Lors du 30e Gala de l'ADISQ qui avait lieu dimanche dernier, Louis-José Houde, l'animateur de la soirée, a comparé quelques artistes québécois à des outils. Éric Lapointe était une chainsaw, Jean Leloup une perceuse, Robert Charlebois une défricheuse… Drôle de quincaillerie!
La semaine dernière, un autre rassemblement d'artistes a également jasé outillage. Dans ce cas-ci, il faut oublier le glamour, les remerciements et les prix à profusion, car c'est la relève artistique de l'Estrie qui s'est réunie telle une clique de mafieux voulant planifier un «mauvais coup». Ils étaient plusieurs à être présents: des musiciens (Doll Tree, Jawa, Les Joueurs de source…), des artistes en arts visuels (Isabelle Coiteux, Isabelle Gilbert, Steve Saint-Pierre…), des «gens de lettres et de parole» (Éric Gauthier, Marc-Aurèle Lemieux…), ainsi que quelques diffuseurs. Mais ne vous inquiétez pas, car les desseins des artistes émergents n'ont rien d'illicite. Les objectifs de cette rencontre relevaient plutôt de l'organisation et de l'information.
Chapeauté par le Conseil de la culture de l'Estrie, un projet intitulé «Outiller la relève artistique de l'Estrie» est en train de prendre forme en notre région; cette soirée constituait son balbutiement public. Depuis quelques années, Montréal, Québec et Rimouski bénéficient chacun d'un programme équivalent, et semblerait-il que les retombées y sont intéressantes. Il ne faudrait donc pas s'en priver dans les Cantons-de-l'Est, surtout qu'à la suite de cette rencontre, le constat est que notre relève a besoin d'aide…
Premièrement, les lieux de diffusion (salles de spectacle, théâtres, galeries d'art…) lui paraissent limités en plus d'être difficiles d'accès. Tout le côté promotionnel peut également prendre des allures de casse-tête pour les artistes en herbe. Il est facile de se perdre dans les méandres médiatiques.
Cette rencontre a également souligné l'importance du réseautage pour que les nouveaux du monde des arts puissent se connaître entre eux… et s'encourager par la suite (à mon avis, cela fait partie de la recette du succès). Certains ont déploré le peu d'occasions permettant aux jeunes créateurs du coin d'échanger entre eux.
Tout le côté «gestion de carrière» fut aussi abordé. Il serait plus juste de parler d'«autogestion», car rares sont les jeunes artistes qui ont de l'aide à ce sujet. Ils ont donc besoin d'un minimum d'encadrement, de formation…
Finalement, l'absence d'un lieu concret pour la relève artistique, d'un centre de production multidisciplinaire où différents services seraient offerts, fut déplorée. Il y a le Centre des arts de la scène Jean-Besré (CASJB) qui offre différents services à ce niveau, mais apparemment, ce n'est pas su par ceux qui pourraient en bénéficier.
Voilà pour les problématiques. La soirée s'est conclue par la formation d'un groupe de travail. Celui-ci planchera sur un plan d'action qui devrait se concrétiser au cours de la prochaine année. Il sera intéressant de voir la forme que ça prendra, la trousse d'outils qui en résultera.