L’écho des Cantons

Pas doué pour les vacances

Je ne suis pas doué pour les vacances. J'ai de la difficulté à doser les deux extrêmes du parfait vacancier. Il y a les «journées organisées» durant lesquelles on accomplit un maximum de trucs parce qu'on veut en profiter; lorsqu'on part à l'étranger, ce type de journée est de mise. Et il y a les «journées relaxes». J'ai une nette préférence pour celles-ci. En se levant le matin, on se demande: «Qu'est-ce que je pourrais bien faire aujourd'hui?» et juste le fait de ne pas avoir de plan procure un sentiment de relâchement. C'est la joie, mais il ne faut pas trop en abuser.

Au début de l'excellent film Un été sans point ni coup sûr de Francis Leclerc, le jeune garçon qu'interprète Pier-Luc Funk discute avec ses parents de ce qu'il fera au cours du congé estival. Lui veut jouer au baseball, alors que son père (interprété par Patrice Robitaille) l'enverrait volontiers chez les scouts. Cette scène m'a rappelé que je n'étais pas plus doué pour les vacances lorsque j'étais gamin. Mes parents m'inscrivaient à une multitude d'activités (soccer, camps…), mais de mon côté, je me serais bien contenté de rester peinard à la maison. Une chance qu'ils étaient là, car un été passé dans le sous-sol, c'est plutôt triste.

La lettre

C'est ce qui m'amène à vous parler d'une trouvaille que ma gentille mère a faite la semaine dernière. Elle est tombée sur une lettre que j'avais écrite au début des années 90 alors que je me trouvais dans un camp d'été situé dans le Maine. Ma sour et moi allions à cette «colonie de vacances» pour un gros mois car nos parents pensaient que ça nous aiderait à devenir des «citoyens du monde»… ou tout simplement bilingues (à voir tous les beaux mots en anglais que j'utilise, ils n'avaient pas complètement tort). La lecture de cette lettre m'a bien fait marrer et du même coup, m'a touché. Il est bien de se remémorer l'enfant qu'on était (de toute évidence, j'étais un garçon plutôt naïf). D'ailleurs, Mickaël Furnon, le chanteur de Mickey 3D, me disait récemment en entrevue que «les adultes doivent garder un peu d'enfant en eux pour ne pas trop faner». Comme il a raison.

Bon… je mets ma pudeur de côté et je vous transcris la lettre en question (elle fut écrite après la mi-camp alors que mes parents étaient venus me visiter):

«Salut papa et maman,

Comment allez-vous? Moi, aujourd'hui, j'ai changé de cabine. Je suis maintenant dans la cabine 2. J'ai vu seulement un de mes counselors. Il a l'air correct. J'espère que les autres campeurs seront gentils.

Je vais vous raconter ce qui s'est passé durant le change over après que vous soyez partis. Jusqu'à l'heure du souper, on a écouté de la musique devant le dining hall et pour souper, nous avons eu de la pizza et de la liqueur (le meilleur souper au camp). Durant la soirée, nous avons écouté le film Hook qui est Capitaine Crochet en français. Nous sommes allés nous coucher et le lendemain matin, nous avons déjeuné et nettoyé les cabines… et c'est là que je vous écris.

J'ai hâte de vous revoir. Je vais sûrement vous réécrire.

Matthieu, votre fils»