La pandémie universitaire s’en prend au Vieux Clocher
Pour ceux qui ne seraient pas au fait, l'Université de Sherbrooke annonçait mardi dernier avoir acquis le Vieux Clocher de Sherbrooke. L'endroit devient donc le Vieux Clocher de l'Université de Sherbrooke… ça a le mérite d'être clair. Ainsi, le recteur en fin de règne, Bruno-Marie Béchard, et ses sbires poursuivent la joyeuse «pandémie UdeS» au pied de la colline universitaire; il s'agit de leur troisième acquisition immobilière rue Galt Ouest depuis 2006.
Quant à Bernard-Y. Caza, il conserve tout de même la salle frangine de Magog, tout en poursuivant ses autres occupations professionnelles, dont celle de gérance d'artistes (qu'il fait très bien d'ailleurs). Ainsi, il retire progressivement ses billes de Sherbrooke pour mieux les jouer ailleurs.
Plus de peur que de mal
Les plus fins finauds d'entre vous se questionnent sûrement quant aux raisons de cet achat. N'y a-t-il pas déjà le Centre culturel de l'Université de Sherbrooke? Oui, mais une université en expansion implique de nouveaux défis, et par le fait même, de nouveaux besoins. On peut entre autres penser à l'École de musique, qui pourra bénéficier des lieux pour les répétitions et les spectacles de ses (de plus en plus) nombreux ensembles. L'Université pourra également s'en servir pour des fêtes étudiantes, des rassemblements de personnel…
Qu'en est-il des spectacles? J'avoue avoir eu un tout petit peu peur. J'ai cru que c'en était fini de ce côté, que Sherbrooke allait perdre une de ses salles majeures, que l'offre culturelle en notre cité se voyait diminuée… mais il n'en est rien. Ouf! C'est même plutôt le contraire. Par cette acquisition, l'Université de Sherbrooke assure la pérennité du merveilleux lieu de diffusion qu'est le Vieux Clocher. Ainsi, différents shows continueront de bonifier la programmation déjà existante de l'endroit. Bernard-Y. Caza s'en occupera pour au moins un an et ensuite, cette responsabilité reviendra à l'équipe du Centre culturel.
Précieux caillou
C'est malheureusement lorsqu'on risque de perdre quelque chose qu'on en perçoit la pleine valeur. Lors de la conférence de presse de mardi, Bruno-Marie Béchard affirmait que le Vieux Clocher de Sherbrooke est une perle, un joyau. Il est vrai qu'en 12 ans, l'endroit a acquis ses lettres de noblesse. Pour plusieurs artistes (Claude Dubois, Les Cowboys Fringants, Gilles Vigneault…), cette salle représente le parfait équilibre entre quantité (la grande salle compte environ 500 places) et qualité (ambiance cabaret, caractère intimiste…). Ce Vieux Clocher leur sied à ravir, telle une chaussure de verre au pied de Cendrillon (j'y connais que dalle en histoires de princesses, mais cette image me semble bonne). Lorsqu'il y a ce match parfait, le public peut être assuré d'un bon spectacle.
C'est donc un bel héritage que Bernard-Y. Caza laisse aux Sherbrookois. Il leur lègue un lieu de culture qui se retrouve entre bonnes mains. Il n'a évidemment pas fait don du Vieux Clocher à l'Université, mais il aurait très bien pu vendre à une autre partie qui n'aurait pas pu garantir un si bel avenir pour la salle de spectacle. Difficile de trouver un meilleur scénario pour le précieux caillou.
Qui dit mieux?