Je mitonnais depuis quelques jours une chronique à propos des chefs-d'oeuvre, sans en voir le bord ni le bout. Sacré tas de noeuds, ce sujet. Comment distingue-t-on un chef-d'oeuvre d'un livre simplement excellent, d'un livre-culte, d'un livre-clé, d'un livre important-sur-le-plan-historique-mais-plutôt-mauvais-quand-on-y-regarde-à-deux-fois?<p>Ah, Google! On sait par quelle porte on entre, on ne sait jamais par laquelle on sortira… Entre deux requêtes, mon regard est tombé sur un chiffre étonnant qui a infléchi le cours de ma chronique. Un chiffre, mes amis, proprement astronomique. Un chiffre tiré de la Très Sainte Bible Guinness.<p>Ce chiffre se trouvait sous la rubrique "Best-seller ayant essuyé le plus grand nombre de refus d'éditeurs".<p>J'ai prestement changé ma pétoire d'épaule. Pourquoi parler du chef-d'oeuvre, notion qui suggère un consensus absolu et ennuyant, alors que l'on peut discuter sans fin de la relativité de toute chose?<p>Bref, je me suis demandé: à partir de combien de refus un manuscrit devrait-il être mis au recyclage? <p>Tout le monde cache un manuscrit dans le tiroir. Lorsque vous devenez écrivain, tout le monde vient soudain se confier à vous. Madame Sicotte vous déclare d'emblée qu'elle écrit l'histoire de sa grand-mère. La jeune groupie hésite avant de susurrer qu'elle travaille sur un roman. Quant à la personne du métier, celle qui bosse dans l'édition ou à la librairie, elle reste discrète et ne vous crache le morceau que sous le sceau du secret.<p>Un jour ou l'autre, tout ce beau monde poste son manuscrit à une maison d'édition – voire à 10, 15 ou 20. <p>Cela fait des montagnes d'enveloppes à bulles.<p>Pour l'éditeur, la sélection est aussi colossale que compliquée, et la plupart des manuscrits se voient refusés sur la foi des premières pages, des premiers chapitres. Cet échantillonnage suffit parfois à établir la nature et la qualité du texte, et parfois non. Pareille méthode comporte une marge d'erreur importante, on le devine. <p>Il arrive donc que l'éditeur se trompe. On serait bête de lui en tenir rigueur – à condition toutefois qu'il n'ait pas l'arrogance de vous assener son refus telle une Vérité Absolue.<p>Publier ou ne pas publier un manuscrit demeure une question très, très relative. Certes, on l'admet, le texte peut être mauvais. Il peut aussi détonner dans le catalogue de la maison. Mais souvent, refus et acceptation constituent des décisions irrationnelles, basées sur le hasard (nom scientifique de l'instinct).<p>Il demeure en effet impossible de déterminer avec certitude quel bouquin fera un tabac, lequel sera sacré chef-d'oeuvre, et lequel tombera à plat. L'édition littéraire vogue dans une brume permanente. Certains éditeurs avouent publier large, afin de multiplier les chances de succès. Peut-on conclure à l'excès?<p>Chose certaine: l'écrivain typique s'offusque souvent de ne pas recevoir l'attention qu'il mérite au sein de sa propre maison d'édition. L'ego de l'animal est en cause, autant que la capacité de surproduction qui caractérise notre époque.<p>Singulier panorama, vous en conviendrez: trop de manuscrits envoyés à trop d'éditeurs, qui n'en lisent pas assez et publient davantage de livres qu'ils ne peuvent en défendre, dans un marché saturé où les lecteurs demeurent chroniquement trop peu nombreux.<p>(Nous en reparlerons lorsque j'aurai enfin reçu, mastiqué et métabolisé <i>Bien trop de livres?</i>, un essai de l'auteur mexicain Gabriel Zaid. Amazon peine à me livrer une copie en espagnol. On me l'annonce pour la fin janvier. Pas à dire: rien ne vaut une bonne vieille librairie en chair et en os.)<p>Bref, quoi de plus naturel que de s'interroger: à partir de combien de refus faut-il baisser les bras? Quand doit-on déclarer le manuscrit tout bonnement inapte à la publication?<p>Faut-il attendre de se retrouver dans le <i>Livre des records</i>?<p>En tout cas, Robert Pirsig ne doit pas regretter son opiniâtreté. C'est en effet son <i>Zen and the Art of Motorcycle Maintenance</i> qui détient la palme des rebuffades. Le célèbre bouquin a cumulé pas moins de 121 refus avant d'être publié en 1974 – et d'acquérir, aux yeux de plusieurs, le statut de chef-d'oeuvre.<p>Marge d'erreur, disions-nous?<b></b><p>
Je m’intéresse à l’édition depuis ma tendre enfance et je vais bientôt avoir 50 ans. J’ai un baccalauréat en littérature, je connais bien le milieu et j’écris des contes pour enfants que j’essaie de publier depuis plusieurs années. Je crois que le problème vient du fait qu’il n’y a pas assez d’agents littéraires. Alinéa, la première agence, n’a vu le jour que cette année. Et il n’y a que dans le Devoir où on en a parlé un peu. Il fallait donc avoir acheté ce journal cette fin de semaine-là pour avoir des renseignements. Il me semble que l’événement méritait plus de publicité de la part des médias, car il y a beaucoup de gens qui écrivent sans être encore connus du public.
Le rôle des agents littéraires est justement de lire les manuscrits pour soulager l’éditeur et ensuite lui référer les meilleurs afin qu’il les publie. Il y a des agents au Canada anglais, en France, en Angleterre, en Allemagne et ailleurs. Ici, c’est tout nouveau et pas connu. Ce phénomène est probablement attribuable au fait que le marché est trop petit. Il existe des attachés de presse pour les écrivains reconnus, mais pas d’agents littéraires pour la relève. Il me semble que les talents plus reconnus si on faisait appel aux services des agents. Et pour que l’industrie soit plus florissante, il faudrait intensifier notamment la lutte contre la pauvreté, l’exportation des livres, la promotion dans les médias et la traduction des oeuvres. Mais le gouvernement ne donne que des subventions faméliques. Faudra-t-il bientôt avoir recours obligatoirement à l’entreprise privée pour pouvoir exercer son métier ? Nos élus oublient souvent que l’industrie fait aussi rouler l’économie et amène des emplois.
J’ai jadis écrit pour être publié, et c’était très masochiste. D’écrire en se demandant ce qui pourrait nous faire percer, ce qui plairait au public, ce qui susciterait l’attention d’un éditeur, c’est s’exposer à n’être jamais satisfait.
J’ai moi-même failli puliber un livre, et heureusement, ça ne s’est pas produit. Premièrement, j’exécrais l’éditeur en question (ce n’était pas chez lui que j’avais soumis le manuscrit, mais c’est une longue histoire…) deuxièmement, le manuscrit m’a paru, avec le recul, mauvais. J’étais trop pressée de publier, comme s’il s’agissait là d’un obligation pour moi qui suis bachelière ès lettres. J’avais un crabe dans la tête : plaire à tous. Donc, plaire au grand public comme au public cultivé. Faire montre de mon érudition autant que de l’intérêt de ma trame narrative.
Si ce roman avait été publié, je n’aurais pas eu la force de l’assumer, de le défendre.
Désormais, je me suis tournée vers les contes pour enfants. Je m’amuse comme une vrai petite folle ! Je ne publie pas davantage, mais je les fais lire à ceux qui en ont envie et la plupart se disent divertis. Mes contes sont drôles, alors les « travailler » constitue pour moi davantage un loisir qu’une tâche à accomplir dans un but quelconque.
Je me plais à moi et c’est ce qu’il y a de plus sain.
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Monsieur Dickner, je ne vous connais pas, certes, mais diantre que vous me semblez insupportable quand vous écrivez des choses telles que : « Lorsque vous devenez écrivain, tout le monde vient soudain se confier à vous. Madame Sicotte vous déclare d’emblée qu’elle écrit l’histoire de sa grand-mère. La jeune groupie hésite avant de susurrer qu’elle travaille sur un roman. » Ça me semble d’une condescendance exécrable ! Avez-vous réellement un tel complexe de supéririté ou est-ce moi qui passe à côté de quelque nuance sans la saisir ?
Vous avez oublié une chose très importante: quels sont les critères pour définir un chef d’oeuvre? Peuvent-ils être objectifs? Peut-on parler de chef d’oeuvre quand l’auteur est vivant? Combien d’années après sa mort doit survivre son oeuvre avant d’y ajouter le chef? Si je considère l’oeuvre de Michel Tremblay et de Victor Lévy-Beaulieu comme des chefs-d’oeuvre, aie-je raison? Est-ce que les détracteurs de ces auteurs peuvent me contredire? Si vous mettez un auteur sur un piédestal, puis-je penser que vous vous trompez royalement? Le débat que vous lancez sur la définition d’un chef-d’oeuvre risque d’être immortel, comme le sont devenus certains auteurs du passé et le seront certains d’aujourd’hui.
Pour retenir l’attention du directeur littéraire d’une maison d’édition, il faut soit avoir un coach, un lecteur ou lectrice déjà connus, soit être soi-même correcteur ou traducteur(trice). Exercer l’enseignement littéraire au niveau universitaire n’est pas indispensable mais un atout.
Des illustres inconnus dont les textes sont retenus par un éditeur, on peut les compter sur les 10 doigts de la main. Chez un gros éditeur, sur 1,000 manuscrits reçus par année, une centaine sont retenus pour lecture, et moins d’une dizaine seront publiés. Les petites, mais non moins sérieuses maisons d’édition, publient environ 1 livre ou 2 par année.
À moins d’être connu du milieu littéraire, d’être un personnage public dont la biographie suscite la curiosité, d’avoir un talent littéraire hors du commun, d’être pistonné ou très chanceux, je pense qu’après 5 ou 6 refus, sans autre commentaire que «merci de votre intérêt», la loi de la moyenne ne joue plus vraiment. Toutefois, la persévérance peut valoir la peine si un éditeur indique de quelle façon retravailler un manuscrit.
Quant à publier à compte d’auteur, on n’est pas tous des Marcel Proust de la littérature mondiale. Je trouve que ça prend un égo à toute épreuve et une très grande détermination. Combien de livres se retrouvent ainsi au pilonnage ?
Il arrive qu’un éditeur puisse passer à côté de l’auteur qui deviendra célèbre. Réjean Ducharme dont Pierre Tysseyre avait refusé son premier manuscrit L’avalée des avalés parce qu’il le trouvait illisible s’est mordu les doigts d’être passé à côté d’un génie. À mon avis, c’est plutôt rare.
Je trouve étonnant que tant de gens écrivent et que, selon les statistiques, si peu lisent. Ça me laisse perplexe.
que sait-on de l’édition ? y a -t-il une histoire de l’édition au Québec? VLB « éditer les mots des autres » à lire pour le côté folie dans le quotidien de l’éditeur ….
Le livre que vous avez entre les mains , vous arrive au terme d’un processus ( pré-sélection etc…) que sait-on de cet épisode ? La plupart du t emps .. rien .. et pourtant !
et les comités de sélection ??? pourant les écrivains en font partie ; à quand un roman ( bien entendu vous changerez les noms , ca s’appelle un roman à clef ) , sur la sélection d’un livre et les débats autour ???
Je suis justement une « madame Sicotte ». Toutes les madames Sicotte de la terre veulent écrire aux enfants ou relater la vie de leur grand-mère. C’est à croire que le livre pour enfant est la manière par excellence de casser la glace sans trop s’éclabousser. C’est moins long, moins compromettant, c’est souvent une idée choc qui se développe en raison d’une phrase par page jusqu’au dénouement ultime. Il m’arrive d’en dévorer une, ou même deux, d’une seule bouchée en attendant mon chum qui, lui, bouquine pour vrai !
Comme l’histoire que j’ai écrite est fabuleuse et irrésistible (!), elle tenait à sortir du noir de mes tiroirs et s’offrir en pâture aux comités de lecture des maisons d’édition. Quelques unes (trois en fait !) ont pris le temps de m’expliquer leur « presque oui » par une fiche, une lettre ou un retour de coup de fil. Je suis retournée à mes devoirs suivant leurs conseils puis, suis revenue à la charge. C’est ainsi que j’ai su que le dit « comité » est formé d’une seule et unique personne !!!
Un seul être humain avec humeurs variables selon LA température ou SA température, l’état de son poumon ou de sa dentition et encore, pourquoi pas, du poupon qui attends ses bras. Eh oui, cela se peut puisque le « comité » lit bien au chaud, de chez lui. La marge d’erreur s’appelle donc, Sonia ou Fabien.
Vous parliez de chef-d’oeuvre. Est-ce que la saga Harry Potter n’entrerait pas sous cette appellation contrôlée ? Ne serait-ce que pour son vent balayant l’univers entier, enfants et parents ? Créer, non pas un univers mais une mode. Des livres, des effigies, des simulacres d’Harry Potter. Et cette Rowling, qui a su palper par ses entrailles d’écrivain que la Terre entière désirait vibrer au paranormal, s’est fait au préalable, retourner son manuscrit accompagné d’un « Bonne chance la prochaine fois ! ».
Si le hasard tient une grande place dans les visions du monde de Nicolas Dickner, le titre de sa chronique, Hors Champ, n’est pas le fruit du hasard lui. Qu’il publie sous le titre de son collectif, Bourbaki ou qu’il le fasse sous son patronyme, toujours ses visions nous amènent hors du champ newtonien des perceptions, de celui qui nous fait croire à la vérité absolue des lois des pommes qui nous tombent sur le nez et des mots qui ne veulent dire que ce qu’ils auraient à dire quand ils sont pris au pied de la lettre. Ce mathématicien des ensembles nous entraîne ailleurs, dans cet univers relationnel où la lumière que véhiculent les mots pour éclairer notre esprit sombre s’incurvent au contact éloigné des situations qu’ils rencontrent dans leur gravitation autour du sens.
Le voilà donc qui utilise encore la même vision pour nous parler de son sujet de cette semaine. D’abord, exit la notion newtonienne du chef-d’ouvre, celle qui ferait en sorte que ceux-ci nous tomberaient au milieu de la figure telles des pommes écarlates. Finie aussi celle qui ferait voir les chefs-d’ouvre à partir d’une vision médiévale, comme les confins d’un monde plat, des soleils qui graviteraient autour de notre petite planète.
Puis, ayant largué la notion de chef-d’oeuvre en orbite autour de nulle part, il revient sur terre avec des propos très terre à terre. Des chefs-d’ouvre dorment peut-être dans des tiroirs cachés ou sous des piles de manuscrits qui s’entassent chez des éditeurs qui jamais ne les publieront nous dit-il. Ils y côtoient des nullités elles aussi à l’état de manuscrits mais qui seront bientôt publiées.
Contrairement à ceux qui y voient du mépris ou de la condescendance, je prends cette attitude comme un encouragement à écrire, comme une reconnaissance du salon des refusés des peintres en marge, ceux qui peignent leur société en n’utilisant pas les canons du bon goût de leur époque.
Le sélection des tapuscrits par les éditeurs semblent d’emblée faite de manière arbitraire : « au bon goût de… » dirais-je. En fait foi l’expérience qu’un journaliste (du Devoir ou de la Presse) a tenté il y a quelques années : il a soumis à divers éditeurs des oeuvres québécoises autrefois primées qui, à part chez un ou deux éditeurs qui ont découvert le subterfuge (ou ont été avisés de la supercherie), ont été refusées pour la majorité d’entres elles. Par conséquent, le journaliste (ou est-ce moi qui extrapole) nous proposait une réflexion intéressante : les éditeurs sont-ils incompétents s’ils sont incapables de reconnaître des oeuvres du corpus littéraire québécois ou faut-il plutôt remettre en question la valeur des prix littéraires?
La problématique du Québec est bien particulière. Le gouvernement subventionne les maisons d’édition en fonction des publications de l’année; certaines afin d’être viables publieront « large » afin de pouvoir éditer leurs auteurs plus littéraires. Par conséquent, on accroît l’offre même si la demande reste faible. On envahi les étals des librairies et de cette abondance un fait inéluctable naît: la sélection artificielle. On appose d’emblée un coeur sur le livre d’une personnalité bien plus que sur la jaquette d’un écrivain méconnu. En effet, il appert que ceinturer la jaquette du livre d’un bandeau publicitaire se lequel un humoriste en recommande l’achat favorise sa vente…
On se demande parfois comment tel écrivain est parvenu à se faire éditer et l’on met en doute l’attribution d’un prix littéraire à tel autre. Tout est affaire de goût, assurément. C’est cependant dans l’Histoire et ses pertes de mémoire que sombrera ou jaillira un livre. Un fait inéluctable ressort cependant de l’alphabétisation de notre société: par le succès des salons du livre on fait miroiter au madame Sicotte que si l’on sait écrére on sé ossi coman raconté dé zistoère. Pourkoa pâ? Le rave de laisé sa trase appartiin atousse.
Il m’arrive souvent d’aidé des étudiants pour la rédaction de textes. Et il m’arrive presque aussi souvent d’être renversé par le nombre d’erreurs de toutes sortes. Des fautes d’orthographes bien sur, mais fréquemment des écarts syntaxiques incroyables! Des tournures de phrases qui n’ont ni queue ni tête, qui sont incompréhensibles et desquelles.la personne est très fière! Plusieurs personnes aspirent à écrire un jour un roman, mais un bon nombre n’ont tout simplement pas le talent et ne veulent pas le savoir. C’est triste mais c’est comme ça! J’adorerais être chanteuse, mais je chante faux, mal et croche. Si je ne l’avais pas remarqué et que je me présentais pour une audition, on me le dirait. Même si je ne doute pas qu’il existe une grande part de hasard dans la sélection des manuscrits, je crois qu’une très grande partie de ceux reçus ne doivent tout simplement pas être lisible. Ce n’est pas vraiment étonnant si on considère le peu d’exigences du ministère de l’éducation face à la langue française. Au CEGEP, on peut perdre jusqu’à 10% pour les fautes d’orthographes (il en faut une vingtaine) et il est très fréquent que les élèves y parviennent, sur des travaux de deux ou trois pages. Quand aux erreurs de syntaxes, elles sont soulignés, parfois, sans plus. Si ce n’était de l’épreuve uniforme de français, les étudiants n’essaieraient probablement même pas de s’améliorer. Pour toutes ces raisons, même si au fond, je n’y connais rien, je soutien qu’il doit y avoir un grand nombre de manuscrits refusés dès le début, mais probablement avec raison.
Je viens de terminer le livre de Jean-Guy Noel sur Sophie Chiasson ou plutôt l`affaire Sophie Chiasson.
Moi qui n`avait pas vraiment suivie l`histoire, je fut enchanté par la lecture de cet ouvrage qui est, soit dit en passant, très bien fait.
Ça se lit d`un trait. Pas de sensationnalisme, pas de détails croustillants comme ceux des journaux à potins, non, un livre fait tout en sobriété et qui redonne à toutes les Sophie Chiasson du Québec l`espoir que la justice peut exiger des autres que l`on nous respecte.
Étonnant de voir combien cette affaire a pu également mettre un baume sur les plaies de toute une famille éclaboussée et salie par cet animateur venimeux.
Bravo madame Chiasson!
Qu’on le sache d’emblée: j’ai déjà publié… et pas chez n’importe quel éditeur! De plus, exception confirmant la règle, cela m’est arrivé sans que j’aie recours aux services d’un coach, sans être pistonnée par une personnalité connue, sans non plus avoir enseigné la littérature ni, évidemment, avoir été précédée par un agent ni, même, avoir essuyé le moindre refus. Je ne me targue pas d’avoir écrit un chef-d’oeuvre, mais plusieurs lecteurs m’ont témoigné une appréciation.
Ce fut une belle aventure, mais, ô combien décevante aussi! Quel engrenage que le monde de l’édition! Je n’ai plus cherché par la suite à soumettre d’autres manuscrits au jugement du comité-d’une-personne-de-lecture d’un, ou de plusieurs, autre éditeur.
Le hasard a voulu qu’un éditeur en ligne québécois (le seul en fait) réédite le même livre, dont la version numérique connaît un certain succès, un succès certain, même! La version papier??? une autre paire de manches, mais peu importe.
À mes propres yeux, il ne s’agit pas d’un chef-d’oeuvre, mais il est écrit sans trop de fautes, ni trop d’erreur de syntaxe. On me dit souvent qu’il se lit bien, que les mots coulent bien, etc. et cela me suffit.
Désormais, j’écris pour le plaisir, par amour des mots et du verbe et si l’envie me prend de publier encore, c’est sans aucune hésitation que je me tournerai vers l’édition en ligne. Je crois qu’il serait temps, pour les auteurs, de faire preuve d’un peu d’ouverture et de ne pas rejeter en bloc les avenues qui s’ouvrent devant eux.
Je me réjouis d’ailleurs d’apprendre qu’il existe une agence littéraire au Québec, mais où se cache-t-elle? Quand je parle d’ouverture, c’est aussi pour faire mention de cette peur de la nouveauté qui nous caractérise, nous, les Québécois.
Oui, il y a des chefs-d’oeuvres qui dorment au fond des tiroirs, c’est un fait connu, mais il existe de plus en plus de moyens de les dépoussiérer, si nous acceptons de sortir un peu des sentiers battus.
Si écrire ne nous procure pas un immense plaisir et ne comble pas un besoin important, on peut conclure que la nécessité n’y est pas. Écrire pour être lu, en passant par le monde de l’édition, exige évidemment une forte volonté et un travail d’haleine à envisager. Quant à la reconnaissance de son oeuvre par autrui, l’étape cruciale, on doit d’abord sonder le terrain auprès de notre entourage compétent dans le domaine, avant de s’abandonner aux yeux analytiques de ce marché.
Quand on pense à de gros vendeurs, comme le Code Da Vinci, plusieurs critiques s’entendent pour reconnaître que ce livre ne se veut pas une réussite sur le plan littéraire. Pourtant, le sujet a suscité l’intérêt d’un grand nombre de personnes, et on pouvait le retrouver en circulation dans au moins un autobus sur deux.
Les maisons d’édition se spécialisent également selon leur domaine d’intérêt. Le choix de cette maison devient donc un enjeu important, quant à la bonne réception du document présenté.
Peu d’écrivains québécois arrivent à se tailler une place dans ce domaine et vivre de leur plume. On peut penser à Michel Tremblay, Crystine Brouillet et Marie Laberge, sans oublier Anne Hébert et plusieurs autres, mais atteindre ce rang ne semble évidemment pas se produire du jour au lendemain.
J’ai déjà vu un éditeur refuser un manuscrit et, quelques années plus tard, le relire et le rentrer comme #1 dans sa maison d’édition. Il y a tellement de facteurs qui font qu’un éditeur ne peut pas « éditer » : surplus de demandes, sujets populaire, etc. Comme quoi il faut persévérer lorsqu’on y croit.
La vie est ainsi faite que si nous réussissons un bon coup,nous croyons le devoir à nos seules forces ou à notre talent;si au contraire ce n’est pas le cas,c’est parce que nous sommes la proie d’une série d’événements qui échappent à notre contrôle.Et je pense que nous sommes tous concernés que nous soyons une Mme Sicotte ou un écrivain à succès ou pas.
À mon avis,le succès est imprévisible et la qualité d’une oeuvre n’est pas nécessairement en cause.Les raisons pour écrire sont également nombreuses et bien malin qui pourrait prétendre qu’il n’y a pas un génie méconnu chez votre Mme Sicotte…Parmi ceux et celles qui écrivent,il y aura des élus et des recalés et dans ces 2 catégories,se trouve du meilleur comme du pire.Bref,le hasard fait bien ou mal les choses selon notre point de vue.D’ailleurs n’est-ce pas vous M.Dickner qui suggériez dans une chronique de choisir un livre au hasard dans une librairie?Qui sait si votre suggestion n’a pas eu un effet papillon?Le bouche à oreille fonctionnant,vous auriez aidé un illustre inconnu à se tailler une place au royaume du succès littéraire.
L’histoire littéraire regorge de ces histoires de hasard,à commencer par Proust dont le manuscrit s’est vu refusé par André Gide de Gallimard.Il aurait pu en rester là et il nous faut imaginer le monde sans « À la recherche du temps perdu »… sauf que ce serait du temps perdu.Kafka avait demandé à son ami de brûler ses manuscrits après sa mort et si celui-ci l’avait écouté,nous n’aurions pas connu « Le procès ».Françoise Sagan a écrit « Bonjour tristesse » parce qu’elle avait été recalée à ses examens.Umberto Eco s’est vu refusé ses enquêtes policières médiévales par son éditeur français pour cause de citations latines:plus de 16 millions de livres vendus.Pour les intéressés à la suite: »L’histoire des plus grands succès littéraires du XXe siècle ».
Conclusion:le succès comme l’échec sont à prendre avec des pincettes. »Le hasard est le plus grand romancier du monde »(Balzac).
Vouloir laisser une trace mémorable de sa vie, ici-bas est toujours l’idéal à atteindre. Cela peut se faire, de diverses manières, ne serait-ce par nos propres enfants! Mais, en déléguant de méga succès littéraires, là je crois que c’est de l’ordre de l’utopie! Et pourtant, vous êtes très bien placé, pour le savoir! Le niveau de population, de lecteurs potentiels, de pourcentage de l’éditeur, etc. À moins d’être un véritable génie? Mais, cela on le découvre la plupart du temps, bien après la mort! Nous voilà donc, bien avancé! Et que dire, de la grosse machine, de promotion? Ah, nous touchons, une corde sensible, tellement sensible, que personne n’osera l’aborder! Il faut de l’argent, pour en faire n’est ce pas? Avoir, une certaine aisance financière, afin de mousser de toutes les manières possibles, par tous les médias, mais voilà, cela se paie, et par qui? Voilà! Et qui décide, des véritables chef-d’oeuvres? Vous, moi, les plus grosses ventes? Quelles sont les véritables bases, les critères sur lesquelles, on s’appuie? Vous le savez? Moi, pas du tout? Pensez-vous, que tout cela est impartial, dépourvue d’objectivité? Pas du tout! Il faut être, dans le bon groupe, avec les bonnes personnes etc. Et pourquoi, tant de préoccupations? Pour devenir une légende? Un mythe? Et pourquoi pas, simplement pour le plaisir, et rien d’autre! La satisfaction, de se faire un petit bonheur personnel! L’avenir, se chargera bien, de décider?
Je lis et je suis toujours influencée par les écrits de mes écrivains favoris, ainsi, ils dictent de beaucoup ma vie. Ils ont apporté beaucoup d’améliorations, de « plus value », ils guident ma vie, l’enrichisse, me donnent des trucs ou de simples coups de pouce, révolutionne carrément quelque fois ma façon de vivre en y apportant leurs sentiments. Par exemples, Irving m’a guérit de ma colère envers l’avortement avec « l’oeuvre de Dieu, la part du diable », Werber m’a parlé et j’ai pris son conseil en note quand il dit de vivre sa vie au max, d’essayer tout dans la vie, pour découvrir notre destin, avec « Les Thanatonautes » et je sais plus qui, je pense que c’est Kundera qui a faire dire via un de ses personnages et je ne sais plus quel livre exactement, que tout le monde devrait écrire au moins un livre dans sa vie. Ce que je me suis promise de faire un jour. Bon, j’ai toute la vie devant moi. Mais les éditeurs découragés des romans pourris envoyés par « joe blo » devront écrire leur lettre de bêtise à Kundera, s’ils veulent se défouler.
Et sachez que l’on peut se publier soi-même, à compte d’auteur. Pas besoin d’une maison d’édition. Je n’aurai pas à écoeurer un éditeur.
Un critère important pour considérer un livre comme un chef d’oeuvre selon moi, c’est le nombre de personnes que le livre rejoint. Plus important encore, le message qui est véhiculé par le livre touche-t-il les gens qui le lisent?
Un livre pourra être adulé par quelqu’un et détesté 2 minutes plus tard par quelqu’un d’autre. Les goûts sont si personnels. Je trouve que la personne qui a essuyé ce nombre impressionnant de refus a été bien persévérante lors du 122e emvoi de son manuscrit. Être aussi acharné dans son travail et dans ses projets n’est pas donné à tout le monde, malheureusement.
Ce livre, je l’ai croisé sur la table de chevet d’un ami-chat hollandais, en Hollande, en anglais. Curieuse, je l’ai lu en français une fois de retour de mon nécessaire dépaysement. Cela fait 6 ans et c’est tout le souvenir que j’en ai gardé. Je sais que lui, l’avait lu plusieurs fois. Et je me rappelle, qu’à moi, il ne m’avait pas fait autant d’effet. J’aurai probablement été l’une de ces personnes qui n’auraient pas publié le livre si j’avais un tel pouvoir.