J'ai été invité par le Conseil de la culture de l'Estrie à prendre la parole lors d'un 5 à 7 de mobilisation contre les coupes dans la culture ce jeudi 9 octobre au Théâtre Granada. Ayant raté un rassemblement équivalent qui se déroulait le 30 septembre dernier à Magog, je me devais de ne pas louper celui-ci. D'autant plus que je vais pouvoir y dire quelques mots (il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir d'attraction du micro). Je n'ai pas attendu trop longtemps avant d'accepter l'invitation, mais l'hésitation fut grande quant au ton à employer. J'ai finalement opté pour l'écriture d'un Pop Culture sur le sujet… Voici donc un extrait de mon petit speech de 5 à 7 en appui aux artistes des Cantons-de-l'Est:
«Première des choses, je dois dire que je ne me considère pas artiste. J'ai beaucoup trop de respect pour ceux qui font le choix de vivre de leur art pour me considérer comme l'un des leurs. Je suis plutôt quelqu'un qui consomme de la culture, et même parfois qui en abuse (dans le bon sens du terme). Depuis une semaine, j'ai assisté à un spectacle de danse contemporaine, à une soirée de courts métrages de jeunes cinéastes des Cantons-de-l'Est, à un spectacle de chanson québécoise, à un autre d'indie rock canadien, à un autre de musique actuelle et même à un show punk du groupe Career Suicide… Tout ça en Estrie, une région où visiblement, il est possible de mener une vie culturelle riche et diversifiée.
Ce qui unit tous ces artistes, c'est l'acte de création et, présentement, il semble y avoir une certaine incompréhension à l'égard de ce que cela représente. Alors que la confection de l'art nécessite sacrifices et convictions, le cliché de l'artiste gâté persiste à cause du cynisme ambiant que certains médias amplifient en misant sur le côté showbiz de la culture. Récupéré par le gouvernement fédéral en place, ce cynisme s'est transformé en compressions qui se sont faites sans préavis et de manière démagogique, comme si les artistes ne méritaient aucune considération. Pourtant, l'apport économique et identitaire de la culture fut prouvé à maintes reprises, et ce, non seulement dans les métropoles, mais également dans les régions comme la nôtre. Je dirais même que la culture joue un rôle encore plus crucial à l'extérieur des grands centres.
Il est difficile de prévoir quels seront les impacts réels de ces coupes pour les artistes des Cantons-de-l'Est, mais il est important que ceux-ci prennent la parole aujourd'hui pour signifier leur mécontentement et ainsi, joindre leurs voix à celles des autres artistes du pays. À mon avis, le message est le suivant: nous voulons d'un gouvernement qui possède une vision claire et cohérente à l'égard de la culture.
En conclusion, j'ajouterai ceci: je ne connais aucun artiste gâté en Estrie. Il n'y a pas de vedettes ici. Toutefois, je connais plusieurs créateurs passionnés qui font des miracles avec très peu de moyens. Je crois que les artistes des Cantons-de-l'Est apportent beaucoup à ma qualité de vie et à celle de mes concitoyens. Et pour cela, je les en remercie.»