L’écho des Cantons

Tradition, quand tu nous tiens

Le temps des Fêtes est à nos portes. Pour certains, il s'agit du point central de leur année. On reconnaît ces «freaks de Noël» à certains signes distinctifs: les cadeaux sont achetés, le menu pour le réveillon est planifié (et même testé), ils ont un arbre de Noël, des décorations extérieures et intérieures… Pour d'autres, ces festivités ont un goût de sirop contre la toux car durant cette période de l'année, plusieurs travers de notre société prennent de l'ampleur: l'isolement des plus défavorisés, la surconsommation, la perte de sens… Noël, ce n'est pas jojo pour tout le monde.

Dans mon cas, je dirais que je suis un «modéré». Je n'ai pas de sapin, mais j'ai acheté quelques cadeaux pour mes proches. Pour l'athée que je suis, tout l'aspect religieux est évidemment évacué depuis plusieurs années. C'est le côté traditionnel du temps des Fêtes qui a pris toute la place. Chaque année, j'écoute un disque de Noël en boucle (cette fois, ce sera celui de Sufjan Stevens) et je me fais un devoir de cuisiner quelques plats qui font office de traditions dans ma famille. Le plus important, c'est le «pain sandwich»: un pain blanc coupé à l'horizontale, tartiné de différentes garnitures et couvert de fromage à la crème. Ça a l'air bizarre expliqué comme ça (je me sens un peu comme Ricardo), mais sachez qu'on se chicane toujours pour le dernier morceau le lendemain de Noël. Je crois qu'il s'agit d'un plat traditionnel de la région du Bas-Saint-Laurent, mais je ne veux pas partir de débat sur l'origine de ce plat de «haute cuisine»…

Je veux plutôt vous présenter un des porte-étendards des traditions québécoises à Sherbrooke. Il s'appelle Robert Goulet. Chaque mois, il organise une soirée de danses traditionnelles québécoises. Sa passion va donc au-delà du temps des Fêtes, car c'est à longueur d'année qu'il fait revivre les traditions québécoises sur un plancher de danse. Au cours de chaque événement, il joue le rôle du «calleur»; il anime et explique des danses traditionnelles québécoises comme la quadrille, le set carré, le brandy, la gigue… Un véritable groupe de musique traditionnelle met de l'ambiance à chaque soirée. Les danseurs ont de 12 à 80 ans; M. Goulet est particulièrement fier d'avoir réussi à attirer les cégépiens et universitaires à ses danses. 

L'intérêt de Robert Goulet pour les danses traditionnelles québécoises ne date pas d'hier: «Ça fait 30 ans que je fais ça, mais depuis 2 ans, c'est plus sérieux avec les soirées à Sherbrooke. C'est un bon patrimoine que le patrimoine dansé. Je ne veux pas que ça se perde.» D'ailleurs, il considère avoir un certain rôle à jouer; il prépare la relève: «Je laisse la place aux jeunes le plus possible. Par exemple, il y a ma nièce qui est venue "caller" lors de la dernière danse.» La prochaine soirée se tient le 22 décembre de 20h30 à minuit, au Centre Regroupement Jeunesse Rock-Forest (1010, rue du Haut-Bois).

Est-ce que les danses traditionnelles québécoises font partie des partys du temps des Fêtes de M. Goulet? «C'est sûr qu'on va en danser une ou deux. Il y a aussi les chansons à répondre. Chaque Noël, on sort les cahiers de La Bonne Chanson.» Chaque famille a ses traditions. À nous de les conserver.