Impertinences

Retour de vacances

Certains lecteurs ont souligné le fait que ma chronique de la semaine dernière portant sur Isabelle Boulay était étonnamment légère compte tenu de tout ce qui se passait dans l’actualité, en particulier tout le grenouillage au Parti Québécois. C’est que, voyez-vous, je suis un petit snorro. Je ne vous l’ai pas dit, mais la semaine dernière, j’étais en vacances, parti chercher à Cuba avec ma copine un peu du soleil qui nous faisait si cruellement défaut en ce début de printemps. Cette chronique plus culturelle et intemporelle avait donc été écrite d’avance.

Mais quel retour! Pendant mon séjour, juste au PQ, Boisclair a eu le temps d’accuser Gilles Duceppe de lui jouer dans le dos, puis, de démissionner à cause des pressions grandissantes. Gilles Duceppe, quant à lui, a eu le temps de se porter candidat à sa succession, puis, de se retirer. Enfin, Pauline Marois est sortie de sa retraite et elle se dirige maintenant vers un couronnement.

C’est qu’il peut s’en passer des choses en une semaine! Je devrais partir en voyage plus souvent…

JE L’AVAIS DIT!

Ainsi donc, Pauline Marois revient. Je l’avais prédit! D’ailleurs, le moment est bien choisi pour revenir sur les prédictions que j’avais faites dans ma première chronique de 2007, où je jouais à Nostradamus.

Je voyais venir un recentrage de Harper sur l’environnement et voyais Rona Ambrose en être la première victime. À moitié vrai. Rona est partie, mais Baird a pondu un plan vert ridicule dont personne n’est dupe. J’ai sans doute fait un peu de wishful thinking sur cette question. Il ne faut jamais sous-estimer la résistance au changement d’un parti qui se définit comme conservateur.

Je prédisais que Charest gagnerait les élections et qu’André Boisclair blâmerait Québec solidaire pour ses pertes. Solide. Boisclair a blâmé bien d’autres personnes et circonstances, mais accuser la fameuse division de "la gauche" a fait partie de l’analyse. Je m’accorde ici une clairvoyance brumeuse.

J’avais prédit aussi que ce serait Philippe Couillard qui serait le grand perdant de l’élection chez les Libéraux. Ce que je n’avais pas vu venir, c’est l’ampleur de la montée de l’ADQ et le fait qu’elle réduirait le PLQ à un gouvernement minoritaire presque marginal dans l’électorat francophone et le PQ au statut de troisième parti. Mais avec Couillard toujours assigné à résidence à la santé, on peut dire que cette prédiction s’est quand même en partie avérée aussi.

Puis, j’avais écrit: "au Parti Québécois, on va beaucoup s’ennuyer de Pauline Marois, et même peut-être un peu de Bernard Landry. La chanson-thème de l’état d’esprit des péquistes risque fort d’être: "Dis, qu’est-ce que tu dirais si j’te disais "reviens""…"

Non, mais hein? Pas pire boule de cristal, quand même? (bruit de bretelles qui pètent)

Après, ça se gâte un peu… J’avais prévu, sans doute par excès de pessimisme, que Stéphane Dion grimperait dans les sondages en disant toutes les bonnes choses et que Jack Layton serait confondu. Là, ce n’est pas arrivé du tout. Mais, quand même, j’en concluais que ces circonstances feraient sans doute vivre à Gilles Duceppe sa plus difficile année politique. Je sentais bien quelque chose, comme un voile noir autour de son aura, mais c’était un peu confus…

J’avais aussi prévu que les Républicains américains réussiraient à reprendre l’initiative grâce à John McCain et que Ségo l’emporterait sur Sarko. Bon… On ne reviendra pas trop là-dessus, c’est loin de chez nous, il y a plus de distorsion…

ET MAINTENANT…

La donne politique au Québec a donc considérablement changé en une semaine.

Le Parti Québécois vient de faire "reset" sur la dernière course à la chefferie. C’était le tour à Pauline. Ça l’est maintenant plus que jamais. C’est qu’elle semblait vraiment avoir tourné la page, la grande mandarine. Et ça a joué en sa faveur. Au Québec, sans doute de par notre héritage catholique, on se méfie de l’ambition. Les Jacques Parizeau et Bernard Landry comme les Paul Martin aussi, ça sent trop la volonté de pouvoir. Pour Dumont, c’est différent. Il a tellement tenu le fort d’un tiers parti longtemps que ça force le respect. C’est un peu un René Lévesque. Sinon, on aime les sauveurs, les Lucky Luke qui acceptent, presqu’à reculons, de venir jouer les sauveurs. Un Lucien Bouchard pour les souverainistes, un Jean Charest au PLQ. Et maintenant Pauline Marois.

Et le plus beau, c’est que ce n’est même pas parce que c’est une femme que c’est son tour. Pauline Marois a gagné la chefferie du PQ par sa compétence et son expérience, mais surtout par la dignité exemplaire dont elle a fait preuve au cours de sa brève retraite après son amère défaite. C’est donc parce que c’est son tour À ELLE. Et à mon avis, c’est encore une plus grande victoire pour la place des femmes en politique.