Impertinences

Nos politiciens sont des chihuahuas

En pleines vacances, quand toute la famille a besoin de l’auto pour se sortir du train-train, le prix de l’essence monte en flèche. Les politiciens se disent interpellés par le problème, se portent à la défense des fameuses petites familles, contemplent quelques pistes de solutions pour finir par gentiment demander aux pétrolières de bien vouloir modérer leurs transports, comme ça, par civisme. Elles ne le font pas et ne sont sanctionnées d’aucune façon. Excusez-nous d’avoir dérangé.

Même scénario pour les frais bancaires aux guichets automatiques. Jack Layton profite du fait que le gouvernement est minoritaire pour faire avancer cette cause qui tient du plus élémentaire respect des consommateurs. Tous les partis sont d’accord. Harper embarque. Flaherty gronde les banques. Il leur demande de réduire les frais des guichets automatiques et de diminuer les frais généraux pour les démunis. Les banques ne font rien. Il n’y a aucune sanction.

Un tel mépris des gouvernements chez une nation autochtone, un groupe religieux ou un syndicat et ce serait tout de suite la levée de boucliers, la police montée, la loi spéciale. Ça nous indique bien qui c’est qui mène…

Et c’est le même scénario dans le cas de la concentration de la presse. Même chose aussi dans les prises de contrôle de nos compagnies par des compagnies étrangères qui ne seront liées par aucune obligation de conserver ici un certain nombre d’emplois ou un siège social. Et les exemples en environnement sont innombrables. Quand il s’agit de "dealer" avec des multinationales qui n’en font qu’à leur tête, depuis des décennies, nos gouvernements conseillent, espèrent, s’inquiètent, s’insurgent, mais ne font rien. Le chien aboie, la caravane passe. Et le chien ne sursaute même pas. À peine est-il un peu gossant. Nos politiciens sont des chihuahuas.

En fait, c’est pire que ça. Un chihuahua en colère, c’est risible parce qu’il ne représente aucune menace. Mais au moins, il jappe pour vrai. Il y met toute la gomme. Il essaie de compenser sa petite taille par les décibels d’un concert d’aboiements bien sentis. Si seulement il le pouvait, il te la maganerait d’aplomb, la caravane.

Mais chez nos politiciens, ça manque de conviction. C’est qu’ils ne jappent que pour la forme. Parce que s’ils ne jappaient pas, ça paraîtrait trop qu’ils acceptent cette situation. Et que souvent ils la soutiennent. Mais ils ne peuvent pas le dire. Alors, petit public captif, on doit se taper à répétition ces colères de guignol, ces indignations de pacotille où chaque parti joue à qui aura l’air le plus crédible. Quel lamentable théâtre.

Pourtant, il est possible de réagir en nationalisant au moins une partie de la distribution de l’essence. Il n’y a pas que le Venezuela de ce méchant socialiste de Chavez et ses émules qui s’y colle. C’est le cas de l’Argentine (qui en a soupé des solutions néolibérales du marché qui va tout régler tout seul), du Brésil et de la Norvège, entre autres. Et dans le cas des OPA (prises de contrôle hostiles), la Pennsylvanie (un autre berceau du socialisme) a mis en place des lois pour empêcher qu’on la vide de ses entreprises, ce qui protège actuellement l’Alcoa. Si ça se fait ailleurs, pourquoi pas chez nous?

Parce que si nous n’avons plus que le pouvoir de choisir celui qui nous dira qu’on n’a pas le choix, notre démocratie est décidément rendue bien étroite.

LE QUÉBEC PERD DU POIDS ET S’EN PLAINT

Un autre concours d’aboiements, bien local, celui-là. Le fédéral doit réviser la carte électorale pour mieux représenter la population du Canada. L’évolution démographique des dernières décennies a fait que l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique vont gagner des sièges. Toutes les autres provinces, y compris le Québec, conserveront le même nombre de sièges qu’ils avaient déjà. C’est le diktat de la représentation proportionnelle, un des fondements de la démocratie.

Mais voilà, cette évolution fait en sorte que le Québec perd du poids à l’échelle canadienne. Du coup, Duceppe, qui avait sans doute besoin de se sentir utile quelque part, s’est mis à japper. Le PQ et l’ADQ ont eu le même réflexe. Au début, ce vieux berger anglais frisé qu’est Jean Charest regardait ça passer comme si ça ne le concernait pas mais quand il a vu que tout le chenil s’énervait, il s’est mis à japper lui aussi. Un peu en retard mais aussi fort que les autres. Ça ne coûte rien, ça rapporte politiquement et ça n’aura aucune conséquence, alors on se lâche lousse.

Je serai peut-être le seul indépendantiste à penser ainsi mais je suis d’accord avec la position de Harper. Le poids de la population du Québec dans le Canada a baissé et ça doit se refléter sur la carte politique. On peut bien s’en inquiéter, le déplorer et tenter de renverser la vapeur pour l’avenir. Mais créer volontairement un déséquilibre démocratique pour rassurer le Québec serait inacceptable. On ne peut pas niaiser avec ça.

Et puis, cette nouvelle donne pourrait même être salutaire. Parce que si on n’est pas contents de cette situation, on sait ce qu’il nous reste à faire…