Grandes gueules

Last call! On ferme!

Cher Monsieur Charest,

merci! Merci de montrer à tous les Québécois à quel point il fera bon vivre dans une belle petite province bilingue noyée dans le grand ensemble multiculturel canadien. Ô joie! Ô bonheur de pouvoir enfin reprendre notre petite place soumise de gérant de succursale.

Vivement une Ville de Montréal et une West-Island Town séparées où chacun pourra enfin vivre pleinement son petit bonheur individuel et sectaire sans déranger son voisin.

Bravo pour les coupures en éducation, il était temps qu’on remette tous ces gens-là à leur place. En passant, comme vous semblez vouloir prendre l’Ontario pour modèle dans plusieurs domaines, vous serait-il possible d’abolir les subventions de 80 % accordées aux écoles privées comme c’est le cas dans cette province?

Pour ce qui est de la santé, votre grande priorité, je vous laisse encore quelques semaines sinon quelques mois pour tout remettre en ordre même si, en principe et tel que promis au bon peuple, certaines salles d’opération devaient être rouvertes au lendemain de votre élection et que les listes d’attente devaient rapidement devenir choses du passé.

Merci aussi de nous donner bientôt l’opportunité d’assouvir notre vengeance lorsque l’un de nos proches est victime d’un chauffard criminel et de nous permettre de traîner tout cela, à grands frais, devant les tribunaux durant de longues années. J’ai un copain avocat qui songe déjà à agrandir son bureau. Au fait, est-ce qu’on ne pourrait pas aussi penser à faire payer des frais aux détenus plutôt que de les laisser vivre aux crochets de la province? Je suis sûr que cela aurait un effet dissuasif certain et que cela rendrait les prochaines prisons privatisées extrêmement rentables. Et pourquoi la province ne pourrait-elle pas poursuivre un criminel au civil lorsque celui-ci a été blessé par balle et soigné à nos frais? Non, mais, tant qu’à y être.

Vous êtes tellement bien parti!

Pour ce qui est des régions, un peu de courage politique, que diable! Plutôt que de leur couper les vivres et de les laisser agoniser, pourquoi ne pas mettre en pratique le point de vue exprimé par cet ex-banquier qui osait affirmer bien haut ce que tous ses congénères pensent tout bas: si c’est pas rentable, on ferme tout ça!

En terminant, merci surtout de nous réveiller et de probablement devenir le plus grand mobilisateur de foules des prochaines années. Je sens que ça va être très chouette au Québec de revivre bientôt les grandes manifs des années 60 et 70. Vous avez vous-même ce petit côté rétro tout à fait charmant.

Vive les progressistes-conservateurs-néo-libéraux de la belle province de Québec.