Débutons par un petit échange fantaisiste:
– Allo Horace!
– Salut!
– Ça faisait un bail! Tu avais disparu de la carte. Tu vas bien?
– Oui, très bien, mais sache que j'ai changé de nom.
– Ah oui? Tu t'appelles comment maintenant?
– Sporobole.
– Pardon?
– Je m'appelle Sporobole.
– …
– C'est le nom d'une plante tenace, de la famille des graminées, qui pousse le bord des routes. On l'utilise contre l'érosion du sol.
– …
– Sporobole.
– Oui, j'ai compris.
– …
Faire peau neuve
Blague à part, le changement de nom de la Galerie Horace pour le Centre en art actuel Sporobole est plutôt flamboyant, mais ça n'a rien de cosmétique ou d'innocent. Cette nouvelle identité dénote la nette évolution que connaît cet espace de diffusion (situé au 17 de la rue Albert au centre-ville de Sherbrooke) devenu un incontournable pour la culture en Estrie. Après une pause de neuf mois consacrée à la réflexion et au lourd labeur que nécessite une restructuration d'envergure, la nouvelle orientation artistique du lieu a récemment été dévoilée par une équipe renouvelée. Au front: Gilles Prince en tant que directeur général, Myriam Yates à la direction artistique et Éric Desmarais comme chargé de projet. Voilà un redoutable power trio!
Ainsi, exit l'ambiguïté quant au titre de galerie (associé à la vente d'ouvres d'art) et à certaines attentes des membres du Regroupement des artistes des Cantons-de-l'Est (RACE), fondé en 1973; le RACE existe toujours, mais la philosophie a changé, le mandat du lieu n'est plus le même.
«Le centre Sporobole se positionne comme un pôle de diffusion et d'échanges dont les ouvres et les actions s'inscrivent dans les enjeux de l'art actuel. Ses activités trouvent écho dans un réseau national et se répercutent auprès de sa communauté. […] Le centre devient un lieu phare de diffusion et de production de l'art actuel dans sa trame urbaine et régionale et, en ce sens, joue un rôle d'ouverture et de stimulation intellectuelle auprès de son public immédiat.»
Désormais, Sporobole est d'abord et avant tout un lieu de recherche en art actuel. Par le fait même, j'ose ajouter qu'il s'agit de la meilleure nouvelle pour le milieu des arts de la région depuis l'inauguration du Centre des arts de la scène Jean-Besré.
Programme «sporobolique»
Il y a de quoi célébrer. L'arrivée de Sporobole s'annonce stimulante à souhait. Voici un résumé de sa programmation automnale:
– Du 19 septembre au 4 octobre, l'événement Espace [im] media investira non seulement Sporobole avec l'exposition Anamorphose de Mathieu Dagorn (vernissage le 19 septembre à 19h), avec Hors champ, une soirée de performances audio-vidéo (le 2 octobre à 19h), et avec une autre soirée consacrée à des vidéos de pubs d'artistes européens et québécois (le 3 octobre à 19h), mais aussi la Maison du cinéma avec Derrière ces murs, une projection de films contemporains (le 1er octobre à 19h), et tout le centre-ville de Sherbrooke avec différentes ouvres de la relève estrienne qui se retrouveront dans les vitrines de gentils commerçants.
– Le 8 octobre à 19h, ce sera au tour d'Art nomade, une série de performances programmée par Francis O'Shaughnessy.
– Les 14 et 21 octobre à 19h, préparez-vous pour Art 21, deux soirées de films sur l'art: Identité/Identity et Histoires/Stories.
– Du 29 octobre à la mi-décembre, Milutin Gubash présentera son travail sur l'esthétique des sitcoms selon une approche DIY et humoristique.
…Sporobole, ça promet.