Grandes gueules

Le déclin de l’empire islamiste souterrain

Comme celle de Kaboul, la bataille de Bagdad n’aura pas eu lieu. Une fois de plus le chef recherché est mort dans les décombres, disparu ou exilé quelque part d’où on ne l’entendra pas de sitôt.

Les journalistes sont restés sur leur faim.

Les spécialistes sont revenus sur les chaînes publiques ressasser des faits qu’ils découvrent au même moment que les auditeurs, alors que pilleurs, diplomates et hommes d’affaires s’affairent à partager le butin. Et comme à chaque guerre, seul les morts, les mutilés et leur parents auront vraiment perdu autre chose que des illusions.

En 1991 je croisais mes doigts pour que les Américains, d’une bombe, balayent l’Irak de la carte du globe.

J’étais jeune et l’image d’officiers irakiens venus épauler le régime chauvin de mon pays m’enrageait. Aujourd’hui, ces femmes irakiennes atterrées devant les G.I me rappellent le visage de ma mère, douze ans plus tôt, quand d’autres bassistes fouillaient nos cabanes en banco. La scène ne se passait ni au Kurdistan, ni au Moyen-Orient, mais quelque part en Afrique de l’Ouest. C’est dire combien le peu regretté Saddam avait la main longue. Paradoxalement la fin de ce psychopathe ne me procure aucune joie particulière. Pour moi, il est mort depuis longtemps. Je l’ai tué dans mon entendement à l’âge de quinze ans.

Tout comme ces Américains aux méthodes répugnantes, j’espère simplement que la fin de son régime annonce celle de tous les régimes bassistes et intégristes. Pas besoin de trouver une cuillère à soupe remplie de bacille de Coch ou encore des photos de Saddam embrassant Ben Laden pour deviner les liens organiques entre ces athées et ces religieux.

L’équation est simple: un bassiste ou un nassérien aplati produit un islamiste. En géométrie marxiste, pour ceux qui ne suivent pas, cela donne: à défaut de pouvoir arabiser le monde, on l’islamise… pour l’arabiser. Le fantasme de ces groupes est unique: transformer le monde en un immense village bédouin peuplé de gens chantant la gloire de la renaissance arabo-musulmane dont ils seraient les apôtres.

Le surhomme barbu et enturbanné au profil flou que prêchent ces radicaux a de quoi inquiéter plus que le grand marchand de pétrole avec sa chapelle que ne le prédisent Bush et sa clique, même si l’instant est à la critique de l’Amérique.

Un jour arrivera peut-être où les intellectuels musulmans ouvriront le bal de l’autocritique profonde. Ce jour là, on pourra se délecter en crevant les abcès que représentent ces régimes obscurantistes sur le visage de l’humanité. Car ces promoteurs de terreur tapis dans l’ombre font autant de victimes innocentes que les dommages collatéraux de Bush et sa guerre coloniale.

Le spectacle de ces femmes et enfants soudanais régulièrement capturés par des milices musulmanes et vendus comme esclaves, de ces enfants africains, acheminés par bateau vers le Golfe, toujours à des fins d’esclavage, de ces innocents tués en Sierra Leone, en Guinée, en Côte d’Ivoire, dans des guerres financées par la Libye via le Burkina, l’implication d’organisations saoudienne et yéménite dans la guerre en Somalie, les attentats du 11 septembre, les violences dans le Caucase… Tous sont là pour nous rappeler, si besoin en était, le danger que représente cet impérialisme sous-terrain que l’impérialisme américain ne saurait justifier.

Cet impérialisme, j’allais dire ce terrorisme, n’a rien de l’héroïsme d’enfants palestiniens révoltés contre les injustices du monde, ni même le courage des manifestants contre la guerre. Il est financé par des hommes d’affaires d’origine désertique, qui puent le fric et le pétrole autant que nos amis texans.

Les Assad, Laden, Hussein, Khaddafi, Omar et autres Faycal sont les visages les plus hideux que le monde arabo-musulman ait pu donner de lui-même, et je souhaite leur fin imminente et l’avènement d’un gouvernement démocratique.

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Originaire de Mauritanie, Abdoul Charaf a immigré à Montréal il y a 3 ans.

En 1989, le pouvoir dans son pays est dominé par un groupe bassiste formé en Irak, qui tente de refaire du pays une entité arabe en y excluant les Africains. S’en suit une purification ethnique épaulée par du personnel militaire irakien.