En ce début septembre, Sherbrooke vit sa rentrée universitaire à fond la caisse. Ici, c'est tout particulièrement intense du fait que la reine des Cantons-de-l'Est ne comporte pas une, mais deux universités (l'Université de Sherbrooke et l'Université Bishop's… ça fait deux; le compte est bon). Deux campus, ce n'est pas banal pour une ville qui n'est ni trop grosse, ni trop petite. Ainsi, lorsque les étudiants de l'extérieur convergent vers leur «lieu de résidence non parental», le paysage sherbrookois change. Et pas mal à part ça. Les rues de certains quartiers sont davantage animées, les cafés sont remplis (et les portables scintillent), des line-ups se forment devant quelques bars… L'été, Sherbrooke n'est pas une «ville morte», mais il y a tout de même une certaine renaissance lorsque la session d'automne prend son envol.
Économiquement parlant, les étudiants apportent beaucoup à «la ville» (dans ce cas-ci, il s'agit d'un concept plutôt flou qui comprend nos dirigeants municipaux, quelques bureaucrates des institutions universitaires et certains commerçants). Est-ce que «la ville» le leur rend bien? Je dirais que oui, si on pense à la gratuité du transport en commun (privilège que les étudiants de Bishop's n'ont malheureusement pas) et de l'Internet sans fil, ainsi qu'à certains programmes destinés à la classe estudiantine. Toutefois, je suis d'avis que «la ville» pourrait en faire davantage pour chouchouter nos concitoyens qui sont encore sur les bancs d'école. L'idée serait de leur offrir une meilleure qualité de vie et un certain lousse financier.
Culture de campus
Qu'en est-il pour la culture? Est-ce que cette présence massive d'étudiants universitaires apporte quelque chose au milieu culturel de Sherbrooke? Sûrement, mais ça reste plutôt marginal. Je dois avouer que j'ai rarement été impressionné par le travail artistique des étudiants des universités sherbrookoises. C'est plutôt normal, car ce sont principalement des lieux d'expérimentation, voire d'incubation de talents dont l'éclosion ne s'effectuera que bien plus tard. Mes attentes ne sont donc jamais bien élevées envers une troupe de théâtre universitaire ou lors d'un vernissage de finissants.
Mon seul regret concerne la scène musicale, que devraient normalement enrichir les programmes de musique de nos universités. Parmi les groupes les plus intéressants de la planète, plusieurs sont issus de scènes associées à des campus universitaires. Je pense entre autres à Vampire Weekend, formé à l'Université Columbia de New York. Il y a aussi les gars de Plants and Animals qui ont étudié en musique à l'Université Concordia de Montréal. Est-ce qu'un band d'une université sherbrookoise saura se démarquer prochainement? Souhaitons-le, mais pour l'instant, rien ne laisse présager cette éventualité.
Fait encourageant: CFAK, la radio de l'Université de Sherbrooke, semble avoir pris les choses en main. Elle vient de lancer une compilation réunissant neuf groupes de la scène locale. CFAK dans tes oreilles – volume 1 ne comporte aucune formation reliée à l'université, mais Serge Langlois, le directeur général de la station, souhaite justement pouvoir remédier à cette situation en établissant un pont entre le campus et la scène locale. Il n'en tient maintenant qu'aux musiciens universitaires de faire partie de celle-ci.