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Bonnes en Estrie!

"Estrie!" que j’ai failli m’écrier en voyant l’immense panneau publicitaire qui trône au coin des rues King Est et Saint-François Sud à Sherbrooke. Un immense panneau avec un immense "casseau" de frites McDo, qui doivent bien mesurer six pieds de long chacune. Le tout accompagné du slogan Bonnes en Estrie!.

Après avoir cloné son Big Mac aux quatre coins de la planète, McDo semble s’être lancé dans une nouvelle tentative de séduction: la publicité régionale. Un tel slogan ne peut évidemment pas s’adapter ailleurs au Québec. Bonnes en Mauricie! Pas sûre. Bonnes en Montérégie! Encore moins. En fait, des slogans ont été spécialement conçus pour Trois-Rivières, Québec, Saguenay et Montréal.

Chez nous, Bonnes en Estrie! fait suite à Bouf. Wellington., un slogan accompagné d’un immense Big Mac de six pieds. Au début, sincèrement, je ne la comprenais pas. Je n’arrivais pas à croire qu’il y avait un lien entre ce Big Mac géant et la rue Wellington, située à quelques pas de là. Pourquoi McDonald’s, la reine de la malbouffe, qui réussit à vendre ses hamburgers jusqu’au Koweït, en Corée et en Inde, s’acharnerait-elle à créer une publicité seulement pour l’Estrie? Combien de régions comme l’Estrie existe-t-il dans le monde? Combien de régions regroupent plus ou moins 300 000 habitants?

Il faut dire que les temps sont difficiles pour les dirigeants de l’entreprise, qui doivent rire aussi jaune que leurs célèbres arches. Vache folle, obésité, syndicalisme et pollution font partie des démons qui planent désormais sur la tête de Ronald. Au cours de l’année 2003, la valeur des actions de McDo a fondu comme une tranche de fromage sur le gril, passant de 27,01 $ à 12,21 $. L’entreprise prévoyait même fermer 420 restaurants et 180 comptoirs au cours de la dernière année. Mais à force de lancer des menus santé et de scander "C’est ça que j’aime!", le géant a réussi à reprendre du poil de la bête et ses actions flirtent aujourd’hui avec les 24,65 $.

Chaque année, c’est 800 millions $ US que McDonald’s consacre en dépenses publicitaires pour inciter les petites familles et les pré-ados à manger dans ses restaurants. Il faut dire que ça en prend des jolies ritournelles, des belles frimousses d’enfants, des grosses frites de six pieds et des slogans à saveur régionale pour continuer à faire vendre une nourriture aussi riche en calories et aussi pauvre en goût.

Médias paranoïa
Les grands froids de la dernière semaine étaient évidemment sur toutes les lèvres au cours des derniers jours. Particulièrement sur celles des présentateurs de bulletins de nouvelles télévisées. Oui, il est du ressort des médias d’informer la population. Mais est-il de leur ressort de dire ce qui "pourrait-arriver-si-peut-être-vous-ne-prenez-pas-les-précautions-nécessaires"? Tout ce que j’ai entendu au cours de ces trois ou quatre jours de froid, c’est: "Si vous n’avez pas affaire à sortir, restez chez vous!"

Si j’avais écouté les conseils d’un animateur du matin, samedi, je serais passée à côté d’une superbe journée dans une station de ski de la région, où la seule véritable menace publique était ma propre personne vissée sur une planche à neige.

Je déplore cette paranoïa qui semble être devenue la norme en information télévisée. Froid intense rime désormais avec risques d’incendies, intoxications au monoxyde de carbone, sorties de routes et engelures. Certains médias contribuent à alimenter un phénomène de plus en plus répandu dans notre société: la peur d’avoir peur.