L’écho des Cantons

Temps durs pour la haute culture

Il y a de cela quelques jours, un texte paru dans Le Devoir m'a tout particulièrement intéressé. Intitulé L'élite culturelle, une monogamie snobinarde en voie d'extinction, l'article reprenait certaines conclusions d'une recherche en sociologie sur les nouvelles pratiques en ce qui a trait à la consommation de «produits culturels». Est-ce que les gens ont modifié leurs habitudes de sorties (spectacles de musique, sorties au musée, soirées au cinéma, représentations théâtrales…) et d'achats culturels (livres, disques, DVD…)? Il semblerait bien que oui. L'étude précise même que l'élite culturelle (qui ne s'intéresse qu'à la «haute culture») ne constituerait plus un groupe significatif. Cela signifie que désormais, les gens qui apprécient la musique classique, la littérature, l'opéra et les beaux-arts consomment également de la culture populaire. Ils seraient devenus «omnivores».

Je dois avouer (sans honte) que je me reconnais dans la catégorie des omnivores. J'attends avec autant d'impatience le prochain film de Michel Gondry que le nouveau Batman. Je lis avec intérêt les bandes dessinées de Michel Rabagliati ainsi que la poésie de Michel Garneau. J'adore être présent lors des vernissages des différentes galeries d'art, mais du même coup, j'aime aussi assister à des shows d'humour. À mon avis, l'élite culturelle se privait de bien des plaisirs. Il est bien d'avoir mis ce snobisme de côté. «Culture populaire» ne rime pas nécessairement avec «culture de mauvais goût».

Toutefois, il y a un hic. La grande majorité de la population serait «univore» (que de la culture populaire), «paucivore» (que les grandes institutions) ou tout simplement «inactive» (rien pantoute). Cet aspect est plutôt inquiétant.

Il y a dans les Cantons-de-l'Est une offre culturelle incroyable. Vous n'avez qu'à consulter le calendrier du Voir Estrie afin de constater le nombre effarant de galeries d'art, musées et salles de spectacle. Évidemment, ces endroits ne proposent pas uniquement de la culture populaire. Je pense, entre autres, au Théâtre Centennial qui présente des spectacles de danse moderne et de musique classique. Sa programmation est audacieuse et contemporaine. Ainsi, la tâche s'annonce ardue pour les administrateurs de ce genre d'endroits s'ils veulent réunir de bonnes foules; leur public cible saute la clôture…

Éduquer, c'est la clé

Ne soyons pas pessimistes: des actions peuvent être entreprises afin de garder toutes les formes d'art bien vivantes dans notre belle région. La solution réside dans l'éducation. D'ailleurs, ce facteur a davantage de poids sur la pratique culturelle que le revenu. Déjà, plusieurs acteurs du milieu des arts d'ici portent une attention particulière à ouvrir les horizons culturels de la population. Par exemple, les Concerts de la Cité (qui reviendront l'été prochain) offrent des spectacles gratuits en plein air. Il y a aussi le Petit Théâtre de Sherbrooke qui joue un rôle essentiel en proposant au jeune public des créations théâtrales de qualité et à bas prix. D'ailleurs, sa campagne de financement aura lieu prochainement (un coquetel-bénéfice se déroulera le jeudi 7 février au coût de 100 $; on peut s'inscrire en téléphonant au 819 346-7575). Faisons en sorte que la jeunesse soit omnivore!

La campagne de financement du Petit Théâtre de Sherbrooke vient d'être lancée. La troupe nous présentera Tante T à partir du 25 janvier.