Récemment, quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que le tiers des élèves de la CSDM vivent sous le seuil de la pauvreté, soit environ 28 000 élèves. J’y apprenais également qu’après sept ans, moins de 60 % des élèves ont leur diplôme en poche. J’ai été estomaqué par ces statistiques. Pendant ce temps, le monde continue de tourner normalement, en toute quiétude. Nos gouvernements tiennent les mêmes sempiternels discours sur la rareté des fonds publics, sur le charcutage camouflé de l’appareil étatique comme solution à tous les maux, sur la mondialisation qui amènera démocratie, paix et richesse pour tous, partout. Les multinationales, quant à elles, nous parlent de profits et de croissance infinie, de rationalisation, du besoin de subventions pour affronter une compétition mondiale féroce, et j’en passe.
Par contre, on ne nous parle pas souvent du taux de suicide effarant au Québec, d’analphabétisme, de la détérioration alarmante de l’environnement, de l’avenir bloqué pour les jeunes. On nous dit plutôt que nous n’avons plus les moyens, comme société, de combattre la pauvreté et ses multiples répercussions négatives et d’augmenter la qualité des systèmes d’éducation et de santé. C’est bien curieux, tout cela. Où est donc passé notre argent? Qui a donc profité de l’exceptionnelle croissance économique des dernières années? Ça non plus, on n’en parle pas souvent. Les échappatoires et autres paradis fiscaux, les crédits et subventions aux compagnies multimilliardaires, les gains en capital imposés à seulement 50 % de leur valeur, les droits de coupe octroyés gratuitement aux compagnies forestières à même le patrimoine public, les privatisations douteuses (par exemple Air Canada, Petro-Canada, Aéroports de Montréal), tout cela pourrait-il avoir un lien avec la précarité des finances publiques? Se pourrait-il qu’en fouillant un tantinet ces questions, on puisse mieux comprendre ce qu’il est advenu de notre argent?