Depuis la semaine dernière, certains journalistes sherbrookois s'adonnent à un sport plutôt étrange: le «Grand Spectacle de l'eau bashing». L'exemple le plus éloquent fut la une du 7 juillet dernier du journal La Tribune avec «TROP CHER» écrit en gros (et en majuscules de surcroît). Or, c'est un seul membre de notre conseil municipal, Jean-François Rouleau, qui a désapprouvé le plan d'affaires du spectacle Omaterra qui débutera à l'été 2010, car il le juge irréaliste; tous les autres élus y étaient favorables, même que certains ont défendu le projet bec et ongles.
L'opinion d'une seule personne vaut-elle plus que celle de la très grande majorité des conseillers de la Ville de Sherbrooke? Je ne crois pas. Il était du devoir de M. Rouleau d'exprimer ses réserves à l'égard du plan d'affaires (c'est pour ça qu'il fut élu), mais ses propos ont malheureusement été exploités de manière sensationnaliste, voire trompeuse. Ainsi, j'ai crainte que l'opinion publique à l'égard du spectacle prenne une dangereuse tangente.
Le 9 juillet, La Tribune renchérissait en publiant le résultat d'un sondage maison effectué sur Internet. La question était étrangement formulée: «Débourser 44 $ par adulte pour assister à Omaterra, le Grand Spectacle de l'eau, est-ce trop cher, selon vous?» Quatre-vingt-cinq pour cent ont répondu que c'était trop cher… comme pour ne pas faire mentir la récente une. Encore une fois, je trouve ça malhonnête comme approche. À n'importe quelle question du type «Paieriez-vous tel prix pour un show dont vous ne connaissez pas encore la teneur?», c'est sûr que la majorité répondra par la négative.
Pourquoi tout ce zèle à casser du sucre sur le dos d'Omaterra? Manque-t-il à ce point de grosses nouvelles en Estrie pour vouloir créer un débat qui n'a pas lieu d'être? Ça semble être le cas. Tout de même, je souhaite que cette tempête dans un verre d'eau n'affectera pas le moral des troupes du Grand Spectacle de l'eau, car pour tout ce beau monde, le travail ne fait que commencer… et les attentes sont grandes!
L'omertà d'Omaterra
La loi du silence est respectée au sein de l'équipe d'Omaterra. Mis à part le plan d'affaires et quelques aspects techniques, on ne sait que très peu de choses sur ce Grand Spectacle de l'eau. Le travail créatif a débuté en mai 2008 et l'écriture est toujours en cours. Lysanne Gallant mène encore la barque en tant que conceptrice du show, mais lors d'une récente conférence de presse, on apprenait que d'autres Sherbrookois sont désormais impliqués dans le projet, dont le cinéaste Anh Minh Truong et l'auteur Stéphane Baillargeon. Ce dernier peaufine l'écriture du spectacle en compagnie de Pierre-Yves Bernard (Minuit, le soir, Dans une galaxie près de chez vous…). J'aime bien cette idée de favoriser des créateurs de chez nous, mais de leur donner comme appui une expertise d'ailleurs. C'est l'automne prochain que les détails de l'histoire d'Omaterra seront dévoilés.
Quant aux artistes qui se retrouveront sur la future scène aménagée aux abords de la rivière Magog, semblerait-il que des compétences bien particulières leur seront nécessaires. Chant, danse, acrobaties? On ne le sait pas. C'est trop tôt pour le dire. Tout est encore possible. Ainsi, en tant que sympathisant de ce spectacle, j'opte pour un optimisme débordant pour pallier le défaitisme ambiant. Que ça vogue, et non que ça coule.
C’est qu’on n’aime pas ça être tenus dans le secret quand c’est notre argent qui est dépensé pour un projet qui apparaît nébuleux et dont les producteurs semblent être eux-mêmes un peu dans les nuages !
C’est certain que lorsqu’on verra le spectacle, on s’exclamera. Mais en attendant, le payeur de taxes aimerait avoir quelques détails, autres que « Y va y avoir de l’humour et des acrobaties »
My 2 cents…
Sylvain.
Merci d’en avoir parlé. Merci, pour cette courageuse analyse. Va-t-on rester encore longtemps à Sherbrooke dans le syndrome «nés pour un petit pain»? En 2003, c’est d’abord des gens de Sherbrooke qui ont créé les cérémonies d’ouverture et de fermeture des Mondiaux d’athlétisme jeunesse et tout le monde était unanime pour admirer l’exploit. Il y a une foule d’artistes anciens et nouveaux qui font vivre la culture à Sherbrooke. On ne me fera jamais croire qu’un peuple peut se développer sans investir dans sa culture mais la cause n’est visiblement pas encore gagnée. C’est toujours un peu triste de le réaliser.