis était fort capable de – momentanément – s’allier, pour contrer n’importe quel aspirant leader, aux pires crapules et même à la maffia de Montréal.

De ses appartements au Château Frontenac, avec visiteurs triés, ce magouilleur émérite despote a verrouillé durant presque deux décennies toutes les issues du moindre progrès. Pendus à ses basques, un zélé ramasseur de fonds – Martineau – et un chef de flicaille (la P.P.) obéissant – Beauregard, l’efficace matraqueur de grévistes.

"Trio de verrats" qui tuaient tout ce qui bougeait. D’un bord: les heureux profiteurs satisfaits, financiers "anglos" et US, plus quelques rares "francos" enrichis, complaisants moutons du "cheuf". De l’autre bord: les soutanes rouges – bagues, mitres dorées et crosses serties – contentes de la stagnation totale, du règne des dévotionnettes et piéticailleries. "Ils mangent dans ma main."

Et voguait le pays québécois sauce "république de bananes". Comparer à cette peste conservatrice le P.Q.? On a le choix: ou le penseur "lavallois" de l’ADQ est un flagrant ignorant ou bien il est un nocif canon lousse.

Tyran "soft" mais dictateur dans son parti – parti aujourd’hui disparu -, Duplessis reste donc "un modèle" incomparable, pas même aux pires freineurs connus: le duo hilarant Côté-Mercier (Bérets blancs), le bouffon Caouette ou le clown Camil Samson, voire le cow-boy Johnson ou le mollasson Bourassa, "initiateur" du jeune Dumont.

Duplessis a été, Dieu merci, "unique". L’agiter en épouvantail en 2003, le comparer aux chefs actuels est d’une malhonnêteté intellectuelle crasse, indigne d’un intello de droite (position idéologique qui est son droit, certes). Que les droitistes dumontiers – démontés par leur baisse soudaine de popularité – osent ce grossier amalgame (Landry-Marois = Duplessis), cela prouve, hors de tout doute, que l’ADQ sombre dans la démagogie infecte.

J’ai vu…

Étudiant, j’ai vu à l’ouvrage "la peur organisée". Quelques profs – de mon école comme de mon collège – dissidents, apeurés et muets, tremblaient dans leur pantalon. Jusqu’à se cacher pour lire la feuille "nationalisse" Le Devoir!

Citadins et paysans votaient tous pour ce despote "nationaleux" qui, par seul ignoble exemple, s’associait avec un cardinal (bien Léger) et des médecins crapuleux, fourrant en asiles d’aliénés des orphelins. Pour raison d’octrois d’Ottawa. Ce seul mais énorme "crime grave" montre bien la distance entre un Maurice Duplessis et un Bernard Landry.

Racolage immonde que de rapprocher Bernard et Maurice à la veille des élections. Cela fait voir une panique électorale qui relève d’une démagogie, tiens, très duplessiste! Ceux qui – comme "le vieux" que je suis – savent qui était ce "cheuf de la Grande Noirceur" n’en reviennent pas.

Hélas pour les Laforest-Dumont, ce tir est vain car plein de jeunesses disent: "Maurice qui?"