Je suis allé me faire voir…
Impertinences

Je suis allé me faire voir…

C’est donc au Voir que j’aboutis… Je suis agréablement surpris. Média indépendant des grands groupes de presse et des gouvernements, où on me laisse toute la latitude dans le choix de mes sujets et dans mes opinions, et qui, en plus, me laisse mes samedis matins libres; finalement, cette histoire de congédiement de Radio-Canada tourne pour le mieux. Et puis, je ne serai plus "le gars des Zapartistes qui faisait des chroniques à Le Bigot", je serai "le gars des Zapartistes qui fait des chroniques dans Voir"… La page est tournée.

Je ne tiens pas tellement à revenir sur le sujet car je n’ai pas envie de jouer à la victime. Mais je tiens à remercier encore une fois les nombreux auditeurs qui m’ont manifesté leur appui, toute l’équipe de Joël Le Bigot pour ces belles années, et surtout mon collègue Christian Vanasse pour le guts de son geste et les autres Zapartistes, François Patenaude et Nadine Vincent, pour leur solidarité.

Je ne dirai que ceci: non, ce n’est pas un événement que j’ai cherché à provoquer pour me faire du capital politique. C’est une décision qui est venue de la direction de la radio (par-dessus la tête de la réalisation de l’émission), et qui m’a réellement déstabilisé. S’ils avaient bien le droit de ne pas renouveler mon contrat, on peut quand même se poser de sérieuses questions sur ce qui les a motivés à le faire alors que l’émission, et précisément le segment de l’émission où je livrais mes billets, connaissait un succès grandissant et trônait à la tête des cotes d’écoute le samedi matin. Et seulement de se poser les questions, c’est déjà pas joli, imaginez si on avait les réponses…

Maintenant au Voir, merci à Richard Martineau pour la plogue et à Christophe Bergeron et toute l’équipe pour l’accueil. J’ai bien certaines angoisses de passer de l’oral à l’écrit, qui ouvre beaucoup plus la porte au picossage puisque les écrits restent. Mais tant mieux, au fond, apprenons à nous picosser joyeusement. Agree to disagree, que je me dis… Des fois, je trouve que ça manque au Québec, où l’on a souvent tendance à se ranger rapidement dans un clan et à juger les différents politiciens, chroniqueurs et éditorialistes politiques par leurs affiliations plutôt que sur leurs idées, à la pièce.

Autrement dit, il n’est théoriquement pas impossible qu’un jour, je reconnaisse que Jean Charest a fait un bon coup. J’attends encore, mais je suis ouvert… Et si 90 % de ce qui s’écrit dans la page éditoriale de La Presse me choque, il y a quand même un 10 % avec lequel je peux être d’accord. Peut-être que je me trompe dans les chiffres… mais ce ne serait que 1 % que ce serait important de le voir quand même…

De l’autre côté, ceux qui me connaissent le savent, je suis plutôt de gauche, écologiste et en faveur de l’indépendance du Québec. Mais ça ne m’empêche pas de trouver que ces idéaux sont parfois pervertis ou bien mal défendus et je ne me gênerai pas pour en parler, surtout si l’occasion est savoureuse. De toute façon, c’est souvent quand on critique son propre "camp" qu’on est le plus pertinent.

Il se peut que je joue au journaliste de temps à autre si on vient me porter des enveloppes brunes contenant des scoops fracassants mais cette chronique sera d’abord et avant tout, comme ce que je faisais à la radio, un billet d’humeur, principalement sur des sujets de politique et de société parce que c’est ce qui me passionne. J’ai, bien sûr, mes opinions, mais je ne pense pas détenir la vérité. En fait, oui, je le pense souvent, mais vous n’êtes pas obligés de me croire. J’espère seulement que ma subjectivité saura vous faire sourire et réagir, que mes écrits alimenteront les réflexions et les discussions. Prenez-moi comme l’équivalent d’un gars qui passerait à 110 %, mais qui parle de politique.

Il y aura, en colocation avec le site des Zapartistes, un blogue d’associé à cette chronique. Ce n’est cependant pas la tribune pour parler des spectacles des Zapartistes puisque le groupe a déjà un site Internet (www.leszapartistes.com) et bientôt un forum pour ça. Mais sur tous les sujets que ma chronique pourra aborder, j’ai bien hâte de lire vos réactions et vos commentaires, de prendre le pouls du lectorat de Voir et d’y puiser à mon tour réflexion et inspiration.

Alors voilà, c’est parti. Je suis maintenant au Voir. Faut que je réchauffe mes jeux de mots pour faire mes titres…