Petit bilan culturel de 2009
2009, c'est l'année où Facebook a pris le contrôle de ma paisible existence («C'était bien le concert de samedi dernier?» «Je n'y étais pas; j'suis allé au cinoche.» «Mais sur Facebook, c'est écrit que tu y allais!?» «Euh…»), mais ça ne m'a pas empêché de sortir à l'occasion de ma torpeur et de me positionner stratégiquement dans l'oil de la tornade culturelle estrienne. Après l'avoir observée, vécue, commentée et critiquée (contre vents et marées), je me permets un petit bilan de ce qui m'a le plus marqué (je compte encore mes cicatrices):
Concert de l'année
Cet automne, on a beaucoup entendu parler du groupe canadien Timber Timbre dans les médias spécialisés, notamment montréalais. Avec son folk blues apparenté à celui de Tom Waits (mais avec davantage de fragilité), Taylor Kirk a su marquer les esprits et le buzz règne toujours. Or, à Sherbrooke, c'est en mai dernier qu'on recevait Timber Timbre pour un concert mémorable et intimiste au Tapageur. L'intro du show fut magnifique: Kirk superposait moult chants d'oiseaux qu'il faisait en soufflant dans ses mains ou à l'aide d'un sifflet. Malgré le thème de la mort qui habite ses chansons («I have become what I most fear / And I know there's no such thing as ghosts / But I have seen the demon host»), ce fut vibrant et précieux. Inoubliable.
Autres concerts marquants: Patrick Watson au Granada (et son après-spectacle dans la rue Wellington), Fred Fortin au Vieux Clocher de Sherbrooke, The Dears au Téléphone Rouge, Alain Lefèvre et l'OSS au Centre culturel de l'Université de Sherbrooke, Theresa Andersson au Tapageur…
Artiste local de l'année
Pour avoir habilement mené deux projets de front, l'ancien Sherbrookois Jérôme Dupuis-Cloutier remporte la palme. Avec ses comparses de la formation Le Roi Poisson, il a lancé de manière indépendante l'un des bons disques francophones de l'année pour ensuite signer avec Indica (un scénario idéal pour ce jeune groupe rock québécois)! Quant au Citoyen, son alter ego qui s'était rendu en finale des Francouvertes de 2008, il faudra garder l'oil ouvert, car cette année, l'auteur-compositeur-interprète a atteint le palier qui devrait le mener à la reconnaissance. Ses chansons ne distillent que le meilleur de la chanson québécoise. En fait, je le nomme «local star of the year» sachant que 2010 sera son année.
Autres artistes d'ici qui se sont démarqués: Patrick Nicol pour son roman Nous ne vieillirons pas, Ariane Bisson McLernon pour son groupe Alice and the Intellects et ses différents rôles dans les films d'Anh Minh Truong (cinéaste qui fait également partie de cette liste), Patrick Quintal pour son Sous l'oreiller et sa participation remarquée à la pièce Thyroïde des Turcs gobeurs d'opium, Mathieu Lippé pour ses contes olympiens, Les Bouts d'eux pour leur humour sur le Web, Michèle Plomer pour son roman HKPQ…
Spectacle de l'année
Sherbrooke vibre de plus en plus par la danse. Les salles comptent un nombre grandissant d'adeptes et la qualité des shows présentés y est pour quelque chose. Cette année, la performance qui m'a jeté par terre fut S de José Navas, vue au Théâtre Centennial. C'était pur, dense, troublant. Dans mon esprit, cette chorégraphie rivalise avec Body Remix de Marie Chouinard par l'incommensurabilité des évocations et la fusion musicale.
Autres spectacles marquants: Grande Théorie unifiée du chorégraphe Martin Bélanger au Théâtre Centennial, la pièce Le Baiser de la veuve du Théâtre à qui mieux mieux au Centre culturel de l'Université de Sherbrooke…
2009, c'est aussi…
Omaterra qui prend racine, Sherbrooklyn qui devient un festival, Bons Baisers de France qui rocke le centre-ville de Sherbrooke, Sporobole qui brasse la cage de l'art actuel en région, le Vieux Clocher sherbrookois qui passe aux mains de l'Université de Sherbrooke, un nouveau maire qui fait la promesse de construire une nouvelle salle de spectacle…
P'tite année? Je ne pense pas.