L'esprit d'Orford
L’écho des Cantons

L’esprit d’Orford

J'ai plusieurs souvenirs associés au Centre d'arts Orford. Durant les étés de mon enfance, on s'y rendait en famille pour assister à des spectacles en plein air de musique classique. N'étant pas très réceptif à ce genre musical à l'époque (je ne jurais que par mes cassettes de Chabicouin), je préférais me balancer après les statues d'art public qui se trouvaient sur le terrain du Centre d'arts (dont celle d'Yves Trudeau) et me chamailler avec ma sour, mais il m'arrivait d'être plus tranquille et d'écouter sagement les concerts. Toutefois, une fois adolescent, je trainais avec moi mon walkman Sony jaune et j'écoutais parfois du Nirvana en douce…

Je me rappelle que j'étais impressionné, ou plutôt intrigué, par les musiciens surdoués d'origine asiatique qui étaient de passage à l'école de musique. Ils avaient l'air si jeunes et chaque fois, ils s'avéraient de véritables virtuoses. Je me disais qu'il devait y avoir une «pogne», ou bien qu'ils étaient malheureux, car leurs parents les obligeaient sûrement à pratiquer sans arrêt – ce n'était pas si bête comme réflexion parce que je me demande la même chose aujourd'hui!

Je ne sais pas si on peut parler d'une initiation réussie à la musique classique (surtout sachant qu'à l'adolescence, j'ai troqué le violon que je jouais gamin pour une guitare électrique, et que ce même violon est devenu un item de décoration dans la maison de mes parents), mais au final, j'associe le Centre d'arts Orford, et la musique classique par le fait même, à des souvenirs heureux et positifs. De plus, à travers toute la musique que j'écoute aujourd'hui, le classique occupe une place de choix. L'esprit d'Orford a eu raison de moi.

Festival Orford 2009

Mardi dernier, le Centre d'arts Orford dévoilait la nouvelle programmation du Festival Orford. Pour faire suite à un été 2008 tout à fait exceptionnel quant à l'achalandage (plusieurs records ont été atteints) et à la qualité des spectacles, le Centre d'arts se devait d'élever la barre d'un cran… ce qu'il fit.

L'équilibre de la saison dernière est à nouveau respecté pour les concerts de musique classique et de jazz, mais cette fois, la musique du monde se pointe le bout du nez avec ce qui s'annonce comme deux des moments forts de l'été: Roby Lakatos, «le violoniste du diable», et son ensemble gitan (24 juillet à 20h), et l'Ensemble Romulo Larrea, «le roi du tango» (14 août à 20h). Très belle idée.

Lors de la conférence de presse, le directeur général Davis Joachim fut éloquent et il a su témoigner son enthousiasme pour plusieurs des concerts de cet été. Voici ceux qui ont le plus suscité mon intérêt: le pianiste André Laplante qui jouera en solo Chopin et Liszt (20 juin à 20h), le saxophoniste Rémi Bolduc et sa bande qui se paient la traite avec un hommage à Charlie Parker et John Coltrane (27 juin à 20h), le «magicien» Marc-André Hamelin qui jouera la Symphonie pour piano seul (28 juin à 14h30), le prestigieux Quatuor à cordes Juilliard (10 juillet à 20h), la soprano Isabel Bayrakdarian, une habituée du Metropolitan Opera (11 juillet à 20h), les Conversations jazzées entre Alain Caron et François Bourassa (17 juillet à 20h), Oliver Jones qui célébrera ses 75 ans avec son trio (1er août à 20h) et le «pianiste-showman» Anton Kuerti avec ses Variations sérieuses (8 août à 20h). De plus, ne ratez pas le concert-bénéfice que donnera le grand François Cousineau au Centre d'arts le 9 mai à 19h30.

Plusieurs autres événements s'ajoutent à cela, dont les Mardis Bleu Classique sur le site de Bleu Lavande, les concerts d'Orford sur la route et les Beaux Concerts de la relève (avec les jeunes surdoués!).

Laissez l'esprit d'Orford avoir raison de vous. Je vous encourage à y aller en famille… et même si votre plus vieux traîne son iPod, dites-vous qu'il y a de l'espoir.