L’écho des Cantons

Paradoxale

Au Québec, Sherbrooke est une ville baromètre. Je dirais même que l'Estrie est une région qui permet de prendre le pouls de la province au grand complet.

Qu'est-ce qui fait en sorte que les Cantons-de-l'Est constituent le parfait groupe cible pour tous les sondeurs québécois? À mon avis, c'est le résultat d'un savant mélange, d'une recette aux souples proportions.

Notre région comporte des francophones et bon nombre d'anglophones, des milieux urbains et d'autres ruraux, des intellectuels au salaire enviable et des prolétaires, des gens de différentes origines… En fait, le tissu social de l'Estrie ressemble beaucoup à celui utilisé lors de la confection de la courtepointe provinciale.

Du coup, on est comme dans une petite bulle ici, dans un microclimat. J'ai souvent remarqué que Sherbrooke aime faire son indépendante par rapport aux phénomènes des villes comme Montréal et Québec. Ça fait partie du charme de la reine des Cantons-de-l'Est. C'est son petit côté wild.

Si on pense au culturel, les hypes urbaines ont peu d'impact ici. Les artistes qui veulent avoir du succès en Estrie doivent nous séduire un à un. À l'échelle sociale, c'est un peu la même chose. On se sent souvent très loin des problématiques relevées dans les bulletins de nouvelles.

Ainsi, Sherbrooke est un milieu distinct qui fait davantage écho à l'ensemble de la province qu'aux grands centres. C'est une petite grande ville. Juste assez de ci, avec ce qu'il faut de ça.

Le mystère sherbrookois

Quand je consulte les sondages régionaux pour les élections provinciales, c'est le caractère baromètre des Cantons-de-l'Est que j'ai en tête. Sachant que Jean Charest est supposément loin devant son principal rival dans la circonscription de Sherbrooke, Laurent-Paul Maheux du Parti québécois, je me dis que les libéraux s'enlignent pour une victoire au Québec.

Dans ce cas-ci, il serait bien que les électeurs puissent renverser la vapeur, car le bilan des libéraux provinciaux n'est pas reluisant. À Sherbrooke, ils sont plusieurs de cet avis: un autre sondage publié le 25 novembre dans La Tribune révélait un taux de satisfaction extrêmement faible à l'égard de notre député.

Alors pourquoi les Sherbrookois éliraient-ils un candidat qui les a déçus? C'est à n'y rien comprendre. Est-ce dû à l'attraction exercée par le chef du parti? Une réaction devant l'instabilité économique? Une conséquence du désintérêt général pour la politique et tout particulièrement à l'égard de ces élections? Moi, je dirais qu'il s'agit d'un autre mystère sherbrookois qui, malheureusement, a de bonnes chances de se transposer à tout le Québec.

C'est Joe Bocan qui chantait: «Paradoxale, on ne peut me dompter, je suis comme un animal». Voilà un «classique» sorti des boules à mites qui sied bien à Sherbrooke.

AGENDA /

Quelques suggestions de sorties pour cette semaine:

– Une belle brochette de groupes iconoclastes (Pédo Pedro et ses enfants, Méta Gruau, Digit: Missile Command et Le monde dans le feu) sera au Téléphone Rouge ce jeudi 27 novembre à 21h30.

– La jolie bulle pop de Gaële explosera au Vieux Clocher de Sherbrooke le 28 novembre à 20h30.

– Les Ballets Jazz de Montréal exécuteront une chorégraphie d'Aszure Barton le 2 décembre à 20h au Centre culturel de l'Université de Sherbrooke.

– Les expositions Messages intérieurs de Lucie Vincent et Toujours FERMÉ de David Running au Centre d'artistes CREATIO de Magog. y