On a ce qu'on mérite
L’écho des Cantons

On a ce qu’on mérite

Une fois au bercail après une soirée du 24 juin célébrée sagement, j'ai allumé le téléviseur et je suis tombé sur la fin du grand concert de la Fête nationale animé par Guy A. Lepage, auquel participaient Ariane Moffatt, Karkwa et plusieurs autres. La phrase clé de l'animateur de la soirée semble avoir été celle-ci: «Je vous souhaite à tous le Québec qu'on mérite.» Après la controverse entourant la participation de groupes anglophones aux festivités, que Lepage a su attiser par ses propos, je trouve que c'était bien dit.

Dans les Cantons-de-l'Est, avons-nous eu droit à la Saint-Jean-Baptiste que nous méritions? Difficile à dire, car il est rendu normal de s'organiser sa propre petite célébration, que ce soit en famille, entre amis ou même entre voisins. Mais si on regarde les événements officiels qui étaient proposés aux Estriens, et tout particulièrement aux Sherbrookois, par le Mouvement national des Québécoises et Québécois (l'organisme qui chapeaute la Fête nationale), on dirait qu'on nous a fait payer d'avoir eu le culot d'élire Jean Charest comme député (dans ce cas-ci, le «nous» est hautement exclusif). Je blague, mais avouez que mes soupçons fictifs ne sont pas si bêtes!

Montréal, Québec et Gatineau sont les trois villes choyées avec de gros spectacles. Claude Dubois était à Baie-Comeau, Mes Aïeux à Terrebonne, Les Batinses à Rouyn-Noranda… Au «tout petit village» de Sherbrooke, on a eu droit à une nouvelle recrue de la chanson, David Jalbert, et à des artistes locaux de circonstance (Olivier Brousseau, Enfants de Cabot, Obatala…). Ça respectait l'esprit de la fête (et c'est déjà mieux qu'un Boom Desjardins pour la fête du Canada) mais, sans rien enlever à ces musiciens, je trouve que cette célébration de la nation québécoise manquait d'ampleur et n'avait pas le caractère rassembleur nécessaire.

Nostalgie nationale

Je chiale peut-être pour rien, mais je vais mettre ça sur le dos de la nostalgie. Mon meilleur souvenir de la Saint-Jean-Baptiste, c'est un concert de Richard Desjardins qui se déroulait au parc Jacques-Cartier. C'était il y a sept ou huit ans. Ça devait se faire sur la grosse scène habituelle, mais on annonçait de la pluie et ça s'est déroulé sous un petit chapiteau. Or, les nuages s'étaient tassés juste au début du show; la magie du petit saint Jean-Baptiste opérait! Il y avait tellement de gens que la tente débordait par tous les côtés. Tout le monde chantait en chour avec un verre en plastique rempli de bière à la main, et Richard rayonnait malgré la sueur qui perlait sur son visage. Pour moi, c'est à ça que ressemble un concert réussi de la Fête nationale.

Avouez qu'il est difficile de ne pas être nostalgique après ça. Ainsi, depuis quelques années, je fais fi des événements officiels et ma fierté nationale se manifeste sans grande pétarade. Je reste toutefois ouvert. Je prendrai peut-être un bain de foule l'an prochain si la fête sherbrookoise revêt de nouveaux atours. Mais bon… il paraît qu'on a ce qu'on mérite (soupir).