En septembre dernier, le groupe We Are Wolves était de passage à Sherbrooke. Cette formation montréalaise a le vent dans les voiles. Son deuxième album Total Magique est un petit bijou d'électro-punk-rock. C'est dansant et ça rend heureux. Avant que le spectacle commence, je discutais avec l'un des membres du groupe. Je lui ai demandé si la hype se ressentait ailleurs qu'à Montréal. Bien qu'il m'ait répondu, il a semblé agacé par la question. Ça m'a fait réfléchir. Le terme serait-il péjoratif? Pour ma part, "hypé" veut non seulement dire branché, mais signifie également qu'un public vient aux spectacles et achète les disques. N'est-ce pas souhaitable? Oui, mais il faut nuancer. Je crois que la crainte d'être associé à une hype vient du fait que plusieurs d'entre elles ne sont pas justifiées. Le terme est galvaudé. De plus, il n'est pas facile de survivre après avoir été la sensation du mois, surtout lorsque le succès survient rapidement. Ce n'est toutefois pas le cas pour We Are Wolves. Je ne suis pas inquiet quant à la pérennité de cette formation.
Arrive-t-il que des groupes de la scène locale des Cantons-de-l'Est soient "hypés"? Absolument. Toutefois, si on compare la hype sherbrookoise à celle de Montréal ou d'une autre grande ville, on peut affirmer qu'elle se vit d'une manière complètement différente. De plus, je dirais qu'elle est moins sournoise en raison du fait que, malheureusement, peu de médias locaux s'intéressent aux groupes de musique d'ici. Il ne peut donc pas y avoir de surexposition médiatique. Ainsi, la hype est souhaitable dans notre contexte régional. La grande question est: comment peut-on la créer?
Il existe plusieurs façons d'obtenir une place de choix au firmament de la scène locale. Les mauvaises langues diront que les groupes locaux qui ont du succès sont ceux qui ont beaucoup d'amis. C'est vrai que ça aide au départ, mais l'amitié a ses limites. D'ailleurs, les formations qui n'attirent que leurs connaissances lors des spectacles devraient se poser des questions…
Faire de bonnes chansons, enregistrer un album de qualité, donner de bons spectacles… c'est la base. Toutefois, il peut s'avérer intéressant de faire les choses autrement. On parle beaucoup ces temps-ci du groupe Misteur Valaire qui permet à tout le monde de télécharger gratuitement sa musique à partir de son site Internet (www.misteurvalaire.ca), mais il est également possible d'oser d'une manière un peu plus "communautaire". Je vais m'attarder à un phénomène qui n'est sûrement pas unique à Sherbrooke, mais qui s'observe ici depuis quelque temps: les shows secrets. Half Baked et Sexyboy en ont fait un dans un immense loft du centre-ville de Sherbrooke l'an dernier. La fête fut mémorable! The Banjo Consorsium a lui aussi donné un spectacle dans un loft rempli à craquer au printemps dernier. Le bouche-à-oreille avait alors fait des merveilles.
La fin de semaine dernière, deux formations musicales de Sherbrooke, Welwitschia et The Random Partition Occurs Through Nowhere, offraient à leur tour un show privé dans un appartement de la rue Wellington. Ces deux groupes post-rock attirent une grande quantité de gens, mais pour cette fois, ils ont fait ça entre amis. L'adresse n'était pas mentionnée sur l'invitation que j'ai reçue. "Si tu ne sais pas c'est où, c'est sûrement que tu n'es pas invité", qu'on m'a dit. Connaissant le lieu du spectacle, je suis allé y faire un tour. Plus d'une centaine de personnes y étaient. Tassés comme des sardines, on a pu apprécier ce show unique.
Pour ces groupes, tout cela n'est sûrement pas fait de façon stratégique ou dans un but mercantile, mais voir un spectacle dans un contexte "intimiste" augmente le sentiment d'appartenance. Ça aide à créer cette fameuse hype.