Les Cantons en v.o.
Si le cinéphile sherbrookois se plaint, il le fait le ventre plein car l'offre cinématographique est non seulement généreuse à Sherbrooke, mais elle étonne par sa diversité et son raffinement. Pour affirmer cela, je pense entre autres à la série Regards d'auteurs du Centre culturel de l'Université de Sherbrooke et à la programmation de la Maison du cinéma, la Mecque du septième art en Estrie. Dans ce labyrinthique complexe, les blockbusters côtoient les films de répertoire et ce, pour notre plus grand bonheur. Ce n'est plus un secret pour personne.
Depuis quelque temps, on peut observer de la nouveauté à la Maison du cinéma. On y présente une grande quantité de films en version originale, principalement en anglais, mais les autres langues ne sont pas oubliées lorsque les sous-titres sont de la partie. Grâce à ses 16 salles, le cinéma offre même, pour quelques longs métrages, le choix entre la version originale et la version française. À partir de ce vendredi, ce sera le cas pour le film Revolutionary Road de Sam Mendes.
Voilà qui bonifie l'offre de belle façon et qui permet aux Sherbrookois passionnés de cinéma de se rassasier comme il se doit. À mon avis, il est beaucoup plus intéressant de visionner un Pedro Almodóvar en espagnol et un Wong Kar-wai en cantonais (ce qui, en passant, n'est pas la langue parlée dans les Cantons-de-l'Est…).
En anglais s'il vous plaît
Qui va voir des films en version originale anglaise à Sherbrooke? J'en ai discuté avec Danielle Ouellette, qui est directrice des communications à la Maison du cinéma. Avec les nombreux anglophones qui résident en région, j'étais porté à croire que c'était eux qui remplissaient les salles pour les projections dans la langue de Shakespeare, mais il semblerait que la majorité des spectateurs soit francophone.
Avec l'arrivée du DVD, même ceux qui comprennent un minimum d'anglais se sont habitués aux véritables voix des têtes d'affiche du cinéma américain et sont victimes de spasmes nerveux lorsqu'ils entendent les voix d'Yves Corbeil, de Bernard Fortin ou d'Alain Zouvi dans les grosses productions hollywoodiennes. Pour ma part, quand j'entends Joël Legendre faire la voix de Leonardo DiCaprio, ça sille dans mes oreilles…
À la demande générale
Il faut savoir que c'est à la demande de sa clientèle que la Maison du cinéma présente davantage de films en version originale. Ainsi, les cinéphiles embarquent d'emblée dans cette nouvelle croisade de l'entreprise. Ceux qui sont plus réticents, ce sont les distributeurs de films. Avant de penser à Sherbrooke pour projeter leurs quelques copies de films en version originale, ils priorisent Montréal. À court terme, c'est plus payant pour eux.
Le défi pour la Maison de cinéma est donc d'avoir un bon achalandage pour les films projetés en anglais, en allemand ou en inuktitut, afin que les distributeurs soient davantage enclins à envoyer ceux-ci en Estrie. Dans le meilleur des mondes, une ou deux nouveautés en version originale prendraient l'affiche chaque semaine. C'est trop demander? Les Cantons disent non, dans toutes les langues… même en cantonais!