Vous voyez bien qu'il ne faut jamais se fier à moi… Au moment de partir en congé, je promettais de revenir avec Ron Popeil, les archives vidéo de la NASA et la poésie. Puis, la semaine dernière, je vous quittais en promettant une chronique sur un livre admirable. <p>En fin de compte, nous jaserons plutôt de Yann Martel.<p>Au cas où vous n'en auriez pas entendu parler, l'auteur de <i>L'Histoire de Pi</i> était à Ottawa au mois de mars afin de représenter, avec 49 comparses, les travailleurs culturels <i>A Mari usque ad Mare</i> à l'occasion du cinquantième anniversaire du Conseil des arts du Canada. Il en revint frappé par l'indifférence générale de la biomasse du Parlement, et plus notamment par celle de Stephen Harper.<p><i>Notre premier ministre s'intéresse-t-il à la littérature?</i> se demandait Martel en retournant à Saskatoon. Et hop! Il décida de tâter le terrain en lui envoyant, deux fois par mois et jusqu'à la fin de son mandat, des suggestions de lecture. Une façon comme une autre d'entamer le dialogue.<p>Il tombe sous le sens qu'un premier ministre en exercice n'aura pas le temps de lire des romans. Grosse évidence tacite. N'empêche, on se prend à espérer que cette initiative absurde, quasiment rhinocérocienne, provoquera une réaction – si minime soit-elle – en provenance du 24 Sussex Drive.<p>Au moment d'écrire cette chronique, évidemment, les réactions se limitaient aux médias. Beaucoup d'amusement, plusieurs applaudissements, quelques rabat-joie. À vue de nez, la réaction semble plus favorable dans le ROC. Au Québec, on sent que Martel touche un nerf sensible: l'image de l'intellectuel. <p>Peut-être aurait-il mieux valu offrir Tom Clancy que Léon Tolstoï?<p>Moi, toute cette histoire me plaît. Je n'y vois aucun mépris, mais plutôt un optimisme narquois. Je suivrai donc les démarches de Martel avec intérêt – ce qui ne m'empêche pas de croire qu'il est complètement dans le champ.<p>Voyez-vous, tout le monde fait déjà des pieds et des mains pour la promotion du livre. On l'a popularisé, transformé en cadeau pour enfant démuni, servi avec des roses, bazardé à côté de diverses babioles, liquidé au prix de gros, enregistré sur support optique. On l'a charcuté afin de mieux le faire avaler aux étudiants. On l'a abandonné sur un banc de parc avec une étiquette de traçage. On l'a apprêté en pâtisserie. On l'a offert en prime. On l'a lu et discuté dans les bibliothèques et les festivals, dans les écoles – et même parfois dans les médias (je vous l'assure).<p>Il est temps de mettre en place une stratégie plus musclée: interdisons tous les ouvrages de fiction! Réhabilitons l'Index!<p>Fini la poésie, la nouvelle, le roman, le théâtre sous toutes ses formes – et même la biographie, genre suspect entre tous! L'histoire y passera aussi, sans oublier la Bible, la philosophie allemande et la collection intégrale de Petzi le petit ours. Seuls ouvrages désormais tolérés: les bouquins de bricolage, les manuels de cuisine et les livres de table à café rassemblant de belles photos du Sahara espagnol en hiver.<p>Il ne faudra surtout pas flancher en chemin, et mener l'idée jusqu'à sa conclusion. Des agents seront mandatés pour purger les bibliothèques et les librairies, vider les entrepôts. Oubliez vos réserves personnelles: une loi spéciale sera votée qui permettra de faire main basse sur les collections privées. <p>Et comment nous débarrasserons-nous de ces tonnes de livres? Non, nous n'y bouterons pas le feu (ce serait admettre que nous avons lu <i>Fahrenheit 451</i>). Nous jetterons tout simplement les écrivains en travaux forcés, où ils devront réduire cette masse de bouquins à l'état de copeaux, de pulpe, puis de papier de toilette – symbole puissant entre tous!<p>Voilà, ce sera tout. La possession, la reproduction, la vente et la consultation de tout livre de fiction seront définitivement prohibées sur l'ensemble du territoire canadien.<p>Et alors, brusquement, nous mesurerons l'importance de pouvoir lire à notre guise, sans la moindre censure, sans risquer la prison – et sans même avoir à nous serrer la ceinture, tant l'argent nous pisse par les jointures.<p>Et peut-être même assisterons-nous à cette invraisemblable scène: les gens qui descendent dans la rue pour réclamer le droit à la lecture.<p>
Pour des raisons si compréhensibles, les écrits sur les derniers moments de la vie ici-bas ne pullulent pas. Probablement que tout concentré sur les signes du passage suprême, l’écrivain agonisant, si talentueux soit-il, abandonne tout, papier fin acheté à Paris, stylo Montblanc et ultimes notations, pourtant géniales, et se soumet-il enfin , résigné mais serein , au transit dans l’au-delà avec un minimum recommandé de bagages.
Pourtant Vaugelas ,le grammairien célèbrissime, aurait murmuré alors : « Je m’en vais ou m’en va , l’un et l’autre se dit ou se disent ».
Et peu d’écrivains , une fois le seuil ultime franchi , sont revenus nous raconter les dernières secondes d’un monde enfui et les premières de ce qu’il est convenu d’appeler L’Au-Delà.
La littérature est plus prolifique à propos de toutes ces choses qui nous font ressentir la vie au maximum: escalades risquées, treks dans les Himalayas, course à obstacle dans la jungle, course au trésor, palpitations amoureuses et orgues délicieux.
Se sentir vivre est l’occupation de la majorité des gens et à l’extrême, celle de la jeunesse. Elle aime les sensations fortes : la peur, la TERREUR même en sont .
Charlebois y fait allusion à propos des films de Fou Man Chou où des Chinois sanguinaires , aux ongles hyper-effilés , enfermaient des héroines mignonnes et sans défense, dans des pièces aux murs hérissés de lames acérées, qui se refermaient inexorablement sur leur poitrine innocente , prudes mais rebondies.
Sans doute , le chroniqueur , voulant illustrer, la pédagogie de la disette après l’abondance, s’en est-il inspiré en songeant à ses proverbes millénaires; « Une chose qui arrive à son terme , se transforme…en son contraire ».
Dans on appel à la Terreur, le chroniqueur songera-t-il à méditer ce dernier :
« Faites attention à la manière dont vous interprétez le monde, car celui-ci finit pas ressembler à l’interprétation que vous en donnez.»
Capice !
Je pense qu’il est illusoire aujourd’hui de vouloir changer le politique. Chaque ministre, surtout celui de la culture, en est un des finances. Le discours politique est celui des comptables. On parle chiffres, budgets, recettes, dépenses, commandites, financements, déficits, surplus. Pas besoin d’avoir lu un livre de fiction pour dicter sa vision de la culture. Vous écrivez ? me demande-t-on. Et combien vous gagnez ? J’imagine que S. Harper s’est enquis du salaire de notre Martel national sans imaginer une seconde qu’il avait affaire à un écrivain qu’on lira bien après l’avoir, lui, notre premier ministre, oublié-enterré-renié à jamais. Respect pour les artistes. Admiration. Célébration. Un jour, nous aurons un vrai ministre de la culture qui aura lu des romans, de la poésie, et qui sera ému de rencontrer un grand écrivain.
L’éditeur Fondation littéraire, fleur de lys, (http://manuscritdepot.com/nous/index.htm) a compris que l’avenir est au web. On peut lire des romans en version numérique sur son site. Certains romanciers, comme François Goulet (http://fgoulet.ifrance.com/), exploitent aussi ce mode qui est en train de révolutionner le monde. Ce qui se vendra le mieux d’ici peu, ce seront les fauteuils pivotants à roulettes pour lire confortablement devant notre ordinateur. Fini le temps de voir les pêcheurs le long de la rivière des Prairies ou du fleuve Saint-Laurent pour taquiner la faune aquatique. L’alose pourra remonter en paix la dite rivière pour se reproduire. Fini le temps de se rendre à Sainte-Anne-de-Sorel, le village du survenant, pour manger de la gibelotte, sorte de bouillabaisse dont la barbotte compose le principal élément. Qui va préparer le filet de perchaude? C’est heureux pour ce poisson en voie d’extinction. Fini le temps des cabanes de pêche l’hiver sur nos cours d’eau. Tous s’encabaneront dans la pièce de l’ordinateur. Sainte-Anne-de-la-Pérade (le Boréal de la pêche) sera bientôt acculée à la faillite. Les crapets soleil qui font le plaisir des enfants pourront nager à leur aise dans les eaux chaudes de l’été. Nos apprentis pêcheurs seront rivés à leur moniteur ou à leur portable. Plus de livres, plus de pêche. Ook Chung va être débiné, lui qui avait trouvé un moyen dans L’Expérience interdite pour que les écrivains produisent davantage. La solution létale à laquelle on propose de soumettre la littérature doit aussi débiner Alberto Manguel, lui qui a écrit L’Histoire de la lecture. Que sortira de ce néant? En parallèle avec les pêcheurs de la Gaspésie et d’ailleurs au Québec, les lecteurs devront s’organiser pour que ne se répète pas la razzia des policiers qui ont vidé ma bibliothèque de son contenu soi-disant gauchiste lors des évènements d’octobre 1970. Dostoïevski, un auteur de gauche? Ah, l’index du 38 à la hanche! C’est pire que l’index du web.
Dans Les Combustibles, pièce d’Amélie Nothomb, trois personnes sont enfermées dans un appartement. C’est l’hiver, on est en temps de guerre, il faut bien se chauffer pour survivre… Tout ce qui pouvrait brûler l’a été; ne restent que livres. Mais par où commencer? Comment se décider à jeter au feu ces auteurs que l’on a lu et relus? Tout un dillemme… Très bon livre, en passant…
Pas de danger que le livre disparaisse. Il est partout. On peut même télécharger des livres entiers gratuitement (livres anciens qui sont passés dans l’usage public). Mon chum emporte souvent quelques livres téléchargés sur son Palm quand nous partons en vacances, cela allège les bagages. Personnellement, je trouve que rien ne vaut le fait de tenir un livre dans les mains, et de voir les pages lues s’accumuler, et de ralentir la lecture pour prolonger le plaisir…
Le livre n’est pas en train de mourir, loin de là. De plus en plus d’auteurs, des bons comme des moins bons publient. Le livre n’est plus le fait d’une Élite, il appartient à tous. Les vedettes (ou celles qui prétendent l’être) écrivent ou font écrire leur biographie. Et ça marche… Certains ne voient aucun intérêt dans la bibliographie de Maman Dion ou de Michelle Richard, mais il y a des gens qui, autrement, ne liraient pas. Même chose pour les romans Arlequin. Du rêve à pas cher, mais au moins les gens lisent… Et peut-être se hasarderont-ils à lire autre chose…
Les jeunes ont leurs collections. Les ados également. Rien à voir à ce qu’on nous servait quand nous étions jeunes: la Comtesse de Ségur, Bob Morane et compagnie. Jeune, j’allais en cachette fouilller dans la biblio parentale, car souvent, je revenais bredouille de la bibliothèque municipale. À l’adolescence, j’ai même lu Zola, alors à l’index…
Quelle joie d’aller au Salon du livre ou dans les grandes librairies. Quelle diversité! Quel plaisir de rencontrer nos auteurs préférés et d’en connaître de nouveaux. Vive le livre…
Peut-être la littérature et para-littératrucs n’est pas assez populaire aux yeux de la minorité de lecteurs dans le monde, mais ils y en a suffisamment pour que le livre existe encore bien longtemps et en format papier. Au nombre incalculable de bouquins publiés et sortis sur les tablettes des librairies et bibliothèques chaque année (pour pas dire jour), il n’est pas nécessaire de ressentir une urgence. L’urgence est plus dans le fait qu’on partage moins l’acte de lire, que l’on porte des jugements de moins en moins critique face à ce qu’on lit et que les enseignants (et autres personnes potentiellement influentes), souvent découragés et pris au piège par une nouvelle clientèle moins curieuse, donnent en lecture des romans plus accessibles… interpellant moins l’action de nos facultés cognitives. En bref, c’est l’intérêt pour le livre qui disparaît… non pas l’objet et les créateurs de l’objet. Le bassin du lectorat de fictions me semble assez stable dans le cours du temps, seule la proportion en rapport avec le nombre total d’êtres humains semblent avoir changé… Je pense que le focus est à mettre sur le développement de l’intérêt pour la lecture, non pas à comment sauver nos livres. Ils nous survivront très probablement quand nous aurons réussi à nous éteindre sous le fléau de la politico-économie-occidentale.
Une des meilleures façons de se faire entendre des ministres, c’est que les artistes démontrent avec éclat qu’ils participent vraiment à l’économie sociale du pays. Je suis un écrivain ? Je donne 1 sou par livre vendu à une cause sociale. J’ai des produits dérivés de mes personnages sur le marché ? Je donne aussi 1 sou par article vendu à une cause. Les chanteurs pourraient offrir 1 sou par album, les comédiens 1 sou par entrée au théâtre et au cinéma, etc. Tout cela pour symboliser le 1%, bien sûr. Cela pourrait durer seulement 1 journée. Il faudrait une publicité incroyable auprès du public pour que cette initiative remporte un succès fou. Ainsi, les artistes n’y perdraient pas au change, car ils feraient plus de bénéfices en vendant davantage. Et ce serait une occasion en or pour le public de montrer à quel point il tient à ses créateurs.
Des représentants des artistes pourraient rencontrer les élus pour leur faire part des résultats économiques obtenus. Je suis certaine qu’ils seraient surpris et qu’ils respecteraient enfin les artistes. Il faudrait cependant qu’il y ait aussi un représentant de ceux qui se font refuser des subventions : pas de subventions équivaut à zéro sou pour les oeuvres caritatives, évidemment. Ça pourrait tous les faire réfléchir, s’ils ont encore un coeur. Car des artistes humanistes, il y en a plein : Richard Séguin, Paul Piché, Martin Deschamps, Isabelle Boulay, Dan Bigras, etc. Ils s’impliquent tous. S’ils arrêtaient de contribuer à des causes, les organismes auraient des difficultés. Mais il faut être vigilant : le Refuge s’est fait enlever 100 000 $ de subventions parce qu’il organise chaque année un spectacle-bénéfice. Même si le spectacle a généré des profits plus substantiels en 2006 qu’en 2005 (50 000 $ de plus pour être exacte), les jeunes ont donc bénéficié en bout de ligne de 50 000 $ de moins à cause de la voracité du gouvernement. C’est inacceptable. On devrait tous descendre dans la rue quand ça arrive pour les dénoncer
Hélas, hélas, vous avez raison dans un sens. On a effectivement tout fait pour promouvoir la lecture. Mais on a oublié totalement l’endroit où il doit être promu: l’école. On a fait en sorte de montrer que la lecture se limite à un loisir; qu’il n’est pas exigent de lire.
À l’école, on a rendu la lecture ludique; on a pousuivi jusqu’en secondaire V le conte en pyjama. La littérature ? Hein, kessé ça ? Les affaires plates auxquelles on ne comprend rien.
Quand les jeunes abordent la littérature, c’est pour y faire des travaux, des dissertations, des analyses…Rien pour aimer lire. Ils doivent lire pour prendre des notes, pour gagner des points, pour arriver à passer le cours.
Il doit bien exister un moyen de transmettre l’amour de la lecture sans que tout, absolument tout ne devienne un jeu. harry Potter, c’est extraordinare, mais il y a autre chose.
Où a-t-on perdu le sens de la lecture ? Quand on l’a démocratisée de la plus mauvaise façon: en l’obligeant à s’agenouiller devant le lecteur.
Je n’irai pas jusqu’à dire cela, mais c’est clair qu’il ne s’intéresse pas à la lecture. J’ai même hâte de voir si toutes les propositions de lecture que monsieur Martel lui a envoyé, se rendront jusqu’à lui. J’imagine qu’il recevra des remerciements de l’une de ces secrétaires qui signera pour lui.
Cher Dickner, encore une fois, vos propos sont d’une grande justesse et teintés d’une douce ironie. Vous soulevez avec beaucoup de justesse toute la puissance de l’interdit… Rien de mieux que l’index pour raviver l’intérêt de la population à l’égard de la littérature ! C’est vrai, pensez à tous les récits de nos vieux professeurs qui avouèrent parfois avoir violé l’index. Ne sont-ils pas devenus des fous de littérature grâce à l’attrait de l’interdit, grâce à cette volonté qu’avait l’Église de leur dire ce qui était sensé sauver leur âme ?
Ainsi en était-il des lectures adolescentes de quelques uns de nos ancêtres. Que Dieu sauve leur âme !
Que Yann Martel voie à prêcher pour sa paroisse, se fasse de la publicité sur le dos des politiciens, c’est bien son affaire. Sa façon de faire est évidemment plutôt prétentieuse, du genre « moi, je détiens la vérité et vous, vous n’êtes que des ignares incultes » mais ça, c’est son problème. Qu’on le laisse donc braire dans son champ, sans faire trop de cas de ses élucubrations.
Mais à vous lire, cher monsieur Dickner, on ne sait pas très bien où vous logez vraiment concernant cet hurluberlu. Vous êtes pour cette attitude pédante? Tout simplement amusé? Considérez-vous que cela ait une quelconque utilité, que cela soit finalement favorable à la lecture? Puis, vous passez plus ou moins en revue tout ce qui se fait pour promouvoir le livre, en vous désolant toutefois du résultat. Que je vous dise, c’est qu’on aborde apparemment la question de la mauvaise manière.
Parce qu’il me semble que l’obstacle principal nuisant à la lecture soit l’illettrisme généralisé qui prévaut de nos jours. On sait pitonner des tas de gadgets électroniques mais on ne sait plus tellement épeler ou conjuguer. Et le vocabulaire de la plupart est d’une pauvreté abyssale. Pour ne mentionner que la situation relative au Québec, la dérive vers le franglais à titre de dialecte local (en remplacement du joual truffé de gros jurons), constitue à n’en pas douter un sérieux empêchement à la compréhension d’un texte écrit correctement rédigé. Et, quand on ne sait pas lire parce que le sens des caractères typographiques sur le papier nous laisse perplexe, on retourne pitonner.
L’avenir du livre passe donc par l’enseignement adéquat de la langue. Il est urgent que l’on cesse l’expérimention pédagogique à laquelle se prête notre déconnecté ministère de l’Éducation depuis beaucoup trop longtemps déjà. Oublions ces campagnes de promotion qui ne sont que de futiles coups d’épée dans l’eau. Le problème, c’est l’illettrisme. Voyons-y – et on n’aura plus besoin de se mettre martel en tête.
Il faut admettre, que le mode de l’édition est peut-être bien, en voie d’extinction? Ou, devrais-je dire, l’édition du réel livre? Peut-être, que le virtuel fera, des ravages plus, que l’on croit. Une petite parenthèse, pour avoir vu chanter : «Céline Dion au côté D’Elvis Presley», comme en direct, de l’au-delà? Juste pour vous dire, à quel point rien n’est impossible, et paradoxalement, tout devient possible. Peut-être, pourrons-nous voir revivre, sous nos yeux hagards, les savoureuses discussions, de Jean-Paul Sartre avec Albert Camus?
D’un autre côté, les gens lisent de moins en moins, cela n’est pas un secret pour personne. Il est plus facile, d’aller visiter quelques bibliothèques sur, Internet que de se donner la peine, de bien feuilleter, page par page, un bouquin. C’est la loi, du moindre effort, n’est-ce pas? Le moindre effort pour qui? Pour faire disparaître, à tout jamais le droit de lire? Ou, simplement pour choisir, son droit de lire? Et, dire que l’on lisait, sous la couverture, avec un crayon lumineux, pour ne pas être prise au pensionnat? Autres temps, autres moeurs! L’avenir, nous confirmera, si l’index du rhinocéros, fait parti des dinosaures? Ou, si Fahrenheit 451 est déjà, notre présent.
Les promesses, mots légers, lourds espoirs…
Idées prometteuses, idées hasardeuses…
Je ne perd pas espoir que tu sauras te racheter pour ce qui est de la poésie, j’avoue que j’attendais…(quoique tu ne me dois rien, bien sûr)
J’ai terminé Nikolski d’une traite, un soir de cette semaine…
Magnifique.
En me couchant, j’avais dans la tête des tonnes d’images de tes personnages, des flash d’images de pirates et de cartes au trésor, de livre à trois-têtes, de boussole, d’îles lointaines et sauvages.
Me surprenant à penser où j’irais, si je partais comme ce jeune libraire, laissant tout derrière!
Belle invitation au voyage!…
Belle écriture humaine que tu as.
…
Aujourd’hui, je suis allée quérir un autre livre à ma librairie favorite…un certain traité.
J’y suis déjà plongée complêtement
…
Pour ce qui est de ton idée de livres transformés en papier de toilette, quelque chose me dit que certains écologistes « radicaux » seraient de ton côté.
Bien drôle d’idée.
Qui sait si ce serait efficace comme tactique!?
Chose certaine, l’optique d’être écrivains et lecteurs « clandestins » dans un monde de prohibition littéraire est bien romantique et aventureuse!
…
Et si on s’approvisionnait de paperasserie-bureaucratique-inutile plutôt que de délicieuse littérature pour faire du papier de toilette et des livres pleins d’imagination et d’images belles…?
Peut-être même que certains bureaucrates prendraient un malin plaisir à déchiqueter tout ces papiers futiles.
Plus du tiers de Québécois ne lisent jamais. Le livre serait dépassé. Je suppose qu’une autre partie de la population lit essentiellement des journaux et des revues.
Une minorité des gens lisent encore. D’autres écoutent de la musique et la plupart regarde la télévision.
Le livre ne rend pas plus intelligent le lecteur. Il faut chercher ailleurs l’apport du livre (roman, biographie, essai, poésie, etc.) dans la vie des gens. Oui, il oblige à un certain effort intellectuel. Encore là, ne surestimons pas cet aspect.
Surtout, il nous permet d’aborder un monde imaginaire que nous réinterprétons de façon unique sans l’aide d’un intermédiaire. C’est ce qu’apporte le livre par rapport au cinéma, au théâtre et à la musique. Chacun de ses arts ont en commun le mot. Si nous ne sommes pas acteurs, comédiens, réalisateurs, chanteurs-compositeurs,… nous sommes tous des lecteurs.
Lecteurs d’un roman, nous ne sommes pas à la remorque du réalisateur, de l’interprète et du metteur en scène. Nous vivons chaque livre selon ce que nous sommes. Voilà la merveilleuse aventure. Nous le lisons pendant l’espace d’un jour ou d’un mois. Nous arrêtons à la deuxième page ou nous le lisons huit fois. Nous sommes maîtres du temps que nous lui consacrons.
Dans l’Allemagne nazie, on brûlait les livres. On ne brûlait ni les ni les films, ni les oeuvres classiques. Certains compositeurs et réalisateurs juifs furent obligés de quitter le sol allemand. Mais la censure fut beaucoup plus douce pour les films et les oeuvres musicales. Pouquoi?
Le livre a ce pouvoir subversif d’aller directement au lecteur. « Le pavillon des cancéreux » et « Le premier cercle », deux romans de Soljenitnyne, ont contribué de façon directe à remettre en question le régime communiste soviétique en le fissurant par des phrases assassines colportées dans les samizdats.
Non à l’interdit, vous facilitez trop les censeurs. Ceux-ci n’ont pas su développer votre sens de l’humour. Ils ne lisent.
Moi-même, quand j’étais petite, ce que je préférais lire, c’était ceux des romans qui m’étaient interdits.
Aussitôt que j’étais plus de 10 minutes sans surveillance, je pénétrais dans les chambres de mes deux soeur aînées et me dépêchait de dévorer quelques pages des Histoires Extraordinaires d’Edgar Allan Poe.
Évidémment, à l’époque, je n’y comprenais pas grand chose. Mais cela ne diminuait en rien mon plaisir, celui de faire quelque chose d’interdit.
Parmi les incontournables classiques littéraires qui me sont tombés sous la main, notons aussi journaux intimes et correspondances personnelles de mes deux chanceuses de soeurs.
Votre chronique tombe on ne peut plus à point dans cette période de mon existence, car non seulement je viens tout juste de finir l’oeuvre de Bradburry que vous citez, mais de plus, j’ai enfin visionné le court-métrage « Time Enough » (vous savez, le Twilight Zone dans lequel un féru de littérature rencontre toujours quelque empêchement pour assouvir sa passion ?)
Alors oui, rétablissons l’Index !
***
Concernant Yann Martel, son initiative serait-elle tintée de mépris qu’elle n’en serait pas moins justifiée. N’ayant pas voté pour Harper, je me désole constamment de que ce gros agrès antikyoto probush peut débiter comme imbécilité…
Dans un temps éloigné, la lecture et l’écriture étaient réservées à une élite appelée Scribes.
Quelques temps plus tard, Martin Luther décide de mettre ce privilège à la portée de tout le monde. Il invite les gens à lire. Dans ce temps là, la Bible était le seul livre populaire que les gens pouvaient lire.
C’est que la lecture aide au développement du sens critique des gens. Et je ne vois pas comment peut-on créer une société démocratique sans faire la promotion de la lecture et de l’écriture.
Aujourd’hui, nous devons nous demander si nous sommes dignes de bénéficier du don que nous a fait ceux qui ont lutté toute leur vie pour créer les maisons de presse afin de sortir le peuple de l’ignorence. Allons-nous tourner le dos aux trésors inestimables que nous offrent les livres ? Devons-nous assister à la descente aux enfers de notre civilisation ?
Nous sommes faits pour communiquer et pour échanger nos émotions. Nous sommes appelés à vivre en société donc à nous organiser pour assurer notre survie. Pour survivre, nous sommes obligés d’échanger des informations entre nous et cela ce fait au moyen de l’écriture. Cette façon de procéder sert de référence aux générations actuelles et dans un avenir lointain.
Personnellement, je ne vois pas comment je pourrais exister sans toutes ces richesses que je trouve dans le monde littéraire. Plus je lis, mieux je comprends les gens qui m’entourent, surtout ceux qui sont complètement différents à moi.
En tant que femme, noire, immigrante, étrangère et pauvre, je me sens grande dans le monde des lettres. Et je tiens à dire aux politiciens que une société qui sait lire et écrire est une société en santé.
J’aurais pu choisir de vivre en anglais et d’aller travailler dans les factories. Mais j’aurais passée à côté d’une vie exeptionnelle. Maintenant, je suis prête à servir mon deuxième pays. Si vous me faites confiance, voter pour moi
La connaissance est un pont.
Vos suggestions M.Dickner auraient pu figurer en bonne place du programme de feu le Parti Rhinocéros fondé par Jacques Ferron sauf que votre vision est plus noire que rose bonbon.Plutôt que d’abolir le livre de fiction,notre grand Rhinocéros en chef aurait sûrement dégusté avec ironie la démarche de Yann Martel et je crois bien qu’il aurait pu exploiter le sujet avec un style encore plus mordant et absurde.Personnellement,ma suggestion serait que chaque électeur concerné par l’indifférence de la classe politique envers la culture adopte son député et/ou ministre et lui fasse parvenir qui un livre,qui un billet de théâtre ou une entrée pour un musée.Sur la liste d’exception:Liza Frulla (même si elle n’est pas du bon bord)et Lucien Bouchard qui trouvait le temps de lire Proust.
Quant à l’Index que vous proposez de rétablir,il y a une petite erreur d’interprétation:ce n’était pas un genre littéraire en soi qui était plus susceptible qu’un autre de se retrouver sur cette liste mais le fait d’y retrouver des idées pernicieuses contraires à l’enseignement de l’Église catholique.Il est vrai cependant qu’on a rien inventé de mieux pour stimuler l’attrait.Depuis Adam et Ève,le fruit défendu a conservé son aura de séduction dussions-nous tous être bannis du paradis.
Plus sérieusement et à propos de l’avenir du livre dont on se plaît à prédire la disparition,je n’y croyais pas et je pensais que la situation décrite par Bradbury dans Farenheit 451 était réellement du domaine de la science-fiction mais c’était avant de voir la pièce « Une trop bruyante solitude » de Bohumil Hrabal. Cette dernière met justement en scène un destructeur de livres nommé par l’État. Cependant comme dans le livre de Bradbury,il y a une note d’espoir en ce sens que ce cher homme entreprend d’en arracher certains à la mort,ce qui m’amène à penser que la fin de la littérature n’est pas encore pour demain… Stephen Harper a donc du temps devant lui pour se cultiver…
Désolé d’être aussi rabat-joie, mais il me semble qu’aujourd’hui les livres mis à l’index n’attireraient pas les gens. Pourquoi? À cause de la télévision. Pourquoi se fatiguer à se lever, à sortir de la maison, à se promener dans les librairies afin de choisir quel(s) livre(s) on veut acheter (acheter un livre, quel horreur!), à aller jeter un coup d’oeil pour savoir quel(s) livre(s) on veut emprunter? Pourquoi dépenser ma paie pour des trucs aussi minables?
Avec la télévision, aucun effort à faire: on prend la zappette et pouf! on allume la télévision. Pouf! on change de canal! Pouf! on monte ou ou descend le volume! Et enfin pouf! pour l’éteindre!. Pas besoin de se lever, ni sortir! De toutes façons, la télévision est déjà payée. Pourquoi payer pour un livre quand on paie le même montant pour le câble?
Personne n’est prêt à payer un 20$ ou 30$ par mois pour un roman, mais tous veulent emprunter pour une télévision à écran plasma ou LCD à au moins 2 000 $!
Supposons que votre index fonctionnerait. Les livres coûteraient trop cher pour les plus pauvres de la popualtion et la culture redeviendrait élitiste. Voulons-nous cela? Voulez-vous réellement cela, Monsieur Dickner?