Voici le catalogue IKEA 2007, dans son écrin de plastique somptueux.
Depuis la semaine dernière, tout le monde syntonise la fréquence scandinave. On devine, dans l'intimité de chaque foyer, le bruissement du papier glacé. Les classes sociales, raciales et politiques s'effacent: tout le monde lit le catalogue IKEA, y compris le vieil Italien qui se berce sur le balcon d'en face, l'air perplexe devant ces sofas en forme de méduse.
Tandis que ma blonde se verrouille à double tour dans la salle d'eau avec notre copie, je me rappelle une nouvelle entendue à la radio plus tôt cet été: le catalogue IKEA serait plus répandu que la Bible.
D'où vient donc cette étonnante information?
Le temps d'une petite recherche sur Google, je retrace le verset litigieux sur le site d'IKEA. Laissez-moi vous traduire ça: "On trouvait 110 millions de catalogues en circulation l'an dernier, trois fois plus (sic) que la Bible avec ses 13 millions de copies en Grande-Bretagne."
C'est Gutenberg qui doit faire des vrilles dans sa tombe!
Cette histoire rappelle la scandaleuse entrevue où John Lennon avait affirmé que les Beatles étaient désormais plus populaires que le petit Jésus. Rappelez-vous le tollé, les séances de brûlage de 33 tours, les excuses que John avait dû présenter afin de ne pas compromettre la tournée américaine.
Mesurez un peu le chemin que nous avons parcouru: de nos jours, une grosse chaîne d'ameublement peut se livrer à des comparaisons similaires sans provoquer le moindre esclandre.
John Lennon annonçait la perte de vitesse du christianisme. IKEA enfonce le clou.
ooo
Cela dit, peut-on vraiment comparer un catalogue d'ameublement avec un recueil de contes traditionnels hébraïques?
Oui, on peut.
Non seulement le catalogue est-il un genre littéraire comme un autre, mais il remplit de surcroît les mêmes fonctions que la Bible: raconter des histoires, fournir une image ordonnée du monde.
Il s'agit évidemment d'une image primitive, anticopernicienne, où le cosmos pivote autour du Consommateur. Le catalogue se conjugue à la deuxième personne du pluriel: vous êtes en scène dans cet Éden immobilier, parmi ces sofas en cuir de banane, ces comptoirs simili-hareng et ces boîtes à radis. Vous habitez cet appartement. Ce pouf à motifs est le vôtre. (Vous avez de drôles de goûts.)
Un catalogue dont vous êtes le héros, ni plus ni moins.
L'ouvrage est aussi énumératif que la Bible. Retirez les photos du catalogue, il reste une kyrielle de caractéristiques, de tailles, de couleurs et de noms de produits en suédois. Tout cela ressemble dangereusement aux listes généalogiques du Deutéronome – sauf qu'ici, ce n'est pas la famille que l'on dissèque. Dans la galaxie IKEA, l'individu se résume à la dimension domestique. Le répertoire des accessoires de cuisine tient lieu de généalogie – et tant pis pour les aïeux.
D'ailleurs, contrairement à la Bible, le prestigieux organe publicitaire évacue totalement les vieux. Dehors les Mathusalem, Salomon, Moïse et autres patriarches polycentenaires: les décors ikéens sont le plus souvent peuplés d'enfants âgés de 2 à 10 ans. La revanche de Peter Pan sur la Bible.
Bon, trêve de plaisanteries, je termine sur une édifiante parenthèse archéologique. Saviez-vous que c'est dans la Genèse, chapitre 6, verset 14, que l'on mentionne pour la toute première fois un meuble à monter soi-même? Mais oui.
Yahvé qui dicte les plans et dimensions de l'Arche, ça ne vous rappelle rien?
Je l'imagine bien, le vieux Noé, aux prises avec le guide de montage, la damnée clé hexagonale coincée entre les dents, pendant que sa femme attend les premières gouttes de pluie avec inquiétude. Ça me rassure sur notre avenir, tiens.
IKEA c’est le concept de marketing le plus révolutionnaire des 30 dernières années. Pensez-y, des meubles que l’on monte soi-même, économiques, colorés et originales. Quoi demander de plus. Ça nous change vraiment des meubles austères de Brault & Martineau, Brick et compagnie.
Le concept, déjà repris par d’autres (Structube, Dix Versions, Fly) a traversé les décennies et les modes sans problèmes. On a même déjà organisé une soirée d’assemblage de meubles IKEA avec des amis. c’était génial.
Le catalogue devrait d’ailleurs être distribué avec le magazine »Coup de pouce », qui se charge d’en faire la promotion dans certaines de ses sections (décoration & nouveautés). Quand feuillette le catalogue, on se met à rêver d’un intérieur IKEA. Même que pour certains, ça nous rappelle nos années de jeunesses étudiante.
J’adore ce texte! Ça m’a fait rire parce qu’évidemment, comme tout le monde, j’ai vu l’annonce d’IKÉA. Je me sens toutefois très à part parce que j’ai eu ma passe IKÉA, ma désolation d’être aux prises avec les manuels de montage, les vis et les tarauds. Beurk!
Plus jamais.
Mais IKÉA est inventiuf, créatif, il faut l’admettre et les Suédois nous semblent de bien drôles de bonhommes. marie-Claire qui raconte que quand un Suédois est fâché, il lance des oeufs partout dans la cuisine parce qu’au prix où on les vend, il peut en acheter une autre facilement….Drôle de Suédois et drôle de cuisine.
Ma belle-fille revient de Suède où elle a travaillé deux ans. Elle a littéralement adoré et elle, elle ne jure que par IKÉA. Elle a 25 ans. Elle doit être bonne avec les boulons…
C’est drôle, je ne vois jamais les choses sous le même angle que vous ! Vous nous prêtez vos lunettes à angles biscornues pour traiter l’Arche de premier module IKEA à monter. D’ailleurs, Noé a dû drôlement bien suivre le plan de Yahvé pour que perdurerait les vestiges de ce gigantesque meuble flottant au mont Ararat, en Turquie.
Quant à moi, je réalise ma marginalité païenne, car je ne lis aucune Bible, même pas la IKEA. Pour deux excellentes raisons, elles n’offrent pas leur cartonnage pimpant ici à Eastman. Les gens en région n’aimeraient pas les poufs, cubes à radis, d’après les impondérables pontifes de la mise en marché du meuble scandinave.
Ne pas feuilleter le catalogue IKEA me procure un sentiment de marginalité. Cependant, n’avoir jamais mis les pieds dans ce vaste complexe rempli de formes géométriques colorées, m’attire le qualificatif d’extra-terrestre ce qui, avouons-le, fait plus « reject » (je sais pas pourquoi ce mot sonne comme déchet …). Ce n’est pas faute de ne pas le vouloir. Je suis comme tout le monde ; j’aime garnir ma maison de tant et tant d’objets qu’il faille, par la suite, des objets qui, eux, servent à camoufler que j’en ais autant. Ou trop, selon une simplicité volontaire ou involontaire.
En tous les cas, toute extra-terrestre que je suis, je vous envie, vous les citadins qui pouvez vous repaître des nouvelles tendances mobilières à condensation réduite de lit imbriqué dans le mur, de table rangée sous le lit et de chaise qui tienne au plafond … Pardon ? La chaise au plafond n’existe pas encore ? Ayez pitié de moi, dans mon état d’athée profonde, et au nom du Père du meuble, expédiez-moi ma Bible ! Amène !
Alors, qu’a finalement choisi votre chère blonde pour vous faire une belle surprise? Une chaise pivotante pour vos longues heures passées devant l’ordinateur? Le choix a dû être déchirant, tout de même! Pensez donc: entre le nouveau modèle KARSTEN (avec revêtement polyester KUNGSVIK), ou le modèle SKRUVSTA (en cuir d’imitation IDHULT), ou encore le modèle KLÄPPE (revêtement cuir), elle n’aura pas eu la décision aisée. Surtout qu’il y avait aussi les modèles VERKSAM et JOAKIM qui lui auront sûrement fait de l’oeil également, pour ne mentionner que ceux-là…
Confortablement assis, au moins? Tant mieux. En ce qui nous concerne, croiriez-vous que nous n’avons toujours pas reçu notre exemplaire de l’édition 2007 du catalogue? Mais rassurez-vous malgré tout car ma femme, grâce à la complicité de sa mère qui habite un gros immeuble avec des piles et des piles laissées dans le vestibule d’entrée, eh bien ma femme a le sien depuis quelques jours déjà! Je ne sais trop entre quoi et quoi elle hésite en ce moment – mais j’espère seulement que ça n’implique pas la clé hexagonale.
Par ailleurs, comme ma femme est justement sortie avec sa mère magasiner ici et là, ayant imprudemment laissé son catalogue sur une table (BÖLSÖ ou peut-être STRIND, j’ai oublié), j’en ai profité pour feuilleter la chose. Du papier glacé! On aurait pu faire un petit effort pour glisser au moins quelques pages en papier bible dans ce numéro, non? Après tout, cela aurait été dans le sens de leur prétention, il me semble. Peut-être l’an prochain. Mais je dois vous laisser en vitesse et remettre le catalogue où il était… J’entends ma femme et ma chère belle-mère qui reviennent!
Certains Catholiques, lorsque je leur parle de mon agnosticisme, me disent que je devrais lire la Bible pour la simple et bonne raison que c’est le livre le plus vendu au monde.
D’habitude, j’essaie de leur expliquer en quoi cet argument ad populum constitue une erreur de raisonnement logique par ailleurs dénoncée dans le cours de philophie 101.
Mais grace à vous, monsieur Dickner, je vais maintenant pouvoir leur rétorquer que je préfère désormais me vouer au culte Ikeaien et tourner à la rigolade ces conversations qui ont l’heur de me faire sortir de mes gonds.
Un gros merci !
Aux moments où vous écriviez ces lignes, je me livrais à la lecture du dernier ouvrage de John Saul, Mort de la globalisation. Ce qui me frappe à la lecture de cet ouvrage c’est la suffisance des apôtres de la globalisation quand ils affirment que la seule lorgnette à partir de laquelle nous pouvons concevoir le monde, soit celle de la globalisation. Ce concept idéologique se présente comme étant inéluctable, il prétend, qu’à terme, une saine justice économique en découlera. IKÉA, par sa suffisance, donne dans la même veine. Cette chaîne représente la quintessence de la globalisation : l’exploitation des opprimés au profit des nantis. Qui se soucie du petit Indien payé des grenailles pour tresser des tapis, où des enfants exploités pour quelques sous ?
Qu’elle est belle la globalisation !
Passivement, nous y participons. Qui ne s’adonne pas à la lecture de ce catalogue ? Dans tous les cas, il est certes plus lu que la bible. N’est-ce pas qu’il y a fort longtemps que Jésus a chassé les marchands du temple. De nos jours, les marchands prétendent même que le marché est le temple !
Si Dieu est mort avec Nietchze, si Lennon y allait d’une incroyable observation, voilà qui n’était rien en comparaison avec ce que nous ont servis les apôtres de la globalisation : la société ne doit pas entraver le marché, elle doit se soumettre à lui.
Alors, où sont désormais nos repères ? Comme bien de mes contemporains, je ne le sais trop. Cependant, je sais qu’ils ne se trouvent certainement pas dans le marché autorégulé dont on nous prédisait les bienfaits que nous attendons encore d’ailleurs.
Or, ce qui scandalise dans cette affaire n’a rien en commun avec les réactions provoquées par la déclaration de Lennon, car il relève d’une autre dynamique, celle d’un monde où plus rien n’est sacré. Dieu est mort, la solidarité qui animait la société se meurt, que cela ne tienne IKÉA est là !
Triste constat, non ?
Votre article est succulent, comme les boulettes à la suédoise!!!!
Enfin quelqu`un m`a enlevé les mots de la bouche et les a mis sur papier(enfin, sur internet….).
Je ne fais pas partie des élues:je déteste Ikéa, le catalogue comme le magasin lui-même.
Trop grand, trop gros, trop de numéros, trop de vis, trop de jeunes familles qui perdent leurs enfants durant leur séance de zieutage de fin de semaine.
Je vais vous confier un petit secret, lorsque notre catalogue arrive dans la boîte aux lettres, j`essaie subtilement de le mettre illico dans le bac récupération.
Parce que chez nous, je suis la seule à ne pas vouloir perdre de temps dans la lecture de ce catalogue.
J`ai succombé à leur marchandise l`an dernier :deux armoires à 249$ et une chaise Poang pur cuir et grand confort à 289$ et bien malgré moi je dois avouer que ce sont de très bons achats sauf qu`il nous reste encore quelques vis, des boulons et une grande languette que nous n`avons pas réussi à intégrer dans les meubles……Vaut mieux en rire.
Nos enfants trouvent que pour une fois, notre ameublement ne fait plus matante!!!!!
En conclusion, on aimerait tant acheter made in Québec ,mais en avons-nous les moyens? Moi non, mais matante les a!!!!!!!
Voici une théorie vraiment originale, quoique je ne sois pas entièrement d’accord avec vous, M. Dickner. Premièrement, le catalogue Ikea cherche sans cesse à innover et à suivre les nouvelles tendances alors que la bonne vieille bible restera toujours le même livre qui nous garde dans le passé et ne veut s’adapter aux changements de notre société. Ensuite, avez-vous déjà comparé l’effet que produit la lecture du catalogue de meubles à celle de l’apocalypse avant d’aller vous coucher? Il va sans dire que le premier permet de faire de beaux rêves colorés et esthétiques alors que le deuxième apporte son lot de frissons, de montres à 7 têtes et de condamnation éternelle.
Je dois par contre avouer que le dimanche matin, ce n’est plus à l’église que nous allons, mais bien chez Ikea.
IKEA, non merci!
Certes le catalogue est intéressant a regarder tout comme le consommateur l’était lorsqu’on était enfant… mais pourquoi encore encourager les autres pays???
Non mais sérieusement, êtes-vous déjà aller dans ce magasin ou peut-être entrepôt devrais-je dire?! Des boîtes empiller partout… des démos colorés pour nous jeter la poudre aux yeux… mais sans plus.
une bible…pour les non croyants!
Que des catalogues, fussent-ils aussi peu invitants que le sont ceux du genre IKEA, soient plus diffusés maintenant que l’est la Bible, voilà qui n’a rien d’inquiétant. Ce serait le contraire qui le serait beaucoup. Par contre, ce que la métaphore de Nicolas Dickner met en lumière, c’est l’opposition fondamentale qu’il y a entre un monde messianique et totalisant tel que celui que représente la Bible, ou les autres ouvrages du même genre, dans les visions du monde de ceux qui les ont exprimées ou qui s’y accrochent encore, et le monde unidimensionnel dérivé de la production de masse tel que le manifestent les catalogues de produits de consommation dont celui de IKEA est le prototype parfait. Dans un cas, le salut est dans l’au-delà et pour après la mort, alors qu’il est ici et maintenant dans l’autre cas. En soi, ce renversement de tendances qui ne fait plus dépendre leur salut de leur mort est un pas dans la bonne direction pour les humains. Mais il n’est pas dit pour autant que ce pas ait été suffisant pour que leur liberté advienne, car dans un cas comme dans l’autre, une aliénation fondamentale, qui consiste à abandonner les ressources de sa raison aux portes d’un ciel improbable pour l’un, ou de celles d’un paradis de la consommation de produits devenant un enfer d’incompréhension pour l’autre, demeure. Heureusement que pour dépasser cette contradiction, les hommes ont inventé l’art, la littérature, la philosophie leur permettant ainsi de retrouver des totalités au sein desquelles, la raison et les sentiments peuvent se permettre de cohabiter sans s’exclure mutuellement.
Cette chronique qui met IKÉA en vis-à-vis de la Bible fait écho à la refléxion de l’artiste Brian Jungen (actuellement au MAC) sur le fétichisme, des objets sacrés aux produits de grande consommation. ‘Vous replace. Jungen détourne des pompes de sport, des ballons, et autres accessoires de la ligne « Michael Jordan » signée Nike, pour en faire entre autres oeuvres une série de masques d’inspiration amérindienne. Or parmi les différents sens que l’on peut trouver à ce travail, la notion de fétichisme constitue un gros morceau. En particulier, comment certaines marques deviennent de nos jours de véritables religions pour ceux qui les consomment avec frénésie.
Au rang des anecdotes ne comprenais pas au départ l’amour et le soin que mon chum Chou portait à ses pulls Agnès b. C’est vrai ils étaient très beaux, bien coupés et tout. C’est vrai ils étaient très doux et fragiles. C’est vrai ils étaient soyeux et se froissaient d’un rien. Mais c’était quand même au point qu’il osait à peine les porter, et là dois dire que ça me dépassait, d’avoir quelque chose à quoi l’on tient au point de s’en priver au quotidien, y’avait contradiction. Faut dire que la consommation et moi on n’a jamais trop copiné. Eh bien pour la tite histoire, moi qu’aime pas les cadeaux ni les belles fringues ni les trucs de valeur, me suis fait offrir une de ces fameuses pelures Agnès, en souvenir de… Depuis n’ai jamais osé la porter.
Parallèles avec le cinéma également. Dans « Me & you & everyone we know », une gamine de peut-être huit balais trippe sur se constituer un trousseau d’articles ménagers. Ça porte à réfléchir… Aussi, projection japonaise dans le cadre de Fantasia: un marchand – puis sa fille – fait fortune en vendant des simili produits de marque grossièrement imités (c’est flagrant qu’ils sont faux et tout le monde le sait mais c’est tout de même l’engouement parce que la mode) genre Vuitton avec un seul « t ».
On ne croit en rien. On consomme. Drôle de façon de se donner l’air d’exister.
Ah, si le rêve devenait réalité!!! Et, que l’on pourrait changer à volonté de : «BODY», pour une meilleure carrosserie? Ou, pouvoir annihiler, définitivement le pouvoir des : «RELIGIONS», pour enfin vivre en paix? Ou, décider se faire sa propre: «LOI», sans être obligé de se plier à aucune réglementation! WoW!!!! Mais, c’est : «LE JADIN D’ÉDEN» Oup!!! Bien alors, disons, que ce serait : «L’UTOPIA ENFIN TROUVÉ» Hum, on ne sait pas encore où!!! Méchant problème finalement!!! Mais, j’adore le concept. Le : «HIC avec IKÉA», il reste toujours, un flacheux morceau, dont on ne sait pas quoi faire avec : poubelle!!! Que reste-t-il, en fin de compte? J’ai trouvé… La consommation : «OUI MONSIEUR»! Le monde entier, s’agenouille devant le «Dieu$$$»… Et le village global ne cessait, de vouloir mieux!!! Que dis-je meilleur!!! Alors, consommons, à notre image, dans notre catalogue, selon nos critères! Ah, HA… «IKÉA : le futur incarné»!!! P.S. : Procure-t-il, un plus bas prix, si l’on commende en groupe??? Je commence à prendre, les noms…
Le concept d’Ikea est vraiment génial et il permet au consommateur d’économiser – je devrais dire aux gens à l’habilité manuelle certaine. Pour les autres, l’économie sera de courte durée due à des meubles mal montés ou aux coûts supplémentaires de montages lorsque l’aide d’un professionnel devient obligatoire.
J’aime bien les meubles très tendances, à la fois colorés et très branchés. Ikea est d’ailleurs la seule compagnie selon moi à avoir un design aussi original pour ses créations.
L’idée de comparer le catalogue annuel d’Ikea à la bible peut sembler saugrenue au premier abord. Mais partant du principe que des millions de personnes ne jurent que par l’un ou l’autre, la comparaison peut très bien exister.
IKEA ça existe encore cela ? Je ne le savais même pas. Car ici à Québec, je ne crois pas qu’il y a de IKEA depuis les dix dernières années, lorsque le seul que je connaissais a fermé ses portes. Alors le catalogue, pas certaine qu’il y a bien des copies non plus. N’est-ce pas démodé IKEA et ses bidules à monter soi-même qui ont l’air si quétaines et qui sentent la pacotilles aux prix ridiculement haut.
Cependant, la Bible aussi est assez démodé ces temps-ci, il faut l’avouer. Avec le saint Pape qui refuse de moderniser l’Église et ses pensées. En empêchant les femmes de devenir prêtres et en refusant d’accepter la contraception et le mariage des prêtes, ils ont contribués grandement à leur propre perte.
Les Églises deviennent des musées, des restaurants, et la Bible elle, ramasse la poussière dans les fonds de garde-robe.
Je me pose tout à coup cette question. Si le catalogue IKEA est plus populaire que la Bible, est-ce qu’ils vont bientôt remplacer le nouveau testament que l’on retrouve dans chaque chambre d’hotel, par un catalogue IKEA de l’année ?
Les publications en circulation illustrent bien la tendance de nos valeurs. Les préoccupations économiques et matérielles surpassent notre quête de divinité. La dimension spirituelle a pris une débarque et la consommation avec une recherche d’économie gagne du terrain, l’augmentation de la limite de crédit aidant.
Les guerres associées aux religions n’aident sûrement pas à gagner de nouveaux adeptes. Si l’adhérence au parti implique la faveur aux débordements des bombes et de la mortalité, vaut mieux cesser d’alimenter le feu et consommer calmement le fruit de nos labeurs.
La consommation est devenue un mode de vie, une façon de se réaliser et de prendre du terrain pour s’affirmer et atteindre le titre de roi. Les Beatles l’ont fait par la musique, mais come l’accessibilité au rang des stars se veut limité, il semble que l’achat à crédit soit plus facile à obtenir. On peut toujours écouter les Beatles dans son nouveau salon, avec sa bible bien rangée dans la bibliothèque Ikea, pour ne rien manquer. Et il existe toujours la thérapie pour les acheteurs compulsifs, une nouvelle gamme de possibilités pour mieux gérer sa vie et ses possibilités. Let it be
Bible vs Catalogue!!!
Un jour un ami me disait: « Les pauvres mexicains qui ne mangent que des tortillas de maïs et des frijoles (fèves noires bouillies et refrites à l’huile végétale) comme ils sont à plaindre « . Puis je suis allée à la montagne en équipe alors que nous faisions pour le compte de la Banque Mondiale une étude sur l’environnement avant l’autorisation pour la construction d’un barrage de contention tout en haut de la Sierra Madre qui avait pour but de régulariser le flot des torrents qui avaient la facheuse habitude d’innonder immodérément les plaines pendant un mois et ruinaient tout sur leur passage et d’être totalement sec le reste de l’année. Je ne veux pas vous racontez aujourd’hui toute cette saga, mais vous parler du résultat de l’étude menée dans les villages isolées et de l’impact que ce futur barrage avait déjà sur les habitants concernés.
La population se divisait clairement entre les pour, les contre et les « sans opinion » de loin les plus nombreux.
Qu’est ce que cela vous dit à vous? Que fallait-il recommander ? Si certaines espèces de poissons allaient disparaitre fallait-il pour cela empêcher la modernisation de cette province en majorité autochtone des états-unis du Mexique?
Personnellement les arguments pour et contre m’ont tous parus des plus intéresssants. Et l’opinion des « sans opinion » comme d’habitude démontrait que ces gens n’avaient aucune idée de quoi nous leur parlions. Il aurait fallu sans doute leur donner plusieurs conférences, pour et contre et leur demander de choisir ? En tous cas le résultat fut que le barrage n’a pas été construit. Mais je soupconne que plus que l’étude d’impact sur l’environnement, c’est l’étude de rentabilité financière qui n’a pas permis la réalisation de ce projet d’une immense portée pour l’avenir de cette province: Oaxaca pour ne pas la nommer. Dans ces villages il n’y avait pas de catalogue . Mais beaucoup de bibles,trois église,temples mais pas d’école ni d’hôpital.
À mon avis, lorsqu’on est rendu à faire une chronique dans un journal culturel tel que « Voir » sur le catalogue IKEA, on peut dire qu’on a vraiment atteint le paroxisme de la société de consommation. Parce qu’en fait, que représente-t-il, ce catalogue? Une façon pour la classe moyenne d’accéder au bonheur… via un nouvel aménagement. Votre vie amoureuse est un échec? Changez donc le lit et n’oubliez pas les petites tables de chevet rouge flamme! Rien de tel pour transformer la vie de couple! Vous n’aimez pas les petits plats préparés qu’on vous sert? Transformons la cuisine! Ça insitera certainement le cuistot du foyer à s’améliorer. Et vous détestez vous lever le matin? Une nouvelle salle de bain vous fera sauter hors du lit rapidement, dans l’espoir de pouvoir essayer cette quincaillerie toute neuve.
Évidemment, tout ça c’est du chiqué! C’est du rêve en page et accessible à monsieur tout le monde. Et c’est pour cette raison que chacun feuillette le catalogue lors de sa réception: nous sommes quelqu’un! Nous pouvons acheter ces produits! Nous sommes le consommateur roi qui décidera de ce qu’il veut… Bref, nous avons le choix!
Pendant ce temps, la véritable gagnante, c’est cette compagnie suédoise qui a su flairer la bonne affaire et qui continue, année après année, à produire le petit opuscule.
Je ne veux pas être rabat-joie, mais allez demander aux Libanais et aux Irakiens ce qu’ils en pensent. Leurs meubles sont bons pour le dépotoir ! Et ce n’est pas le capitalisme qui fera revenir à la vie leurs enfants tués en grande partie à cause du culte de l’argent !
Cependant, ils auraient sûrement préféré que la population mondiale mette davantage en pratique le « Aimez-vous les uns les autres ».