Je reviens tout juste de Paris – et croyez-moi, je ne suis pas fâché de remettre les pieds au pays des claviers qwerty.<p>J'étais parti dans l'enthousiasme et la fébrilité, tout impatient de prendre le pouls du milieu littéraire parisien. Mine de rien, à force de rester encabanés dans notre gros village, nous finissons par perdre toute perspective. Nous ne voyons plus que nos problèmes séculiers, nos enjeux locaux, notre chiâlage chronique et nos petits branle-bas médiatiques. <p>Je me promettais donc de revenir de Paris avec une super chronique. Je n'avais pas réussi à trouver d'ordinateur en état de marche pour le voyage – ils avaient tous rendu l'âme: le mien, celui de ma sociologue préférée, et même le vieux Powerbook G3 de mon beau-frère – mais qu'à cela ne tienne, j'allais ressortir mon Moleskine. Le légendaire calepin ajouterait à la couleur locale.<p>Une sale surprise m'attendait cependant: il régnait sur Paris le même défaitisme qu'ici. Pire encore, une insondable morosité semblait s'être emparée de la Ville lumière. <p>Effet secondaire du mois de janvier? Malaise post-moderne? Anxiété de début de siècle? Toujours est-il que j'ai rencontré des éditeurs, des libraires, des journalistes, une attachée de presse et une poignée de gens proches du milieu, qui m'ont tous tenu le même discours:<p>Les jeunes ne lisent plus. Ils se pointent en librairie, soupèsent <i>Madame Bovary</i> et grognent: "Vous n'avez pas la version condensée?"<p>L'espace consacré à la littérature diminue dans tous les médias. Les cahiers littéraires rapetissent comme peau de chagrin. Même les périodiques dont la couverture était exceptionnelle, voire légendaire, pratiquent des coupes. Quant à la télévision, les émissions consacrées exclusivement au livre s'y font rares.<p>La critique est en voie de disparition. Elle cède la place au portrait, à l'entrevue, au questionnaire, à la recension, au talk-show. Le livre, en somme, est devenu un prétexte pour exhiber l'écrivain.<p>Les gros vendeurs l'emportent sur la vraie littérature. Harry Potter ne compte pas que des amis, dans ce monde.<p>Le contexte économique nuit aux écrivains. Dans un reportage télévisé sur les sans-abri, un type expliquait qu'il ne disposait que de 1200 euros (environ 1800 dollars) par mois pour se loger, et qu'à Paris c'était loin de faire le compte. Le passage à l'euro a provoqué une inflation sournoise, les Américains font de la spéculation immobilière, les bistros ne pratiquent plus l'ardoise. Aujourd'hui, les jeunes Joyce, Miller, Beckett et autres Hemingway n'auraient plus les moyens de vivre dans Montparnasse.<p>Tout le monde prend des antidépresseurs et il pleut occasionnellement des grenouilles. J'altère un peu les mots, n'empêche: il flottait sur la ville – à tout le moins sur le microcosme littéraire – comme une odeur de fin du monde. <p>Moi qui croyais aller me ressourcer à Paris, youkaïdi youkaïda…<p>J'ai tout de même noté un point positif lors de ma rencontre avec les libraires. Si les FNAC (vague équivalent de nos Archambault) règnent en Goliath sur le marché français, la politique du prix unique du livre parvient tout de même à rééquilibrer la balance du pouvoir. Grâce à cette loi, instaurée en 1981, les grandes surfaces ne peuvent plus détourner la clientèle des librairies indépendantes en détaillant le dernier Dan Brown au prix de gros.<p>Et nous, qu'attendons-nous pour mettre sur pied de telles mesures? En 2000, le Comité sur les pratiques commerciales dans le domaine du livre – qui rassemblait un peu tout le monde dans le milieu, depuis l'UNEQ jusqu'à l'ANEL – recommandait l'instauration d'un tel mécanisme de régulation. Depuis, plus rien. Le rapport du comité semble être tombé dans un puits sans fond.<p>On le devine, le climat politique va dans le sens inverse. Pour les apôtres du libéralisme, le dumping constitue une saine pratique commerciale, rien de plus. D'ailleurs, outre-Atlantique, la Commission européenne chercherait à casser la politique du prix du livre unique en France.<p>Bon, ça y est, me revoilà morose.<p>Quoi qu'il en soit, j'ai mis à profit les nombreuses heures de vol pour m'avancer dans la lecture des oeuvres complètes d'Haruki Murakami. (Notez l'ironie: partir pour Paris avec, dans ses bagages, un auteur japonais traduit en anglais.) Je vous en rejaserai éventuellement dans les prochaines semaines.<b></b><p>
Monsieur Dickner,
excusez mon ignorance, mais lorsque vous vous insurgez devant le fait que « les gros vendeurs l’emportent sur la vraie littérature » (insurrection bien justifiée, soit dit en passant), ma réaction est de me demander : n’en a-t-il pas toujours été ainsi ? Les oeuvres dites « classiques » ne sont-elles pas celles qui ont été boudées à leurs époques ? Même les compositions de Mozart sont sombrées dans l’oubli après sa mort, avant de revenir en force !
Vous citez « Madame Bovary ». Justement ! Ce délectable chef-d’oeuvre de la littérature mondiale n’a-t-il pas été l’objet d’un procès à l’époque de sa parution ? N’en fut-il pas autant des « Fleurs du mal » ?
Et que dire de la mise à l’index de tout bouquin jugé « subversif » sous Duplessis ? Les gens lisaient-ils plus à une autre époque ? À l’époque où ils devaient quitter l’école quasi-analphabètes pour aller aider leurs familles dans les champs ? Pourtant, les classiques tels que « Bonheur d’occasion » ou « Jacques le fataliste » n’en ont-il pas néanmoins survécu ?
DE L’ESPOIR, QUE DIANTRE !
Ressaisissez-vous !
Et puis, si vous voulez un truc pour susciter l’intérêt des jeunes pour la lecture, c’est facile : interdisez-leur ! Je ne crois pas que moi-même, je serais devenue une telle passionnée de livres si ce n’avaient été de mes deux soeur aînées qui refusaient de me prêter leurs bouquins sous prétexte que c’était « trop vieux » pour moi.
Je ne vous dis pas la joie lorsque j’ai lu mon premier Edgar Allan Poe en cachette. J’avais 9 ans, je n’y comprenais presque rien, mais n’empêche : je jubilais
C’était du temps où les gens se confessaient. Qui sait, ce temps reviendra-t-il ? Délation généralisée dans les pays totalitaires, auto-délation dans les pays catholiques; ces habitudes ne se perdent pas. Délectatio morosa: une forme de péché que de se complaire dans la tentation.
Mais il m’arrive aussi , comme tout le monde, d’être du côté de Jean Chalon dont on dit: « Si la vie est une tragédie n’en faisons pas un drame. Une minute où l’on n’a pas fait un bon mot est une minute de perdue. » (1)
Le dictionnaire est plein de surprises curieuses et quand on examine les mots qui suivent ou qui précèdent celui dont on cherche le sens, des rapprochements insolites font sourire. Par exemple avant et après morose, il y a MORNIFLE et MORPHINE; avant et après émotion , il y a émotter ( briser les mottes de terre ) et émonctoire (organe servant à l’élimination des déchets organiques ) enfin un peu après prébende ( revenu attaché à un titre ecclésiastique ) , il y a PRÉCAIRE.
Le problème est réel , personne ne le nie et la morosité existe, le constat est attristant. Et depuis quand diront les esprits chagrins ?
« Les éditeurs subissent les contrecoups de phénomènes divers aux conséquences dangereusement convergentes: désaffection des adolescents pour la lecture…sollicitations télévisuelles mutliples , coût excessif des livres, inflation éditoriale, place amoindrie acccordée par la presse écrite à la critique littéraire…tout cela compose un paysage ou curiosité littéraire et même lecture sont marginalisées . » (2)
« La France était une société aurevillesque: subtile, intuitive, finassière, astucieuse, vétilleuse, raffinée,maniérée, hypocrite et vaniteuse. Chinoise en somme, florentine, byzantine, et alexandrine. »(3)
(1) Le Figaro 01-02-2007 page 7 Dominique Guiou
(2) Le Point no. 923 28 mai 1990 page 7 Francois Nourissier
(3) G. Martin-Chauffier 1998 Les Corrompus Grasset page 40
Guy Mercier
La rectitude politique va de pair avec la rectitude intellectuelle. Ce qui est intelletually correct, c’est la misanthropie. Molière a tenté de la dénoncer il y a quelque trois cents ans, mais la morosité est inattaquable. Éviter les propos désenchantés à la télévision par exemple, c’est peine perdue,. Même les humoristes exploitent la déception conjugale. Rousseau ferait rire de lui aujourd’hui s’il affirmait la bonté originelle de l’homme. Notre radotage collectif tourne autour de la jaunisse morale de l’humanité. Les pauvres sont des gens sans aspirations et les riches sont des voleurs inspirés. Le pessimisme atteint tous les domaines, même la littérature. Pourtant elle profite d’un rayonnement sans précédent. Jadis, les bibliothèques et les librairies étaient localisés dans les grandes villes. Seuls le livre de la Mère canadienne, le missel et le X13 trônaient dans les chaumières. Aujourd’hui, la prolifération ne sert pas nécessairement les auteurs québécois. Règle générale, les libraires dissimulent nos ouvres au fond de leurs établissements. Les présentoirs des entrées sont plutôt réservés aux best-sellers internationaux. Et comme nous ne sommes plus au temps d’Octave Crémazie et de Henri Tranquille, des libraires cultivés, il est bien difficile de s’y retrouver dans ce micmac. Ying Chen est classé parmi les auteurs étrangers, et Marie Nimier figure parmi les Québécois. Et que dire de Catéchèse de Patrick Brisebois figurant sur les rayons réservés aux religions comme La Part de Dieu de Max Gallo? Avant la politique des prix et le tutti quanti, nos auteurs profiteraient davantage des ventes de leurs ouvres si les lecteurs voyaient autre chose que les « meilleurs vendeurs » d’écrivains archi-connus en vedette dans les vitrines. S’ils pouvaient aussi profiter de la publicité à l’instar des CD. Je verrais très bien un clip annonçant Nikolski sur un bateau de pirates ou dans le village en question. Cette idée n’est pas très intelletually correct.
Ce n’est plus assez rapide lire un livre, il faut pouvoir le faire partout et trainer un livre est souvent un problème pour beaucoup de personne. C’est certain que la tv et l’Internet diminue la lecture de livre, mais je ne pense pas que les gens lisent moins, les gens lisent moins de livres oui, mais les gens lisent davantage sur n’importe quoi. Si le monde lisait moins, Wikipedia n’existerait certainement pas. Je pense qu’avec la facilité de trouver des divertissements aujourd’hui réduit considérablement le hooby de lire un livre. Cependant je ne pense pas que c’est la mort de la littérature, c’est seulement un creux. Avec l’arrivée prochainement des livres téléchageables, je suis sur que plusieurs personnes feront l’achat de ces éditions. C’est comme la musique, les producteurs chialent que leurs ventes descendent, mais les ventes sur Internet montent. C’est seulement une transition. Le livre doit passer par le même chemin, il est sur le point d’entrer dans le monde de la technologie, plus de livre à trainer, seulement son lecteur numérique dans lequel nous pourrons avoir pleins de livres!
Je ne pense pas que c’est dramatique, il faut seulement mettre l’argent à la bonne place, pas seulement dans les mains des éditeurs qui éditent des livres seulement pour avoir des subventions. Il faut changer le système pour mieux servir la population qui aiment bien lire de la qualité. Il faut investir à la bonne place pour que les gens puissent avoir accès à des oeuvres de qualité.
Ah, voilà ce que c’est que les attentes. Rien de mieux pour se projeter tête première vers la déception. C’est ce qu’il vous est arrivé, je crois. Votre coeur palpitait à l’idée de nous revenir avec une SUPER chronique de la Ville Lumière brillante d’une indéfaillible fébrilité littéraire.
Votre chronique est super, ce n’est tout simplement pas le « super » dont vous vous attendiez. Elle ramène à une juste mesure la propension que nous avons tous de voir l’herbe du voisin plus verte, plus fraîche … plus littéraire. La France serait le berceau d’où nait et grandit toute la littérature francophone avec un grand L. Vous nous revenez, non pas avec un tableau aux couleurs exascerbées, faisant paraître notre littérature tracée de lignes mal définies mais une photographie. Cette photographie est peut être en noir et blanc (!), mais elle a la qualité indéniable de rapporter une certaine réalité, celle qui n’est pas aussi belle, lisse et facile qu’on veut tout de suite croire parce que cela vient de Paris.
Cette propension que nous avons à regarder les modèles pour s’en stimuler ne devrait pas nous faire oublier nos Marie Laberge, Christine Brouillet, Réjean Ducharme, Jean François Poupart, Andrée, A. Michaud (pardon senti pour les illustres innommés ! . ).
Vous nous avez ramené un portrait plus juste ; peut-être qu’en France, ayant grimpé les sommets, peut-être en sont-ils inévitablement à l’étape de la descente, tandis que nous, nous en sommes à l’escalade avec tout ce que cela dégage de réchauffement, d’effervescence et de dynamisme.
Il ne manque plus maintenant qu’un écrivain chroniqueur français vienne nous croquer dans le vif de l’action.
Bonjour,
Je ne sais pas si l’opinion de M. Dickner est valable ou non. Je vous propose un raisonnement. À vous de juger s’il se tient ou pas.
Est-ce que les gens lisent moins? Un sondage a donné 80% de lecteurs au Québec. Donc ils lisent plus. Ils lisent ce qui les fait vivre des émotions par exemple les chevaliers d’émeraude ou harry potter. Qu’est-ce qu’on essaie de leur vendre? Est-ce que ce ne serait pas des assemblage de mots qui n’ont que l’apparence d’une histoire? Et est-ce que cela ne serait pas la cause du fait qu’aucun livre ne se vend sans que l’auteur passe à la télévision ou à la radio? C’est un fait que la critique ne fait plus vendre de livres comme elle n’empêche plus la vente de livres.
Est-ce que vous croyez sincèrement que Harry Potter se vend bien parce que l’auteure est blonde et mince? Ce n’est pas le cas d’Anne Robillard et elle vend pourtant presqu’ autant de livres. Oui vous avez bien lu. Ses ventes de ses 10 volumes dépasse les ventes du Seigneur des anneaux qui se vend encore après quoi..60 ans? Tolkien ne peut plus passer à la télé mais il se vend encore et souvent mieux qu’un Stéphane Bourguinon. Sans vouloir rien enlever à Stéphane, est-ce qu’on ne peut pas arriver au fait que ce qui se vend ce sont des bonnes histoires peu importe ce qui est dit sur l’auteur ou son apparence?
Un professeur de roman et d’essai m’a dit un jour: Si vous n’êtes pas capable d’arrêter de lire l’histoire c’est que le roman est bon. La littérature on s’en fout. L’important est de faire en sorte que le lecteur veuille lire l’autre page. Je crois qu’il avait raison.
Peut-être que j’ai tort. Pourtant j’ai des raisons pour avoir raison (R. Devos)
Combien de fois, avons-nous entendu cette phrase : changer le mal de place? Ou, encore l’herbe est plus verte chez le voisin? Vous venez, de faire la preuve, de l’authenticité, de ces deux «boutades»? Étiez-vous, en vacance? N’avez-vous, pas visité? Savourez, des plats régionaux? Non, rien? Un si beau voyage, pour ne voir que le négatif? Bien sûr, le paradis terrestre n’existe plus? Et les îles paradisiaques sont utopiques? Alors, que reste-t-il? Rester chez-soi? Et voyager, entre le bon, six-pouces et deux couverts (un livre, quoi)! Vous savez, il y a quelqu’un qui disait, qu’il est impossible de laisser chez soi, son sens critique? Et plus, cela est développé, moins c’est possible! «Malgré nous, nous sommes toujours conscients, de ce que notre inconscient.» (K. Rahner). Donc, aucune solution? Si, développer le côté positif des choses, sans pourtant disséquer, quoi que ce soit. (K. Jaspers). Certes, ce n’est pas de vivre «stone comme une bean», mais tenter, de relaxer, et sourire?
Paris, capitale de la littérature, est-ce que cette affirmation est toujours d’actualité? Je viens de passer quelques mois dans la ville lumière, et, comme à chaque, j’en reviens surprise et un peu complexée. Au contraire de ce que vous dites, M.Dickner, je trouve qu’il y a beaucoup plus de lecteurs parisiens qu’ici.
Le fait qu’on voit naître de plus en plus de versions écourtées des grands classiques, comme Hugo, Balzac, Flaubert et Zola, ne signifie pas, d’emblée, que les « jeunes ne lisent plus ». Cela veut juste dire qu’il y a plus de lecteurs paresseux. Certes, on peut regretter la dénégérescence du goût, la diminution des publications et des éditions, la recrudescence du biographique, la baisse d’intérêt pour les classiques… Je le regrette comme vous, puisque je suis une littéraire. Mais je ne veux pas juger les lecteurs du haut de mon supposé savoir de la littérature. Et je n’en suis pas rendue à crier la mort du lecteur.
Oui, la littérature se fait rare sur la scène publique, oui, cela est dommage. Mais n’est-ce pas aussi là un peu sa place? Dans les marges? N’est-ce pas là qu’elle est féconde, qu’elle se nourrit? Car, je n’ai aucun regret de ne pas voir nos écrivains à « Tout le monde en parle » par exemple. Je m’en fous un peu de l’écrivain. Je suis pour la mort de l’auteur. Ce qui compte, c’est le livre que je tiens dans mes mains et que je prête ensuite à un ami. Ou l’inverse.
D’ailleurs, vous serez content d’apprendre qu’on vient tout juste de me prêter votre livre « Nikolski », que je prêterai ensuite. C’est comme ça que la littérature se lit. Pas sur la place publique, pas à la télévision ni dans les magazines: elle se lit entre amis.
Vous dire que je suis étonnée de ce que vous rapportez serait mentir. La France a elle aussi abandonné le français ( Air France a changé le nom de son programme de fidélisation par un nom anglais ) et par conséquent sa propre littérature. L’idéologie américaine les a pourris eux aussi et ils ne s’en sont pas aperçus. Ils se sont crus trop forts. Lentement, les Mc Donald, Pizza Hut, Kentucky ont fait leur apparition. Bah…c’est que de la bouffe se sont-ils dit. Hé non. Avec la bouffe junk vient aussi le monde de vie junk. Le temps de prendre son temps est passé. Le temps de lire est révolu. Si en plus, c’est difficile…oubliez cela.
Pourtant, il me semble qu’il y aurait place ici pour une émission littéraire dynamique, jeune, vivante à l’image de la littérature d’ici. Il manque tout simplement de stimulation. Les jeunes ont l’impression que la littérature, c’est vieux, c’est ennuyant, c’est « plate », que ça ne sert à rien. Pourquoi ? Et les oeuvres ne sont pas en cause ici. C’est le découragement, le désintérêt, le nivellement par le bas qui est en train de tuer la littérature. Il serait plus que temps qu’on se réveille. Les Français aussi.
Est-ce que les jeunes lisent vraiment moins ? pas sûr. Cependant, ils lisent moins de livres probablement. Les jeunes, je le sais, pour en avoir deux moi-même, lisent sur internet surtout. Des articles ici et là, sur leurs vedettes, groupes préféré, des chats, des blogues, des forums de discussions sur tout et rien. Mais des livres. Pas tellement. À part quelques classiques comme Harry Potter, qu’ils lisent car ils sont trop impatient pour attendre la sortie du film et les livres obligatoires qu’il faut lire à l’école. Autrement, ils ne lisent pas. C’est trop long, disent-ils. À l’ère des nouvelles technologies, où tout va vite, très vite même. On perd un temps fou à lire. C’est du moins la raison qu’on me sert le plus souvent. Est-ce que c’était comme cela dans mon temps, je ne pense pas, mais en fait, je ne saurais le dire moi-même, car j’adorais lire alors, je me tenais toujours à la bibliothèque à l’école.
Mais pour en revenir avec vous mon cher m. Dickner, vous semblez bien pessimiste et découragé. Paris m’a semblé bien mal en point, à vous écouter parler. Est-ce votre décalage horaire qui vous rend si sombre ? Est-ce vraiment si mal en point ? Permettez-moi d’en douter.
Il est vrai que la lecture d’un bon livre perd du terrain. C’est comme si nous avions de moins en moins de temps pour passer un bon moment de détente, quelques instants à savourer une aventure imaginée par un autre individu. Mais qu’est ce qui cause cette situation ? Est-ce notre rythme de vie effrénée ou une certaine paresse de notre part ? Et comment pourrions-nous y remédier en tant que société ? Est-ce qu’une politique du prix unique changerait les choses, à mon avis, peut-être un peu mais pas totalement. Mais comment faire pour redonner le goût de la lecture aux gens ? Ce sont de grandes questions qui, pour moi, sont sans réponse.
La réforme scolaire n’aidera certainement pas le fait que les jeunes ne lisent plus. Maintenant à l’école, si tu fais l’effort ne serait-ce qu’une étape, tu réussis. Les jeunes n’ont donc plus à se forcer. Ils aiment mieux se lire sur msn ou encore sur internet: c ben + cool the même lol
Le problème à lecture, je crois que c’est en partie une responsabilité de l’école. Pour ma part ce n’est pas l’école qui m’a donné le goût à la lecture, au contraire. Je me rappel des lectures imposés, une vrai torture. Surtout au Cégep, où les professeurs nous imposait des livres qui plaisait à très peu de monde. Je crois que c’est les étudiants qui devrait choisir leurs livres, qui seraient approuvés par les professeurs et ainsi les élèves pourraient choisir ce qui les intéressent et ils accrocheraient bien plus à la lecture. La lecture c’est passionnant mais, il faut un sujet qui nous passionne.
Je reste assez perplexe des propos de Nicolas Dickner…
Croire qu’on a moins le temps de lire, croire qu’on a moins envie de réfléchir, que la société de consommation est dangeureuse à notre culture…. Il y a peut-être de ça, mais n’exaggérons rien…. A en voir les études universitaires par exemple, les médias n’empêchent en rien de faire exister une autre littérature… (Sans parler des prix Goncourt et autres petites institutions littéraires tout aussi puissantes que la publicité elle-même.)
Et puis, si on délaisse un peu les Flaubert et compagnie, c’est aussi pour se pencher davantage sur des contemporains comme des François Bon ou des Annie Ernaux qui n’ont pas ce soutien médiatique qui parait si dangereux, et qui pourtant se portent à merveille… Monsieur Dickner a l’air de trouver ça inquiétant, et pourtant ça ne surprend personne qu’il ne prenne pas comme exemple un Chrétien de Troyes ou un Dassoucy… Je crois qu’on a envie de lire ce qui nous ressemble, c’est tout.
Idem pour les ados. Ils ne lisent pas avec enthousiasme Flaubert, mais qu’y a-t-il d’étonnant à ce qu’un jeune de quinze ans boude l’histoire d’une Bovary enlisée dans le mariage? Ils auront bien le temps d’aimer ça plus tard…! En attendant qu’ils se régalent avec des lectures qui les touchent plus…
Et si on doit vraiment chercher des raisons, j’aurai d’ailleurs plutôt tendance à croire que c’est le cinéma le vrai concurrent de la lecture, quand on pense qu’en simplement deux heures on passe par toute une panoplie d’émotions en payant deux fois moins cher que nos romans (le genre le plus populaire et le plus vendu de nos dernières décennies), on se dit que le livre résiste bien… Comme quoi on cherchera toujours à se faire raconter des histoires…
Je crois fermement qu’on ne peut voir la réalité toute noire ou toute blanche…il y a aussi certaines nuances de gris.
Notamment, le Québec s’est fermé il y a quelques années à une législation sur le prix unique du livre pour protéger les libraires indépendants et ainsi augmenter la qualité du service en matière de vente de livres. Il ne faudrait toutefois pas oublier que la porte reste toujours ouverte au débat et que l’exemple de la France ne laisse personne indifférent, que ce soit de façon favorable ou non.
On ne peut non plus rester sans ignorer la fameuse loi 51 qui apparait au Québec vers le début des années 80 pour protéger le milieu du livre dans sa totalité. Cet aussi cette loi qui a permis l’émergence de nombreuses bibliothèques municipales, qui maintenant sont sous-équipées, mais étaient quasi-inexistante à l’époque.
On dit que les gens ne lisent pas? Ou ne lisent que de la littérature de grande consommation tels les Harry Potter et cie? Qu’à cela ne tienne, au moins il lisent. On peut s’asseoir et regarder le milieu du livre se détériorer. On peut se lamenter sur la piètres qualité des inventaires que nous offrent à bas prix les grandes surfaces où nous achetons nos livres. Mais on peut aussi recentrer (ou relancer, pourquoi pas?) le débat sur le prix unique du livre au Québec qui, avec la loi 51 déjà en vigueur depuis 20 ans, permettrait au milieu du livre québécois de sortir de son marasme. Une telle loi permettrait entre autres de protéger le libraire indépandent qui, n’étant plus soumis à la concurence déloyale des grandes surfaces, pourrait concentrer toute son attention sur un service à la clientèle de qualité. Les lecteurs, après avoir été accrochés par les best-sellers, pourraient alors voir leurs intérêts mieux guidés par des professionnels vers des livres plus originaux.
Et après tout, on se plaint de la situation du Québec ou même de la France, allez voir du côté des États-Unis ou même du Canada anglais…pour rire…
Il y a une erreur de perspective dans celle que nous présente l’auteur cette chronique. Les gens ne lisent pas moins de livres qu’avant. Ils consomment par contre beaucoup plus d’imprimés, des journaux, des revues. Ce n’est donc pas la part absolue du livre qui décroît, mais sa proportion relative dans l’ensemble de tout ce qui est lu. Cet adepte des lois de la relativité qu’est Nicolas Dickner aurait pourtant dû le souligner.
Il y aussi un autre aspect des arguments qu’il présente en faveur d’une politique du livre qui m’agace un peu. Le prix des livres me semble être un aspect important dans le fait de tenter ou non des acheteurs. Or trop souvent, ce coût n’est pas sans importance pour la plupart des gens. Même des livres en format de poche que l’on pouvait se procurer jadis pour une somme peu importante ont suivi une pente inflationniste qui les rendent moins intéressants. Les libraires indépendants sont importants, mais la moyenne des revenus des lecteurs l’est encore plus.
Le rôle des bibliothèques municipales n’est pas lui bon plus assez pris en compte dans ce que devrait être une politique qui viserait à étendre le lectorat. Mieux elles seront pourvues en livres et plus les lecteurs y trouveront leur compte, surtout si des financements adéquats pour des politiques d’acquisition de livres récents leur permettent d’appâter de nouveaux lecteurs qui prendront ensuite la route des rayons de la littérature immortelle, de celle d’avant ou de celle de demain.