L’écho des Cantons

S pour Sherbrooke

Sincèrement, je croyais ne plus avoir à écrire le mot Sherbrooklyn dans cette chronique. «Sherbrooklyn? Tellement 2008!» diraient certains hipsters. Ce qui était au départ un terme désignant une poignée de bands sherbrookois qui tiraient plutôt bien leur épingle du jeu dans la métropole est devenu (à la suite de quelques maladroites généralisations médiatiques) un mot-valise qui regroupe tous les groupes reliés de près ou de loin à la reine des Cantons-de-l'Est.

Ainsi, les instigateurs de cette scène ont un peu perdu le contrôle de la bête, mais quand on y pense, c'est très bien ainsi. Au lieu d'être un phénomène qui s'estompe, Sherbrooklyn est là pour rester. Telle une image de marque, le terme symbolise désormais toute l'effervescence musicale qui règne en notre fief, en plus de désigner un tout nouveau festival d'envergure: l'événement Sherbrooklyn.

Sérieux, c'est la meilleure nouvelle de l'année. Du 8 au 17 avril 2010, moult spectacles et activités se dérouleront en ville grâce à cette initiative des Productions du Palais et de son directeur artistique, Jean-Pierre Beaudoin (Fête du lac des Nations, Festival de la rentrée…). L'objectif: «former, soutenir et faire connaître la relève d'ici». C'est-ti pas beau, ça?!

À première vue, Sherbrooklyn semble piger parmi les vertus des événements les plus intéressants qui ont récemment vu le jour au Québec. Tel M pour Montréal, il s'agira d'une vitrine pour les gens de l'industrie (les diffuseurs et les producteurs québécois seront invités à venir découvrir les groupes aux origines sherbrookoises). Comme à Antenne-A (super festival de la ville de Québec), plusieurs conférences données par des bonzes du milieu culturel seront proposées gratuitement aux artistes et à ceux qui les encadrent (agents de tournée, gérants…). À l'image du Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, l'événement Sherbrooklyn est voué à devenir un happening musical non urbain, un «produit d'appel» hors des grands centres.

Sherbrooklyn 2.0

Les shows auront lieu au Théâtre Granada. Déjà, on sait que les deux plus fiers représentants de la scène sherbrooklynoise, celle de la première heure, seront de la partie. La Patère Rose jouera le 9 avril, et Misteur Valaire, groupe porte-parole de cette première édition, viendra donner son dernier show de la tournée Friterday Night le 10 avril. Du 12 au 16 avril, les cinq membres de MV effectueront également une résidence au Théâtre Léonard-Saint-Laurent afin de monter leur nouveau spectacle, celui émanant du prochain album, prévu pour mai 2010. Tous les étudiants en musique de la région (du primaire à l'université) seront invités à assister à cette élaboration scénique et, incidemment, didactique. Il s'agit de l'«Opération autobus jaune».

Pour compléter la programmation, une sélection sera faite parmi toutes les formations de (ou originaires de) Sherbrooke qui s'inscriront sur le site www.evenementsherbrooklyn.ca. Il y aura plusieurs élus, car chaque soir de shows proposera bon nombre de performances. À mon avis, tous les bands locaux devraient tenter leur chance, qu'ils se sentent affiliés ou non à Sherbrooklyn, car le volet vitrine de l'événement ne peut que leur donner un solide coup de main.

Une grande question demeure: est-ce que Sherbrooke compte assez de groupes pour que l'événement Sherbrooklyn soit pertinent et différent d'année en année? Je crois que oui, car avec toute cette nouvelle stimulation, le meilleur reste encore à venir.

Misteur Valaire