L’écho des Cantons

La Nef, phase 2

Samedi dernier, on inaugurait de façon non officielle la nouvelle fierté du Centre d'arts La Nef situé dans l'ancienne église du 1175 de la rue King Ouest à Sherbrooke. André L'Espérance en est toujours le propriétaire (certains diraient mécène) et on y trouve encore un organisme regroupant les différents artistes qui y ont élu domicile. La scène a longtemps été leur bête noire. «Toute la place était clean, sauf le stage. Il était grand temps que ça se fasse», explique le musicien Sébastien Hinse, l'un des locataires des lieux. La scène a été rénovée et elle est désormais équipée du minimum; il n'y a donc plus d'élément qui détonne à La Nef. Un jam session était organisé pour souligner ce bel atout. «Dans le fond, on voulait vérifier si toutes les prises de courant fonctionnent», ironise-t-il.

Des musiciens de la région ont donc pu jouer pour une toute première fois sur ces nouvelles planches. Ils étaient entourés par un bien joli (et étrange) décor, principalement composé de tuyaux provenant du vieil orgue de l'endroit. «Au début, on voulait le faire réparer. On s'est renseignés. Ça aurait coûté entre 200 000 $ et 300 000 $. On nous a également dit que les orgues ne manquent pas en région. Il n'y a pas de besoin à ce sujet», au dire du musicien. L'orgue a donc été vidé et le sculpteur Matthieu Binette, un autre locataire de La Nef, a bâti différents modules avec son contenu pour enjoliver la scène. Au centre de celle-ci, on voit également une toile de l'artiste Deborah Davis.

Cela fait plus de cinq ans que La Nef existe. Avec la scène aménagée, on peut affirmer que la première phase de ce centre d'artistes est complétée. «On avait des objectifs pour les cinq premières années, et tout a été atteint. On est rendus à la deuxième étape du projet», me dit Sébastien Hinse. Cette phase 2 implique la tenue d'événements. «Ça ne doit toutefois pas nuire aux artistes qui ont des locaux ici. La mission première reste de leur offrir des espaces de création de qualité.» Évidemment, les événements culturels seront tout particulièrement encouragés, mais tout y est possible.

Une scène complémentaire

Au départ, je me suis demandé si cette nouvelle scène répondait à un réel besoin. N'y a-t-il pas déjà plusieurs salles de ce genre à Sherbrooke et dans les environs? Oui, mais à discuter avec Sébastien Hinse, je me suis bien rendu compte que La Nef n'offre pas la même chose. Ceux qui veulent y organiser un événement doivent s'investir davantage; l'endroit ne prend pas tout en charge. «Ici, tu fais ton projet comme tu le veux, à ta façon. Ça peut te coûter moins cher si tu es débrouillard. On n'est pas en compétition avec les autres salles. On ne s'engage pas à être producteur ou diffuseur de spectacles. On n'a pas encore de programmation», précise-t-il.

De plus, cet endroit administré en grande partie par des bénévoles comporte plusieurs bémols: le son est une véritable calamité, l'éclairage est déficient, le chauffage est inégal… Il n'y a pas de miracle à faire en cette ancienne église, mais l'ambiance qui y règne peut compenser dans bien des cas.