Les couteaux volaient bas la semaine dernière entre le ministre Jean Lapierre et Gilles Duceppe. Dérapage du côté de M. Lapierre qui a dit déplorer "le petit côté naziste (sic!)" des propos du chef du Bloc, en réponse à sa volonté affirmée de rayer les libéraux de la carte au Québec. Voici quelques réactions de nos lecteurs sur les dangers des amalgames déplacés.
LE CONTRAIRE DU NAZISME
Ceci est en réaction aux propos émanant de notre ministre des Transports Jean Lapierre faisant un lien entre les ambitions électorales de Gilles Duceppe et le nazisme.
J’aimerais préciser d’emblée que je n’ai jamais écrit à un journal, mais que cette fois, c’est mon devoir de le faire – mon grand-père ayant combattu le régime d’Hitler et ma grand-mère ayant passé des années à fuir les atrocités de l’armée allemande.
Comment un homme politique de la stature de M. Lapierre peut-il se permettre une telle remarque? Ne savions-nous pas tous, médias et citoyens, que cette campagne s’annonçait rude? Est-ce que les propos tenus par M. Duceppe sont à ce point diffamatoires pour qu’on ose les comparer aux douleurs d’une guerre qui a laissé des séquelles à l’échelle de la planète et du temps?
M. Lapierre s’est piégé lui-même quelques jours à peine après le début de la campagne. Sa sortie démontre peu de maturité à l’égard de l’histoire, même canadienne, ainsi que son incapacité à faire la distinction entre un discours partisan et une attaque personnelle. M. Lapierre, mon grand-père, Henri Said, 85 ans, bien qu’en bonne santé, traîne avec lui 27 éclats d’obus dans le corps et ce ne sont pas les conseils d’un chef de parti (qui suggère de ne pas voter pour son adversaire) qui en sont la cause, mais bien le résultat d’une idéologie (nazie) qui voulait à tout prix éradiquer la démocratie.
Par respect pour les combattants ayant fait partie de la Résistance, ayez au moins la classe de ne pas déterrer les horreurs dont ils ont été témoins. Grâce à eux, nous pouvons encore voter, en notre âme et conscience, pour la couleur de notre choix, et ce, peu importent les mots utilisés par le chef d’un parti; ce qui est tout à fait le contraire du nazisme.
David Said
Montréal
SI UN MOT EST LA VIE, L’IGNORANCE TUE
Au-delà de toute partisanerie, il y a des mots qu’il faut se tenir d’utiliser lorsqu’on n’en connaît pas la représentation. Si monsieur Lapierre ignore ce que sont le nazisme et les camps d’extermination pendant la Deuxième Guerre mondiale, je l’invite à communiquer avec le Congrès juif canadien pour que ses membres lui montrent ce que leurs amis et leurs familles ont subi. En traitant monsieur Duceppe de nazi, c’est tous les souverainistes que vous attaquez. Devons-nous comprendre que vous présumez que nous ferons cuire les fédéralistes, que nous conserverons leur gras pour en faire du savon et que nous utiliserons leur peau pour en faire des abat-jour? C’est la pointe de l’iceberg.
De quelle manière pensez-vous qu’un(e) candidat(e) français(e) ou hollandais(e) réagirait à de tels mots? J’espère que votre chef et vous n’êtes pas le reflet des libéraux de votre pays, car en ce qui concerne la dignité, c’est assez clairsemé. Vous demandez à monsieur Duceppe de s’excuser, et il le fait avec dignité; alors que vous, vous ne daignez même pas faire amende honorable pour des accusations de crimes que vous supposez que le chef du Bloc québécois va commettre, que nous, tous les souverainistes, allons commettre. Et quand je regarde votre chef libéral, qui s’indigne pitoyablement et qui se plaît à en remettre. Ouf!
Si le Parti libéral et vous – attention, je ne parle pas des membres du parti – étiez le quart de ce que vous prétendez être, peut-être que la politique canadienne retrouverait une certaine noblesse. En espérant ce jour, je souhaite que la campagne électorale se déroule de façon musclée, mais avec un langage digne de représentants respectueux de leur population et des mœurs démocratiques à inculquer à la jeunesse.
Paul Guillot
Québec