Au printemps dernier, on m'a demandé de contribuer au sixième coffret Mille Mots d'amour, une jolie boîte recelant des dizaines de lettres, dont la vente permet de soutenir Les Impatients, un organisme à but non lucratif qui aide les personnes atteintes de maladie mentale par des ateliers de création.
«Crime que j'aime ça, moi, écrire des lettres d'amour! Chu tellement un lover», me suis-je dit ironiquement. Mais le projet m'amusait et il y avait la cause, fort bonne. J'ai donc accepté. De plus, j'ai cru qu'il s'agissait d'un certain honneur littéraire que d'être invité à participer à ce coffret… Mais finalement, pas pantoute. Mille Mots d'amour réunit autant de grands auteurs que de simples badauds, et j'avoue que je me sens beaucoup plus près de Pierre-Jean-Jacques que de Marcel Pagnol (qui participe au coffret à titre post-mortem, par un inédit).
L'écriture de ce mot fut plus pénible que prévu. Je me suis rendu compte que j'avais trop de pudeur pour dévoiler un amour véritable. De plus, écrire qu'on aime Marina Orsini en secret depuis les premiers épisodes de Lance et Compte, ça ne fait pas sérieux. J'ai donc opté pour le récit d'un flirt véritable que j'ai romancé un tantinet, pour les bienfaits de la cause.
Ma lettre de lover
«Lettre à mon premier flirt adolescent
Je ne sais pas trop si tu t'en rappelles, mais moi, je conserve quelques bons (voire immaculés) souvenirs de toi. Les années 90 battaient leur plein. On devait avoir 14 ou 15 ans. J'écoutais Pearl Jam et toi, Green Day. Je portais des chemises à carreaux et toi, des Converse. Nous étions tous deux laissés à nous-mêmes dans un camp d'été un peu bric-à-brac situé au milieu de nulle part (le Maine…). On avait commencé à se tenir la main à la suite d'un slow (pas trop cochon, pas trop prude) exécuté sur une toune de Van Morrison au moment fort de la danse du samedi soir. Par un certain après-midi ensoleillé, au lieu de niaiser sur l'estrade en face de l'infirmerie (un classique de l'endroit), on s'est faufilés dans un petit boisé au bord du lac, sans faire de bruit, sans se faire voir par les moniteurs. C'est là que nous nous sommes longuement embrassés (i.e. frenchés la gueule) de façon tendre et cérémoniale, au son du clapotis des vagues. Tu avais une haleine acidulée au goût de Skittles, alors que je sentais le chasse-moustique. Tu t'exécutais les yeux fermés alors que je te regardais, comme pour ne rien manquer. Je te trouvais terriblement belle et, candidement, je t'aimais.
Je chéris cette première amourette adolescente qui fut suivie d'un long épisode épistolaire. Cette lettre en est la tardive et maladroite conclusion.»
Ma lecture de lover
Le 9 février prochain à 19h30 au Centre d'arts Orford, Les Impatients organisent une soirée de lecture de lettres issues du coffret Mille Mots d'amour de cette année. De vrais artistes seront de la partie, tels Clémence DesRochers, Yves Desgagnés, Diane Cardinal, Alain Labonté et Yves Allaire, mais par un quelconque mystère, on m'a demandé d'y lire ma contribution. Je vous promets que je ferai ça court. Sinon, la soirée s'annonce fort agréable!
Les Impatients s'exposent
Autre manifestation du travail des Impatients: Regards sur l'art cru, du 13 février au 21 mars à la Maison des arts et de la culture de Brompton. Cette exposition réunit des artistes contemporains et des Impatients autour du thème du cru dans l'art. Fait amusant: les ouvres seront juxtaposées, sans qu'on dise qui a fait quoi. Le vernissage aura lieu le 21 février à 14h.