Des tapes dans le dos
Jeudi dernier, j'étais juché, tel Zachée dans un arbre – ceci est un exercice de diction -, au balcon de la salle du conseil de l'hôtel de ville de Sherbrooke pour observer la cérémonie de remise de bourses à nos concitoyens du monde des arts. Parmi les boursiers, il y a des artistes en émergence et d'autres qui sont considérés comme «ambassadeurs». Le terme est bon, car tous ces Sherbrookois qui tiennent la culture à bout de bras semblent parfois chargés d'une mission quasi divine…
Je crois qu'il est important de nommer les récipiendaires des bourses de cette année (il s'agissait de la quatrième édition), alors les voici: Olivier Brousseau, Isabelle Cauchy, Andrew Chartier, Marianne Cloutier, Michaël Drapeau, Lisa Driver, Adriane Gariépy, Isabelle Gilbert, Xavier Graveline, Pierre Javaux, Chantal Lagacé, Marc Lebreux, Élise Legrand, Marc-Aurèle Lemieux, Stéphane Lemire, Serge Malenfant, Sébastien Pesot, Thierry Pilote, Johanne Ross, Brigitte Roy, Marianne Roy, Anh Minh Truong et Petronella Van Dijk. Certains d'entre eux représentaient un collectif. Pour la cérémonie, la plupart étaient habillés chic, mais d'autres se sont fait un devoir de ne pas observer l'étiquette… La marginalité est parfois de bon goût chez les artistes!
Forme de reconnaissance et de mise en valeur du milieu culturel sherbrookois, cette remise de bourses ne visait pas une discipline en particulier. Presque toutes les sphères des arts étaient représentées: les arts de la scène (musique, théâtre, danse et conte), les arts visuels (sculpture, photographie, gravure, murale, installation et techniques mixtes), les arts du cirque et de la rue, les arts médiatiques (vidéo, livre audio/musical et moyen métrage) et la littérature (poésie). Tout le monde a eu sa part du gâteau.
Ce gâteau, c'était 36 000 $. Puisqu'ils étaient 23 récipiendaires, ça fait des petites parts qui vont de 800 $ à 3500 $. Avec de telles portions, on ne risque pas de ballonner. Certains l'ont dit au cours de la cérémonie, il s'agit là de «tapes dans le dos». On ne révolutionne rien avec de tels montants, mais c'est mieux que rien… mieux qu'une claque dans la face.
Loin de moi l'idée de minimiser l'importance de ces bourses (elles sont assurément déterminantes pour certains artistes), mais il ne faudrait pas que le financement de la culture à Sherbrooke se limite à des tapes dans le dos. Un saupoudrage de sous n'est pas suffisant, surtout que l'aide fédérale s'annonce de plus en plus rare. Pour que la pratique artistique soit continue à Sherbrooke (ce qui est souhaitable), le soutien financier se doit de l'être tout autant. De plus, je suis d'avis que la Ville doit aider d'une façon significative les professionnels qui facilitent l'accès à la culture aux Sherbrookois qui souhaitent en bénéficier. Voulons-nous que Sherbrooke soit une ville culturelle animée, oui ou non?
Si une cérémonie de bourses plus substantielles pour les artistes voit le jour, croyez-moi, tout le monde mettra son petit costard.