Que vous soyez à La Tuque, Coaticook ou Matane, si vous ouvrez le plus récent bottin téléphonique au tout début de la section des Pages Jaunes, vous trouverez un charmant clin d'oil au milieu culturel des Cantons-de-l'Est. Plus précisément, il s'agit d'un court portrait de la troupe sherbrookoise du Théâtre des petites lanternes, ainsi que d'une photo tirée d'une de ses productions, La grande cueillette des mots, c'est pas des paroles en l'air!.
Je trouve plutôt sympathique cette présence estrienne (et culturelle de surcroît) dans le seul «livre» que tous les Québécois possèdent. Ça m'a donné l'envie d'aller à la rencontre d'Angèle Séguin, directrice générale et artistique du Théâtre des petites lanternes, afin de jaser théâtre, implication communautaire… et Pages Jaunes.
Faire la différence
La troupe se retrouve dans le bottin car elle a reçu une distinction pour son engagement social. «Quand on a su qu'on recevait ce prix, ça a été une belle surprise», se rappelle Angèle Séguin. Le Théâtre des petites lanternes est une compagnie professionnelle de théâtre, mais c'est aussi une entreprise culturelle d'économie sociale. Le prix Faire la différence, remis par les Pages Jaunes, est une belle reconnaissance du travail effectué avec le milieu. «Ce qui nous anime le plus est de trouver comment le théâtre peut être un porte-voix à tout ce qui se passe actuellement dans la société. On essaie, dans notre travail avec les milieux, de faire rayonner leurs préoccupations sociales et humaines. Un prix comme celui-là vient décupler ce rayonnement. Tout le monde y gagne.»
Je trouve formidable qu'on mette en lumière ce qu'accomplit le Théâtre des petites lanternes, qui en est à sa 10e année d'existence. On entend (trop) peu souvent parler de ses productions… mais c'est normal, car celles-ci se tissent avec les milieux afin que la «lecture» de la société soit des plus actuelles. «C'est un très long parcours. Notre processus de diffusion est également particulier, car c'est nous qui interpellons les milieux. Si on décide qu'on fait une tournée, on va les approcher en leur demandant: "Est-ce que ça fait du sens qu'on vienne jouer chez vous?"»
Impact est la plus récente création professionnelle des Petites lanternes. Elle s'adresse aux jeunes de 11 à 15 ans et aborde des sujets qui témoignent de la nouvelle réalité de la jeunesse québécoise: hypersexualisation, cyberpornographie et consommation. Ce «théâtre forum» est actuellement présenté un peu partout au Québec et sera joué dans différents milieux en Estrie l'automne prochain… à la demande des établissements scolaires d'ici qui, on l'imagine bien, ont grand besoin d'un coup de main afin d'aborder ces sujets plutôt délicats.
Théâtre noble
Faire du théâtre engagé n'a rien de très… glamour, et c'est très bien comme ça. L'art n'est pas qu'une affaire de tapis rouge et de vedettes éphémères. La culture peut être une occasion de rapprocher les gens, de communiquer, de réfléchir, d'évoluer… Ainsi, je suis d'avis que le Théâtre des petites lanternes incarne ce qu'il y a de plus noble dans l'art. Même les Pages Jaunes me donnent raison.