Qu'est-ce qui différencie un artiste professionnel d'un amateur? Le talent? Ce n'est pas si simple que ça… J'ai parfois l'impression que tout le monde se dit artiste, et ça m'énerve un peu. Ce n'est pas parce qu'on est capable de peindre un ben beau paysage, de réciter (sans se tromper) quelques répliques de Michel Tremblay, de chanter a cappella une chanson de Dalida ou de danser avec classe sur Def Leppard (bon, j'exagère un peu…) qu'on est artiste. Il faut distinguer ceux qui ont des hobbys liés au domaine culturel (les amateurs) de ceux qui ont une véritable pratique artistique (les professionnels). À mettre tout ce beau monde dans le même panier, on s'y perd. De plus, cela banalise une profession qui a grandement besoin de reconnaissance.
À quel moment un créateur peut-il affirmer qu'il fait véritablement carrière dans le milieu de la culture? C'est un peu plate à dire, mais à mon avis, tout est une question d'argent. En culture, l'obtention d'un prix ou d'une subvention a davantage de poids que la très grande majorité des diplômes. Lorsqu'un artiste commence à recevoir des distinctions ou des bourses d'organismes (gouvernementaux ou autres), cela signifie que quelques sages parmi ses pairs ont jugé son travail pertinent et, par le fait même, professionnel. Je crois que c'est à ce moment que tout bascule et qu'un artiste peut prendre son envol.
Bien sûr, il y a ceux qui réussissent à vivre de leur art sans aucune reconnaissance des instances, tout comme ceux qui ne connaîtront pas le succès de leur vivant, mais ce sont des exceptions qui confirment la règle.
Pluie de bourses sur les Cantons-de-l'Est
La semaine dernière, le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), la Conférence régionale des élus (CRÉ) de l'Estrie et le Conseil de la culture de l'Estrie (CCE) remettaient plusieurs bourses aux artistes de la région. Ceux-ci en ont besoin, car vivre de son art dans les Cantons-de-l'Est équivaut bien souvent à vivre pauvrement. Tout de même, il semble y avoir un bon momentum dans le milieu culturel d'ici, car ça faisait un bail qu'on avait vu autant d'argent investi dans les arts.
Ces bourses visent le développement de la culture et soulignent l'importance de la pratique artistique en Estrie. Quatre organismes ont reçu de l'aide afin de consolider leurs acquis: la compagnie de danse Axile, l'Association des auteures et auteurs des Cantons-de-l'Est, la Course Estrie et le centre CREATIO. D'autres artistes ont été subventionnés: en arts visuels (Geneviève Chevalier, Jacques Desruisseaux, Margrethe Ulvik, Denis Palmer, Christine Juillard et Michel Bachelet), en musique (Marc O'Reilley, Pauline Farrugia, Chantale Dodier et Étienne de Médicis), en danse (Liliane St-Arnaud) et en littérature (Yves Boisvert). Le théâtre ne fut pas complètement oublié car le Prix à la création artistique du CALQ en Estrie fut remis à Angèle Séguin du Théâtre des petites lanternes.
Ces récompenses cherchent entre autres à favoriser l'émergence d'une relève artistique. Mis à part les arts visuels et la vidéo, c'est difficile à croire lorsqu'on consulte la liste des lauréats. Disons que la jeunesse n'était pas au rendez-vous cette année… Souhaitons que l'édition 2009 de cette remise de bourses cible davantage les jeunes créateurs, pour qui ce coup de main est crucial afin de faire dévier leur parcours vers le professionnel.