Il y a deux ans, alors que le phénomène MySpace battait son plein, j'écrivais à la blague, sur le site d'un groupe sherbrookois que je découvrais alors, que Sherbrooke était le prochain Seattle (c'est un gag un peu cliché, mais bon…). Il s'agissait de la formation seeyoumirka (www.myspace.com/seeyoumirka), un projet parallèle de Jacques-Philippe Lemieux-Leblanc, leader du groupe folktronique The Banjo Consorsium (www.myspace.com/thebanjoconsorsium). D'ailleurs, cette formation en pleine ascension fait partie de la programmation 2008 du très sélectif festival montréalais Suoni per il popolo; le spectacle est le 5 juin à 21h à la Casa del popolo. Le «buzz» sherbrookois à l'égard de ce band dépasse nettement les frontières de l'Estrie…
Depuis 2006, la scène musicale sherbrookoise (en incluant les groupes qui ont «émigré» vers la grande ville) a pris du galon et ceux qui ne la connaissent pas ont un sérieux travail de rattrapage à faire, car certains événements récents sont en train de me donner raison. L'effervescence pour la scène locale est grande en ce printemps 2008. Après Seattle et Montréal, Sherbrooke?
Le chef de file de cette «nouvelle scène sherbrookoise» est sans contredit Misteur Valaire (www.misteurvalaire.ca), qui a réussi à intriguer pas mal de monde en donnant son webalbum Friterday Night gratuitement via l'Internet. Depuis, l'engouement ne s'est pas tari, entre autres en raison des excellentes performances live de la bande. Signe que les choses vont terriblement bien pour Misteur Valaire: le groupe fait partie de la programmation du prochain Festival international de jazz de Montréal. Et là, on ne parle pas de la programmation extérieure (qui comporte beaucoup d'artistes de la relève), mais bien de celle en salles. Ainsi, les cinq comparses de ce band électro-jazz seront au Club Soda le 28 juin à minuit.
Deux des membres de Misteur Valaire, Thomas Hébert et Julien Harbec, font partie, avec Fanny Grosjean (qui se fait également appeler Fanny Bloom), du groupe La Patère Rose (www.myspace.com/lapatererose), formé à la suite des études de tout ce beau monde au Cégep de Sherbrooke. La semaine dernière, cette formation remportait les grands honneurs au concours Les Francouvertes, qu'on peut considérer comme l'une des plus importantes compétitions musicales au Québec. Après une telle distinction, les offres des maisons de disques devraient suivre… Pour les curieux, La Patère Rose jouera avec Le Roi Poisson au Téléphone Rouge le 29 mai prochain.
Une autre formation aux origines sherbrookoises, Le Citoyen (www.myspace.com/lecitoyen), s'est retrouvée en finale des Francouvertes. Ce groupe folk-rock, qui a Jérôme Dupuis-Cloutier à sa tête, a beau s'être classé en troisième place, la visibilité qu'offre cet événement devrait lui donner un bon coup de pouce.
Il y a aussi la chanteuse sherbrookoise Gwen (www.gwenmusic.ca) qui faisait partie des quatre finalistes de l'édition 2008 du concours Ma Première Place des Arts à Montréal, dans la catégorie Auteur-compositeur-interprète. Elle n'a rien remporté, mais tout de même…
Est-ce moi qui hallucine ou on n'a jamais vu un tel enthousiasme concernant la scène musicale sherbrookoise? La suite logique serait de voir de plus en plus de groupes d'ici dans les programmations de TOUTES les salles de spectacle de la région. Tant qu'à encourager la relève, encourageons la nôtre.
Je suis heureux de voir que des groupes Sherbrookois « de la relève » réussissent à se faire remarquer dans la métropole. Je me demande par contre si il s’agit vraiment d’un vent nouveau comme le suggèrent certains. À mon avis, il y a toujours eu des artistes de la région qui ont brillé à l’extérieur.
Ce que je trouve déplorable dans tout ça c’est l’insécurité, l’éternel besoin d’approbation dont nous souffrons ici en région. Les groupes commencent à être considérés comme sérieux ou prometteurs lorsque quelqu’un à Montréal parle de nous. Les artistes en question ont un public local, certes, mais considérant la population de Sherbrooke et la présence des cegeps et universités, je crois que nous serions en droit de nous attendre à un support, ou du moins un intérêt local plus tangible et surtout plus stable.
Pour ce qui est du prochain Seattle, il semble qu’une ville est en lice à toutes les semaines. Il ne faut pas oublier que les « scènes » musicales qui ont réussi à devenir un centre d’intérêt international avaient plusieurs choses en commun: de nombreux artistes talentueux, originaux et ingénieux, des étiquettes bien organisées et supportées (Sub Pop à Seattle, Drag City et Quarter Stick à Chicago, Saddle Creek à Omaha, etc), un public alerte, et un son qui définissait la région, le « mouvement ».
Sans vouloir être pessimiste, en regardant cette liste, je ne pense pas que nous y sommes encore.
J’admire ces jeunes qui travaillent fort. Ce n’est pas facile, et j’en sais quelque chose. Mais en attendant de voir les journalistes du Magnet, du Spin et de Pitchfork débarquer à Sherbrooke, je vais regarder la programmation de la fête du lac…
Philippe
Chouette commentaire Philippe…
La référence à Seattle partait d’un gag. Mon titre se voulait ironique… et je le trouvais plutôt accrocheur. Héhé! Il n’y a rien comme un bon lieu commun pour susciter un débat… :)