Et si on votait pour la culture?
Je l'avoue: j'ai été un peu agace. Au début de cette campagne électorale municipale, j'écrivais vouloir discuter avec tous les candidats (et la candidate) à la mairie de Sherbrooke pour en savoir un peu plus sur leur vision quant aux arts et à la culture en notre ville chérie. Mais voilà qu'environ une semaine de congé forcé et près de deux autres de vacances plus tard, je n'ai toujours pas pu concrétiser cet exercice démocratique. Me croyez-vous si je vous dis que je n'ai pas eu le temps?
Bonne nouvelle: le Conseil de la culture de l'Estrie a eu la même idée que moi. Sur son site Internet (www.cultureestrie.org/electionsmunicipales2009/em2009.php), on trouve de petites vidéos, de courtes entrevues effectuées avec ceux et celle qui prétendent au titre de maire (ou de mairesse) dans lesquelles il est question de culture. C'est fort intéressant. Évidemment, on a droit à quelques phrases vides, mais je dirais qu'il est facile de cerner si la personne connaît la situation actuelle des artistes sherbrookois ou non.
Je vous propose un petit survol, car cette élection municipale peut changer beaucoup de choses pour le milieu. Et si on votait pour la culture?
François Godbout
Le candidat aux pancartes bleues envisage des investissements pour les arts dans les trois situations suivantes: les jeux du Canada en 2013, la création d'événements culturels d'envergure et la rétention de nos talents locaux. À mon avis, voilà deux excellents points sur trois. Vouloir investir un budget culturel dans les jeux du Canada, ce serait comme considérer Omaterra, le Grand Spectacle de l'eau en tant qu'événement sportif parce qu'il y a des acrobates dans le show… D'ailleurs, François Godbout n'est pas le plus grand partisan de ce projet. S'il est élu, il exigera un moratoire de deux mois sur tout ce qui concerne Omaterra, ce qui aurait comme conséquence de mettre tout l'événement en péril.
Hélène Gravel
Celle qui a bien failli faire mordre la poussière au roi Perrault il y a quatre ans veut de la culture partout. À son avis, l'identité de Sherbrooke passe par là. Elle veut de nouvelles places publiques, des lieux où l'art pourra sortir dehors. Cette fan des murales MURIRS considère que Sherbrooke a du chemin à rattraper quant à l'investissement culturel per capita (c'est vrai qu'on fait dur quand on se compare aux autres villes importantes du Québec). Elle appuie également l'idée (vraiment excellente) de résidences d'artistes au centre-ville. Notez que sur son blogue, Hélène Gravel a déjà parlé des groupes sherbrookois Misteur Valaire et Jake and the Leprechauns! Ça mérite un morceau de robot.
Denis Pellerin
L'homme à la chemise rouge rappelle que la culture n'est pas un luxe, mais un investissement, et souligne la difficile réalité économique de nos artistes. Il se dit sensibilisé à l'importance d'un lieu de diffusion intermédiaire (principal cheval de bataille culturel de Bernard Sévigny). J'ai tout particulièrement apprécié son commentaire quant à la pertinence d'avoir des gens du milieu culturel, et non pas uniquement des bonzes des affaires, au comité IDÉS (Innovation et développement économique Sherbrooke).
Moustapha Saboun
M. Saboun parle de la culture comme de l'une de ses préoccupations premières. Il dit vouloir écouter le milieu, connaître ses besoins, avant de se prononcer sur des engagements. Ne faut-il pas habituellement faire ça avant de se lancer dans la course? Tout de même, il a soulevé l'importance d'une saine représentation des différentes communautés interculturelles.
Bernard Sévigny
Le chef du Renouveau Sherbrookois dit vouloir accorder le plus de place possible à la culture, qu'il considère également comme un vecteur de développement économique. Il est conscient que les besoins sont immenses et que la qualité de vie citoyenne passe par une offre culturelle de qualité. Il a pris un engagement clair quant à la salle intermédiaire, la phase subséquente au Centre des arts de la scène Jean-Besré. Pour lui, c'est une carence à corriger à court terme. «C'est comme si on avait un soulier. Ça serait bien d'avoir les deux pour pouvoir marcher.» On s'incline devant une telle métaphore!