L’écho des Cantons

Ça arrive aussi près de chez nous

Je suis un habitué de la Vieille Capitale. J'y étais d'ailleurs la fin de semaine dernière pour y voir famille et amis. J'en ai profité pour me rendre au Musée national des beaux-arts du Québec. J'adore ce lieu. Jusqu'à la mi-avril, on y présente une exposition consacrée à l'art actuel qui se fait à Québec; toutes les ouvres proviennent d'une cinquantaine d'artistes qui y vivent ou qui y ont vécu. Intitulée C'est arrivé près de chez vous, cette expo couvre un large spectre d'idées nouvelles et témoigne de la vitalité du milieu des arts visuels de Québec.

J'ai adoré ma visite. Ça m'a intéressé, mais surtout, ça m'a rassuré. J'ai parfois eu l'impression que, par son conservatisme, le milieu muséal reléguait l'art actuel (et les artistes locaux) à de petits coins sombres de ses majestueux bâtiments. Cette exposition m'a convaincu du contraire… du moins en ce qui concerne Québec.

La cinquième saison

Est-ce que le milieu de l'art actuel des Cantons bénéficie d'un appui équivalent? Force est de constater que oui si on s'intéresse à la programmation du Musée des beaux-arts de Sherbrooke (MBAS). En plus de l'exposition Dissemblance de l'Estrien Pierre Chénier (voir l'article dans la section Arts visuels), le MBAS présente jusqu'au 31 mai la cinquième édition du Salon du printemps. Cet événement bisannuel réunit 19 artistes professionnels des Cantons-de-l'Est à la pratique (dans la très grande majorité des cas) étonnante: Louis-Charles Arguin, Berthin Binette, Matthieu Binette, René Bolduc, Yves Boucher, Éric Cardinal, Andrew Chartier, Lisa Driver, Nathalie Grimard, France Jodoin, Holly King, Laurent Luneau, Todd Munro, Raynald Noreau, Claire Poiré, Étienne Saint-Amant, Chantal Séguin, Kevin Sonmor et Cynthia Touchette.

C'est Sarah Boucher, conservatrice au MBAS en poste depuis un an, qui a épluché (et choisi) les dossiers en vue de cette expo qui se veut un instantané de ce qui se fait ici et maintenant; toutes les ouvres datent de 2008 ou 2009. Avec elle, j'ai fait une visite des lieux alors que le Musée était fermé… crime que je suis V.I.P.!

Visite virtuelle (ou presque)

Patience et passion décrivent bien le Salon du printemps de cette année. Le bois gravé d'Yves Boucher en est un bon exemple. Portant l'idée que la perfection se trouve dans la nature, ses ouvres sont composées de milliers de petits grains (sésame, poivre…) placés un à un. On retrouve également la notion de minutie dans le travail de Nathalie Grimard. Par de minuscules (et nombreuses) perforations, elle reproduit des photographies sur papier.

Art actuel oblige, la technologie fait partie de la pratique de quelques-uns des artistes du Salon. C'est le cas pour Andrew Chartier, un curieux personnage aux machines encore plus curieuses que lui. Au Musée, l'une de ses performances peut être visionnée; on y voit l'artiste déambuler dans les rues avec un bidule qui trace des cercles à la craie lorsqu'une grande quantité de monoxyde de carbone est détectée. La plus magistrale des démonstrations d'art technologique revient à Étienne Saint-Amant (voir image) et ses ouvres créées par ordinateur. Ça me sidère que des formules mathématiques puissent donner l'impression de coups de pinceau.

J'arrête là dans ma description de l'expo, mais sachez qu'il y a beaucoup de splendeurs à ce Salon du printemps. En somme, l'art actuel, ça arrive aussi près de chez nous.