Mon beau-frère lit en marchant.Il est, ce phénomène, capable de se taper des romans entiers sur le chemin du boulot. La nature l'a sans doute doué de gyroscopie, d'écholocation ou d'allez savoir quelle autre faculté permettant de se déplacer sur le pilote automatique. <p>Il existe des tas de lecteurs extraordinaires – plus dignes d'intérêt que la plupart des écrivains, en fait. <p>Qui veut savoir si le romancier généraliste rédige son bouquin selon un plan rigoureux, d'un seul jet fiévreux, ou bien à partir du dernier chapitre? Cela nous en apprendrait-il davantage sur le sens de son oeuvre? Pas vraiment. Seul le résultat nous intéresse. Tout le reste tient de la plomberie – et qui veut entendre parler de la plomberie, hormis les collègues?<p>Comme le disait Deng Xiaoping, peu importe qu'un chat soit noir ou blanc, s'il écrit des romans c'est un bon chat.<p>Le lecteur, au contraire, tient tout entier dans sa pratique. Il n'est pas condamné à écrire ses propres livres, comme l'écrivain. Le lecteur ne produit rien; on doit, pour l'étudier, s'attarder à la façon dont il se déplace dans l'infinie bibliothèque ambiante. Vitesse de lecture, choix des oeuvres, stratégies pour garder le cap – rien n'est gratuit.<p>Mon beau-frère, disais-je donc, lit en marchant. Sa sociologue de soeur aussi (la lecture est une maladie familiale, chez eux).<p>Lire et marcher, tandem en apparence insignifiant – mais lorsqu'au bout de 75 ans de pratique bibliobulatoire un lecteur additionnera les pages lues à l'air libre, cela totalisera peut-être tout Victor Hugo, les 27 volumes des <i>Hommes de bonne volonté</i> et un gros tiers de l'oeuvre de Simenon.<p>À ce propos d'ailleurs, mon beau-frère ne lit rarement que le gros tiers d'une oeuvre. Il a cette manie d'épuiser tout ce qu'aura publié un auteur, prolifique de préférence. Boris Vian, Jacques Ferron et Michel Tournier ont goûté à sa médecine. Il note la moindre de ses lectures (et de ses relectures) dans de petits calepins qu'il accumule depuis l'âge de 17 ans.<p>L'exhaustivité semble ici toucher à la pathologie – mais la lecture est comme le sexe: il est périlleux d'établir une normalité. En confinant le lecteur aux pratiques correctes ou canoniques, on tue tout l'intérêt de la chose. <p>Daniel Pennac aborde la question avec <i>Comme un roman</i>, mais il faut aller plus loin. Je me prends à rêver d'une sorte de <i>Rapport Kinsey</i> qui témoignerait de l'incroyable variété des lecteurs et des lectures. <p>On lèverait enfin le voile sur cet individu qui commence le livre par la fin. Celui qui n'arrive à lire que dans des espaces restreints. Celui qui répugne à conserver des livres chez soi ou qui, au contraire, ne parvient à se départir d'aucun ouvrage, bon ou mauvais. Celui qui ne lit que des livres mentionnés dans d'autres livres. Celui qui lit toutes les versions disponibles d'un roman. Celui qui lit un livre au complet dans la librairie, à raison d'une page par jour, sans jamais se résoudre à l'acheter.<p>On pourrait inclure dans cet ouvrage une anthologie des lecteurs fictifs qui apparaissent, çà et là, sous la plume des écrivains. <p>On pense à la faune des lecteurs que décrit Italo Calvino dans son incroyable <i>Si par une nuit d'hiver un voyageur</i>. Ou encore aux lectrices de Jacques Poulin – la Grande Sauterelle, en particulier, qui semble incapable de mettre le nez dans un livre qui n'aurait pas été volé dans une bibliothèque publique. Ou encore à Nagasawa, ce personnage de Haruki Murakami qui refuse avec véhémence de lire des auteurs vivants.<p>Obsédante obsession de l'écrivain pour le lecteur. Comment ne pas être captivé par ce partenaire aussi indispensable que mystérieux, cet invisible vis-à-vis sans qui le livre resterait lettre morte? Comment résister à la tentation d'en faire un personnage? D'ailleurs, les écrivains n'y résistent pas: le lecteur apparaît si souvent dans leurs oeuvres que l'on pourrait y voir, en fin de compte, un simple segment de la plomberie littéraire. <p>Le lecteur, pourtant, existe. Il avance, il défriche, il mène sa vie. Mieux encore: il survit le plus souvent à ses auteurs. Des années après on le rencontre qui marche encore, à des kilomètres de là, un bouquin à la main.<p>
Si j’aime lire, c’est à cause du curé de La Baie-du-Febvre, village où je suis né. Chaque après-midi, il lisait son bréviaire, comme le dit beau-frère, en marchant de long en large sur le magnifique perron du presbytère. Sa bedelle, le féminin de bedeau pour plaire aux féministes, m’avait d’ailleurs donné un missel. Introibo ad altare lectoris. C’est depuis que «je me suis introduit à l’autel du lecteur». De Hergé à Aristote, chacun est venu un jour où l’autre déposer sa prose dans mes mains profanes. Les pauvres, ils ne savaient pas à quoi ils s’exposaient! Ils couraient après la trahison. Lire, ce n’est pas une rencontre avec un écrivain. On lit avec ce qu’on est. On lit ce qu’on est. Lire, c’est s’apprendre soi-même, c’est s’inventer un soi avec le mot des autres. Lire, c’est se nourrir des autres. Comme l’a écrit Chung Ook dans L’Expérience interdite, « On lit vos oeuvres comme on mangerait un hamburger ou une crème à la fraise. » L’écrivain est le frère ou la soeur nourricière. Mes petits calepins me servent de garde-manger. D’ailleurs, je viens de vous refiler un petit plat d’un auteur québécois d’origine asiatique. On lit donc pour vivre. C’est Gustave Flaubert qui l’a écrit. J’ajouterais qu’il y a des lecteurs boulimiques. Ils lisent dans le métro, au cabinet comme Jean-Luc Benoziglio, en attendant leur femme qui n’en a que pour une minute, c’est-à-dire le temps de lire de dix à trente pages. Que de joie de se retrouver dans les salles d’urgence de Couillard si l’on n’est pas à l’article de la mort! Je m’apporte un roman épais ou deux petits. Après bien des pages, on finit par apprendre les variantes qui nous composent « parce que les livres, plus que les années et les voyages, changent les hommes ». écrivait Erri De Luca dans Trois Chevaux. Bref, pour pasticher François Mauriac, dites-moi ce que vous relisez et je vous dirai ce que vous êtes.
Était-ce une manie, pourtant libre de tout snobisme, à la fois hyper-disciplinée dans son geste mais hystérique dans sa finalité ? Une toquade, fondée sur le départ d’une bonne intention mais qui vire au cauchemar par manque de classement , sauf alphabétique ? Était-ce si grave après tout, mais à quoi cela pouvait-il bien servir d’autant que le tout était difficile à consulter ? Là sans doute était la FOLIE . Et d’où venait cette habitude de noter des phrases coup de poing ?
«Il faut apprendre à respirer dans ses peurs. » ( Marie Laurier ) .Donc de l ‘adolescence et de ce professeur de géométrie , mal dénazifié qui lui reprochait de ne pas prendre de notes.
De B. Poirot Delpech dans Le Monde , à propos des soixante-huitards :« l’insensibilité appuyée est un luxe goujat d »orphelins nantis . » et du même à propos des relations France-Québec: « la fausse connivence qu’entretient le partage d’une même culture fait parfois oublier que les deux pays s’ignorent autant qu’ils prétendent se connaître ».
Il ne lisait pas de livres « écrits à l’ANCRE » ( Yan Moix ) . Il aimait , à la relecture ,le plaisir de la clarté et parfois de la provocation :« Passer à coté d ‘un orgasme lui paraissait le comble de la déchéance .» dit la grand ‘mère d’Alexandre Jardin dans le roman du même.
Oui mais de plus loin encore,d’où cela pouvait-il bien venir ? Ca commence vous le savez bien dans le lit .Vous n’avez pas cinq ans, du moins vous n’allez pas encore à l’école. Vous êtes seul tous les deux. Elle vous lit une histoire dans un livre rempli d’images.
Je l’aime bien, votre chronique de cette semaine, monsieur Dickner. J’imagine votre beau-frère, se promenant tel un rêveur solitaire accompagné de cet auxiliaire magique qu’est le livre.
J’aime beaucoup aussi quand vous dites que plusieurs lecteurs sont plus dignes d’intérêt que certains écrivains. Car même si une oeuvre est noble, l’auteur est parfois bien petit en comparaison. Ce n’est pas toujours le cas, certes, mais ça arrive.
Par exemple, comment expliquez-vous qu’on puisse dire pieusement que l’homme est naturellement bon et, d’autre part, abandonner soi-même femme et enfant ? C’est pourtant ce qu’a fait Rousseau.
En ce qui me concerne, je suis plutôt d’avis que l’être humain est naturellement égoïste. et c’est ce qui stimule ma passion pour les maximes de La Rochefoucauld. Ceci dit, j’ai appris qu’il testait lui-même ses théories sur des cobayes humains. Ce n’est sans doute pas là la pire cruauté, mais j’ai trouvé assez méchant l’idée de prouver au dépens d’un bouc émissaire une citation telle que « Il n’y a que ceux qui craignent d’être mépriser qui sont véritablement méprisables. »
Mais voilà que j’extrapole, comme à mon habitude.
***
Toujours d’Italo Calvino, avez-vous lu « Aventures » ? C’est délectable !
Les lecteurs lisent pour s’imprégner d’un univers. Si votre beau-frère peut le faire en marchant, c’est qu’il a une puissante force de concentration. Peut-être aussi que sa lecture est rapide, incomplète. Peut-être n’est-ce pas un vrai lecteur. Peut-être aussi est-il de ceux qui deviennent rapidement le protagoniste du roman. Peut-être cache-t-il son journal dans son livre. Peu nous importe.
De toute façon, les lecteurs sont des êtres vivants et ils contituent la matière même du roman. Ils lisent pour en apprendre un peu plus sur eux, sur leurs émotions, leurs réactions.
Ils lisent aussi pour en apprendre sur leur alter égo, sur l’humanité entière.
Alors, de grâce, l’analyse du comportement du lecteur laisse de glace. L’important est qu’il lise! Couché, en métro, en marchant, bof…
S’interroger sur le lecteur se compare à l’ouverture d’une boîte noire. On ne sais pas ce qu’on peut y trouver! Le lecteur est guidé par ses goûts, ses intérêts, ses envies. Les choix de livres et de lectures reposent sur un ensemble de facteurs qui doivent être, pour l’écrivain, difficile à comprendre.
Votre chronique me fait sourire cette semaine. Il m’est aussi arrivé de noter les livres nommés par un écrivain et vouloir les lire ou bien de vouloir dévorer l’ensemble d’une ouvre suite à la lecture d’un premier roman. Caractéristiques similaires, caractéristiques opposées, s’interroger sur le lecteur est intéressant et mystérieux.
La vie des autres, vraie ou fictive, me sauve de la mienne. Ou sauve la mienne. Un ou l’autre, selon le genre. Je dois m’astreindre à lire le fictif avec parcimonie. Malheureusement. Sinon, je n’ai plus le temps et l’esprit à lire, pardon, à écrire, re-pardon à vivre la mienne. Cela m’enlève beaucoup de cette motivation essentielle pour aller fourrer un tas de linge dans la laveuse ou faire cuire un oeuf si je vis au diapason d’un intrépide Samuel Belet que je finis par connaître mieux que moi-même.
Par l’écrit, on entre dans le souffle secret et sacré des tréfonds d’une âme humaine. Ce n’est pas rien quand on pense qu’à peine si je connais la mienne sous toutes ses coutures. Même parfois, il me semble que certaines (coutures) se relâchent avec le temps. J’ai trouvé, pour pallier à ma trop grande gloutonnerie de la vie des autres, de les lire via un intermédiaire, un biographe. Cela confère, à cette vie, un peu plus de retenue.
Mais au fictif, je reviens toujours, surtout depuis que je me structure mieux. Loin de lire en déambulant dans les rues au risque de ma vie (mon mari a failli en culbuter un qui lisait en traversant une rue achalandée), je lis au lit. J’entame ma nuit d’une manière considérable, je rêve mieux ou en tout cas, plus. Et puis, j’ai rajouté une difficulté, je lis à voix haute. Hou là là, cela vous semble peut-être banal mais ce ne l’est pas. Il y a des livres qui se lisent et d’autres qui se disent. J’aime quand ils se disent. J’aime déguster les phrases par les oreilles.
En ce moment je suis à essayer, je dis bien essayer « Scrapbook » de Nadine Bismuth. C’est mon fils qui me l’a refilé ; un des meilleurs de sa vie, m’a-t-il assuré. En fait, là, j’apprends à connaître mon fils de 21 ans. Ce qui n’est pas rien non plus.
En ce qui me concerne, je suis une lectrice essentiellement esthétique. Ce sont les belles pochettes qui m’attirent avant tout. Et si par malheur un livre est aussi joli intérieurement qu’extérieurement, je lui bondis dessus d’un air affamé et me régale de chacune de ses pages jusqu’à ce qu’il ne lui en reste plus une seule.
Je comprends tous ces époux et conjoints qui répugnent a retrouver leur douce moitié en jaquette de mémère. Ils voient leurs intincts sexuels en grande partie éteints par la flanelle, l’atrocité des motifs fleuris ou l’ampleur titanesque des doudounes si confortables après une journée exténuante. Bref, leurs regards fuient les poches a patate dans lesquelles se camouflent leur belle en fin de soirée. Rebutés par l’extérieur, ils sont peu enclin a vouloir farfouiller sous la jaquette. C’est pareil avec les livres. Les jaquettes ternes, vieillottes ou peu attrayantes, ça m’incite a passer tout droit. J’aime être séduite du premier regard. Après le premier coup de foudre, j’ai le plaisir de faire connaissance avec l’objet de mon désir, partant à la découverte de ses secrets et pensées intimes.
Ma mère est de celles qui doivent obligatoirement lire la dernière page d’un roman. Pourquoi ? Mais pour savoir si l’histoire se termine bien, voyons ! Selon ses critères de sélection, un livre qui se conclut sur une note malheureuse restera sur les rayons.
Mon père scrute à la lettre les résumés derrière chaque livre. S’il n’y en a pas, il n’y touche pas. Aussi simple que ça !
Ma soeur ne choisit pas ou peu ses livres. Soit elle saisit le premier qui passe, soit ils s’imposent a elle. Vous ne la verrez jamais arpenter les rayons d’une librairie, à la recherche d’une future lecture. Elle saisira plutôt le premier livre sur le bord de la bibliothèque.
Mon beau, mon mignon, mon chum quoi, lit par obligation. Il se dit qu’il y a tant d’auteurs célèbres qu’il y a de livres essentiels. Il ne veut pas pedre son temps en lecture, il recherche la connaissance
Votre article m’a toute de suite interpellée : je suis celle qui lit en marchant dans la rue, à Trois-Rivières, à Montréal, à Vancouver, en Irlande, en Écosse, en Cournouailles … partout où je vais je lis. Voici une journée dans ma vie : le matin, je lis debout dans le métro bondé; je continue à lire en montant les escaliers (en sortant du métro) et je lis en marchant jusqu’à la job- je ne peux pas sortir de mon livre : je ne veux pas aller travailler -;durant ma pause, je lis en mangeant; je lis dans l’autobus (parfois ça me donne mal au coeur – Eh non, je ne suis pas enceinte!-; de retour chez moi, je lis en préparant le souper, je lis encore en mangeant; je lis dans mon bain, je lis toute la soirée et une partie de la nuit et ça continue ainsi … Je suis étudiante en littérature. Depuis l’âge de neuf ans, je lis environ trois livres par semaine; je viens de la campagne, voyez-vous, et, là-bas, il n’y a rien à faire, alors je lisais tout le temps ! Vous me direz, mon dieu, avez-vous une vie ? Eh bien, non, j’en ai des milliers ! je vis par procuration la vie de ces personnages fictifs – qu’importe le genre, je dévore tout! J’aime découvrir de nouveaux auteurs; oui, je souligne les phrases que j’aime, je mets des post-it partout et je collectionne des cahiers de notes grifonnés de mots ou de phrases qui m’ont plus! J’aime lire des livres qu’on m’a conseillé (je lis aussi les critiques de livres) et si j’adore un auteur, oui, telle une boulémique, je vais tout lire ce qu’il a écrit comme Marion Z. Bradley, Réjean Ducharme, Baudelaire, Poe, Théophile Gautier, Lovecraft … Lire, c’est voyager, vivre d’autres lieux, d’autres temps, d’autres mondes, d’autres vies. Lire, c’est rêver; Lire, ça donne des ailes et je lirai jusqu’à m’envoler loin, très loin, jusqu’à pays imaginaire! Je pense ne pas avoir assez d’une vie pour lire tout ce que je voudrais lire … il y a tant d’auteurs et de genres différents, on s’y perd … Je lirai jusqu’à la folie! Et vous ?
Dialogue, entretien, voisinage, l’écrit est sans doute cet étrange état où l’émetteur et le récepteur s’inventent, s’imaginent, devinent une parenté si ce n’est de neurones tout au moins de famille littéraire. Une inquiétante étrangeté, Das Unheilmliche aurait pu dire quelqu’un, règne dans les livres c’est certain.
Et pour répondre à, l’invisible vis-à-vis, de Nicolas Dickner, j’imagine assez bien une boussole ou bien comme un compas de marine composé de deux demi sphères creuses. Non pas des éléments de plastique dans un liquide clair dans lequel flotterait notre bonne vieille Terre ; mais ici, hémisphères, chacune des deux moitiés latérales du cerveau antérieur recevant, émettant des messages. Destination l’autre – le lecteur a ceci sur l’écrivain qu’il consomme, absorbe ou dévore les textes, lignes et essais sans avoir à rendre de compte. Le lecteur « n’est pas condamné à écrire ses propres livres, comme l’écrivain » note justement Nicolas.
L’histoire du beau-frère marcheur lecteur est une nouvelle rassurante autant qu’extravagante à propos de l’envie de livres. Elle dit aussi le besoin de retourner aux textes. Comme l’écrivit Borges « Ce qui importe ce n’est pas de lire mais de relire ». Moi, c’est une photo de « marraine urbaine » et l’image d’une petite fille qui dévore les livres, vus sur le « web » qui m’a fait enregistrer ce commentaire.
Serait-il possible que ceux qui préfèrent lire un livre réel plutôt qu’électronique sont plus en contact avec leur propres émotions? Quand on lit un livre, on le touche. La texture du papier, de la couverture, ne se compare pas à celle du clavier et de la souris. Et quand un passage nous émeut, tout simplement parce qu’il est émouvant ou parce qu’il nous rappelle une partie de notre vie actuelle ou passée, un moment heureux ou triste, nous fermons temporairement le livre pour décanter ce trop-plein d’émotion. Et parfois, nous nous fermons les yeux ou les levons vers le ciel. Que faire quand ce trop-plien d’émotion survient quand la lecture provient de l’écran de notre ordinateur? Je ne juge pas, je cherche à comprendre.
Parfois, l’histoire, le lieu, les personnages et même l’image de la couverture nous rappelle parfois notre vie, actuelle ou passée, réelle ou rêvée. Voilà, selon moi, comment se créent les liens entre un auteur et son lecteur.
Comme ça, votre beau-frère lit en marchant, cher monsieur Dickner? Intéressant… Mais, alors qu’il lit en marchant, dans quel état se trouve-t-il? Est-il éveillé ou somnambule? Et sa soeur aussi, à ce que vous dites, est atteinte de semblable affection; « une maladie familiale, chez eux » vous écrivez, comme pour excuser la chose. Mais, n’allez pas vous en faire pour si peu. En autant qu’ils ne se perdent pas en chemin et qu’ils réapparaissent à la maison en fin de journée!
Car s’il est vrai que votre belle-famille sort quelque peu de l’ordinaire, la mention que vous en faites cette semaine m’a fait penser à quelques lecteurs bien davantage atypiques. Ainsi, il y a les lecteurs occasionnels qui lisent surtout les circulaires pour repérer les bonnes occasions. Il y a aussi, évidemment, les lecteurs étrangers qui ne comprennent pas un mot à ce qui est écrit. D’ailleurs, il arrive souvent que ces lecteurs étrangers soient les mêmes que les lecteurs de cartes routières qui voudraient bien se trouver ailleurs. Et puis, il y a les lecteurs fatigués qui ne lisent que des livres de chevet. N’oublions pas, non plus, tous ces lecteurs obèses qui cherchent à perdre leurs livres en trop…
Tandis que d’autres, les lecteurs boulimiques, dévorent les livres de recettes! Certains, pas très recommandables, sont pour leur part des lecteurs de torchons pour cause d’analphabétisme et d’ignorance. Tout le contraire des lecteurs de briques et de manuels de bricolage. Hélas, il y a aussi les lecteurs bègues qui passent leur temps à se relire… Et qui ne connaît pas ces lecteurs de nouvelles qui, chaque soir, nous font part des horreurs de la journée? Ajoutons, presque dans le même ordre d’idée, ces lecteurs de CD et de DVD qui lisent n’importe quoi! Enfin, pour clore, ayons une petite pensée pour tous les lecteurs réviseurs-correcteurs qui préféreraient souvent lire autre chose…
Alors, votre beau-frère et votre belle-soeur, à tout prendre, ce n’est pas si mal.
Plus maniaque que moi tu gagnes un prix.Je lis tout.Le pot de moutarde,celui de Ketchup
le sac de chips(tres intéressant).Je lis Dosteivski,Praust,Vian.Des suspense,des thrillers,de la bio,de la chimie.J’adore la science,la physique,les étoiles et l’astronomie.Bref,
quand ca m’intéresse pas,ca m’intéresse pas.Ah!oui!Les petits caractere dans le bas…bien
moi je les lis.La ou ca se complique c’est la fascination que l’objet effectue sur moi.J’achete toute sorte de livres.J’aime particulierement les vieux livres,tres vieux livre.Sauf,qu’ensuite
j’ose pas les lires de peur de les brisés.C’est dommage parce que je les achetes par intéret mais je n’arrive pas a me convaincre de les ouvrirs(car étant tres vieux ils s’émiettent,se déchirent).Bref,c’est pas drole!J’ai des livres dont les pages ne sont pas encore découpés.J’ai essayé plusieurs fois mais c’est pas lisible,mais c’est pas moi qui vais les découper.Je pourrais les vendre car plusieurs valent cher,mais si je serais riche j’en racheterais de plus vieux,donc c’est pas la solution.La plupart des livres que je lis viennent de la bibli.Quand un livre m’intéresse au point de le relire plusieurs fois je fini par l’acheter,je l’envelloppe dans du saran-wrap,je le met a l’abri de la lumiere,de l’humidité.En gros je suis un méchant malade!Mais au moins je ne fait de mal a personne!J’ai déja dis a un de mes amis »Ca fait trois mois que je te l’ai preté,si t’a pas eu le temps de le lire tu l’aura jamais!Je veux mon livre DEMAIN!Il m’avoua ensuite qu’il tardait a me le remettre car il avait malencontreusement fait une petite encoche sur la couverture avec son ongle.(mes amis me connaissent)Sauf que sachant que c’est pas tout le monde qui a ma maladie j’avais pris la peine d’en acheter une version usagé a 2 dollars spécialement pour lui.(je m’en foutais de son ongle quoi!)Si moi je lisais en marchant;je me perdrais souvent,je prendrais plusieurs détours,j’aurais des ampoules sur les doigts pour le restant de mes jours…
J’étais de ceux qui lisaient très peu. Je n,exagère pas. Avant, je lisais les gros titres, les faits cocasse et quelques drames vécus dans le Selection de Reader’s Digest. J’étais plus visuel (télé, video ou cinéma.
Grâce à Voir.ca, j’ai commencé à lire les articles de notre bon vieux (20 ans). je trouve que les articles sont bien écrit. Ils sont simple à lire et sont compréhensibles. Ils savent comment donner l’information sans nous ennuyer avec des bla bla blas.
Ensuite j’ai commencé par vous lire. Plusieurs d,entre vous ont de belles plumes. Vous êtes créatifs, imaginatifs, droles, bien informés et plaisants à lire. Grâce à vus tous, j,ai commencé à écrire. J’échappe quelques fautes. mais je m’améliore.
J’aimerais que vous me suggeriez un livre ou un auteur. Je commence juste à lire. je suis handicapé et la lecture me demandeb eaucoup d’énergie. Ma maladie avance très vite. J’ai peur de perdre ma mémoire, ma vue et tout le reste de mes sens. Je vous demande de choisir un ivre que j,apporterai avec moi aux portes du Paradis.
Je lis partout: dans mon bain, sur la toilette, mon lit, dans le train, l’avion, l’autobus… dans une file à la banque, au resto,à la plage, dans la foret, sous un un arbre,en me balacant, en me bercant, au salon de coiffure et même dans ma voiture. Eh oui, j’y écoute des livres parlants. Je lis de tout: des bds, des essais, des romans,des critiques, des recueils de poèmes, des nouvelles, de tous les genres aussi et encore des magazines, des journaux, la cyber presse, et même le Voir! ( sourire) Je lis même des pages du dictionnaire et les horoscopes ainsi que dans les feuilles de thé!
Je suis adepte de lecture depuis que toute petite je me cachais sous les draps avec ma lampe de poche pour lire jusqà l’endormissement…. ou jusqu’à ce que les piles meurent.
Lire me nourrit et me donne accès à une vie spirituelle bien remplie.
Mon imaginaire me fait voyager dans tous ces pays de l’âme et des rêves.
Je lirai toujours, avec ou sans lunettes, avec ou sans livre en papier.
Vieille ou trop malade pour utiliser mes propres yeux, je me trouverai une lectrice et je continuerai à lire jusqu’à mon trépas.En ce moment, je lis pour ne pas sentir la douleur de mon corps physique malade. Lire me soulage et me détache de la chair. Lire me sublime vraiment et m’amène dans un univers parallèle , aérien et lumineux.
Merci aux livres, merci aux écrivains et merci à leurs flammes et à leurs muses.
Au cas où vous auriez la tentation de m’intégrer à un livre et faire de moi un personnage, voici le type de lectrice que je suis.
Tout d’abord, il faut dire que je lis beaucoup, pour le plaisir, et souvent aussi, juste pour m’empêcher de penser. Ainsi, lorsque je suis trop préoccupée, je peux lire partout, dès que j’ai du temps de libre. Ce qui veut dire que je lis également en marchant pour aller au travail. Plusieurs personnes pensent que je peux me blesser ainsi, mais j’ai beaucoup d’expérience derrière moi et je n’ai à date eu aucun accident. Il suffit de mettre le livre assez loin du visage, vers le bas, pour voir le sol et autour de soi en même temps qu’on lit.
Je lis également en mangeant, lorsque je n’ai personne pour m’accompagner sur mon heure du diner au travail.
Et lorsque je lis un livre d’un nouvel auteur et que je me surprends à aimer ce qu’il écrit, alors je me rendrai à la bibliothèque pour lire tous ses livres. J’ai donc fait le tour de tout ce que Michel Tremblay a écrit, de même que Alexandre Jardin. Je lis également en anglais, cela me permet de ne pas perdre la pratique de l’anglais qui me sert à l’occasion. J’ai donc tout lu les Mary Higgins Clacks, et les John Grisham.
Et depuis quelques années, j’ai tendance à aller voir la fin du livre, dès le départ, pour voir si ça se termine bien. Je sais, c’est une bien mauvaise manie, mais je ne peux m’en empêcher. J’ai souvent été déçue de la fin de livre et j’ai l’impression dans ce cas, d’avoir lu pour rien le livre.
Enfin, mes livres préférés sont surtout les biographies et les romans (d’amour, drame, suspense, émotions). Bref, j’aime un peu de tout, mais surtout, j’aime connaitre les écrivains qui me passionnent, ceux dont tous les livres me font vibrer, j’aime en apprendre plus sur eux.
Alors merci chers écrivains, pour toutes ces heures de lectures qui m’apportent des multiples moments de bonheur, et m’empêchent à l’occasion de trop penser.
J’ai bien aimé cette chronique qui m’a fait sourire à quelques reprises. Pourquoi? Parce que je reconnaissais beaucoup de gens à travers elle. Ces lecteurs qui lisent debout dans le métro et qui semblent tellement concentrés que même un déraillement ne réussirait pas à leur faire lever le nez de leur livre. Je pensais à cette dame que je croise chaque matin, que ce soit l’hiver ou l’été, assise sur le banc de parc avec son café et son livre. Je pensais aussi à mon amie qui s’achète une trentaine de livre par année, qui les débute mais qui ne parvient jamais à trouver le temps d’en lire plus qu’une vingtaine de pages par livre. Je pensais à mon cousin qui lit des livres sur internet. À cet étudiant qui ne lit que des livres de plus de 500 pages sinon quoi il a l’impression que l’histoire sera incomplète.
Le lecteur n’est pas aussi invisible vis-à-vis que Nicolas Dickner peut le prétendre. Bien, au contraire, le lecteur est lié au narrateur par un étrange pouvoir d’identification qui se manifeste, dans la majorité des cas, comme indestructible. Le lecteur anonyme, au point de départ de la lecture, s’identifie ou ne s’identifie pas au narrateur quelle que soient les circonstances et les lieux de la lecture. En général, le phénomène de l’identification est immédiat, ce qui pourrait apporter un certain éclairage sur la voracité du lecteur à la lecture de nombreux livres, dans un espace de temps restreint, par rapport à un autre qui a de la difficulté à communiquer avec le narrateur. Ce type de lecteur a tendance à résumer le livre, sans aller jusqu’au bout de la lecture et, à le critiquer, sans aucun fondement. Cette invisibilité du lecteur dont parle Nicolas Dickner n’est qu’un processus épidermique et superficiel. Cette déduction simpliste n’a rien à voir, avec l’authentique processus de la lecture qui établit un lien indéniable, entre le lecteur et le narrateur, qui se transcende, au-delà de toute forme de réquisit de la lecture.
Si le texte de Dickner est intéressant, que dire des commentaires de cette section de Voir.ca ? C’est dans cette rubrique que l’on retrouve les textes les plus passionnants de tout ce site.
À ce plaisir s’ajoute celui de lire des opinions, des pensées, des idées exprimées avec verve et intelligence. Et surtout, surtout, sans fautes d’orthographe, ou peu s’en faut (cherchez-les cette semaine – y en a pas mal tout de même) !
Ça change des commentaires sans queue ni tête bourrés de fautes de français qu’on ne lit plus mais qui encombrent semaine après semaine certaines des autres sections. La section cinéma, entre autres, fourmille de nullitudes aseptisées qui sentent mauvais la chasse aux jetons…
Un lecteur qu’il ne faut pas nommer pour respecter les règles de Voir.ca («Petit lecteur cherche…») demande qu’on lui suggère des titres de bouquins.
Ça vaut ce que ça vaut, mais LE livre que je conseillerais à toute personne qui a la chance de ne pas l’avoir encore lu, c’est Cent ans de solitude (Garcia-Marquez). MON bouquin, toutes époques, tous continents confondus… que je relis périodiquement.
2e au palmarès : Vendredi ou Les limbes du Pacifique (M. Tournier) et 3e mais non le moindre : Siddharta (Hermann Hesse)…
Après, cher M.P., tu n’auras qu’une envie. Les relire un jour.
Choix de classiques, mais «vieux» auteurs (un seul est mort) à ne pas négliger.
Tu peux aussi poursuivre avec Le Roi des aulnes de Tournier encore.
Puis te plonger dans un roman baroque, épique, anti-religieux, fabuleux qui se passe au Portugal au 18e : Le Dieu Manchot de Jose Saramago (dont L’aveuglement est un pur chef-d’o-euvre).
Clin d’oeil amical et admiratif à la « liseuse qui marche » et qui conclut ses lignes par : «il y a tant d’auteurs et de genres différents, on s’y perd … Je lirai jusqu’à la folie! Et vous ? »
Moi? Je lirai jusqu’à ce que mes paupières se ferment à jamais.
Intéressante chronique que vous nous offrez cette semaine, monsieur Dickner. Il existe en effet une multitude de types de lecteurs desquels les « pathologies littéraires » nous semblent plus étranges les unes que les autres, nous qui nous considérons d’emblée comme le lecteur « normal ».
Le « surligneur » est un lecteur qui m’intrigue spécialement. Comme tout le monde, il m’est arrivé à l’occasion de prendre en note une citation particulièrement parlante. Toutefois, sauf pour quelques analyses scolaires, j’ai toujours répugné à écrire dans un livre, peu importe qu’il soit vieux ou récent. Il existe pourtant de ces lecteurs qui ne peuvent s’empêcher de surligner sans cesse, comme si leur compréhension du récit était proportionnelle à la surface de marqueur contenue dans le volume.
Et que dire de ceux qui plient les coins de page, trop lâches pour partir à la recherche d’un signet, et de ces adultes restés enfants qui n’ont jamais pu se défaire de l’habitude de suivre le texte avec leur doigt? Et que dire, et que dire?…