P'tite grosse
L’écho des Cantons

P’tite grosse

J'aime ma p'tite grosse.

Ne sautez pas trop vite aux conclusions. La p'tite grosse de mon cour, c'est Sherbrooke, ma hometown love affair.

J'en ai souvent fait état dans le cadre de cette chronique: Sherbrooke, c'est la parfaite petite ville. Ici, on a droit aux avantages de la «grande» (à petites doses), mais pas aux inconvénients. La Reine des Cantons sait plaire à ses citoyens… si ceux-ci prennent la peine de l'admirer sous toutes ses coutures. Difficile de ne pas céder aux charmes de son atypique splendeur, de sa beauté de niche.

Le hic, c'est que ces jours-ci, Sherbrooke se trouve grosse. Elle semble en être convaincue et ça lui fait de la «pei-peine». Moi, ça me fait plutôt rigoler, mais pour ne pas l'offusquer, je garde mon sérieux. En bon lover que je suis, la bonne chose à faire consiste à tenter de la rassurer, à lui dire qu'elle est belle, surtout que tout le monde est sur son cas. Lâchez-la! Pauvre petite.

C'est juste un pont

La source du traumatisme: la fermeture du pont Montcalm. Ce qui aurait pu être simple est devenu un mélodrame. La rue King se voit amputée de quelques mètres et on déploie les mesures de guerre. Oui, il va falloir faire un détour au cours des prochains mois et nous allons tous perdre quelques précieuses minutes de nos futiles existences, mais il me semble qu'on en fait tout un plat. C'est tout de même juste un pont.

… Et c'est tout de même juste Sherbrooke, cette charmante petite ville où on n'a pas à se lever avec deux heures d'avance pour éviter le trafic. D'ailleurs, ici, le mot trafic est synonyme de temps des Fêtes, car les seuls embouteillages qu'on connaît sont ceux autour du Carrefour de l'Estrie, quelques jours avant Noël. Or, sur le boulevard Portland, la rage de la consommation à outrance prévaut sur la rage au volant.

Le cauchemar jaune

Mardi dernier, c'était la panique: les méchants autobus jaunes étaient de retour en ville! Ahouuuu! On craignait le pire, des évanouissements en série autour des collèges privés, mais un ixième communiqué de presse de la Ville sur la «situation» nous a rassuré: «La Ville de Sherbrooke constate avec satisfaction que la circulation a été fluide ce mardi matin sur tout le réseau, à l'exception de quelques périodes de ralenti sur les boulevards de Portland et Queen-Victoria. Aucune congestion majeure n'a été signalée sur les grandes artères sherbrookoises. Toutes les mesures prises ont permis, aux autobus scolaires notamment, de bien circuler dans le secteur du pont Montcalm.»

Faire les choses en grand, c'est bien, mais quand Sherbrooke se croit plus grosse qu'elle est, c'est beaucoup d'énergie gaspillée.

Sherbrooke, t'es pas grosse. T'es juste un peu hystérique.

Circulez, svp!

Les seules joies de toute cette agitation, ce sont les bulletins de circulation de Bertrand Gosselin à la Première Chaîne de la radio de Radio-Canada (hé oui, je scotche encore). Le pauvre… chaque demi-heure, il doit dire que la circulation est fluide (ou légèrement au ralenti s'il est chanceux), et ce, sans trop se répéter. C'est tout un art!

Pour lui donner un coup de main, voici quelques idées d'interventions pour commenter la circulation sherbrookoise:

– «J'ai reçu un appel d'auditeur et ça lui a pris deux bonnes minutes entre Queen et Jacques-Cartier. Prenez votre mal en patience.»

– «Ça s'annonce difficile, car il fait beau et on n'y voit rien avec ce soleil aveuglant. Restez chez vous; c'est plus prudent.»

– «Klaxonnez violemment lorsque vous entendrez un autre jeu de mots avec Montcalm, du type "Je garde mon calme!" Pu capable.»

… Vous avez d'autres idées?