Le petit être humain duquel je suis le plus proche est ma filleule de cinq ans. Elle est pas mal cool. C'est rendu qu'elle m'appelle pour que j'aille manger du Saint-Hubert avec elle. Les croquettes en forme d'animaux, elle adore.
Question d'être sûr d'avoir un bâton de vieillesse plus tard (on n'est jamais trop prévoyant), je la gâte pas mal. Pour son plus récent anniversaire, on est allés ensemble au centre commercial, au Carrefour de l'Estrie pour être précis. Elle voulait un petit DVD. Je militais pour le coffret d'Iniminimagimo, mais c'est un film de Barbie qui remporta les grands honneurs (je laisse aux autres la responsabilité d'en faire une féministe). Sa mère m'a confirmé que depuis, elle l'a écouté au moins à 20 reprises, soit beaucoup plus que le nombre de visionnements de La Folle Journée de Ferris Bueller que j'ai pu me taper durant mon adolescence. Ce n'est pas peu dire.
Notre magasinage a connu son apogée dans un magasin de vêtements pour enfants, car la petite voulait du linge de princesse. Première fois que j'y mettais les pieds, mais sûrement pas la dernière. Rapidement, j'ai pu constater quel puissant chick magnet constituait l'enfant. Les trois charmantes vendeuses, légèrement habillées pour les circonstances, virevoltaient autour de moi avec une désinvolture digne des fins de soirée bien arrosées. Subjugué, j'en suis presque venu à jalouser les pères monoparentaux.
Petits bonheurs
Parrain indigne? Sûrement.
Pour me donner bonne conscience, j'amène ma filleule voir différents spectacles lui étant destinés. Je suis d'avis que la culture pour les tout-petits, c'est essentiel. Le développement de la créativité passe par des découvertes artistiques; ces expériences construisent l'individu. Semblerait-il que de plus en plus de recherches corroborent cette affirmation.
Le spectacle qui a le plus marqué la petite fut le conte musical Pas de problèmes! du Petit Théâtre de Sherbrooke. «Janie, elle ne voulait pas faire dodo», me résuma-t-elle lorsque je lui ai récemment demandé ce dont elle se souvenait. «Et elle connaissait mon nom!» ajouta-t-elle avec une stupéfaction intacte. Eh oui. La jeune fille de la pièce était descendue dans la foule après le spectacle pour jaser avec le public et elle connaissait le prénom de ma filleule. Il faut savoir que j'avais croisé la comédienne la veille et que je l'avais informée de la petite personne qui m'accompagnerait à la pièce. Ça brise la magie, mais bon…
Bonne nouvelle pour les pères et les mères (monoparentaux ou non): Pas de problèmes! revient à Sherbrooke pour deux représentations (les 8 et 9 mai au Théâtre Granada). La pièce fait partie de la programmation des Petits Bonheurs, une grande fête culturelle qui nous arrive de Montréal (où elle a fait ses preuves). L'événement, qui en est à sa première édition à Sherbrooke, se déroule dans différents lieux du 6 au 16 mai prochain. Il réunit plusieurs artistes d'ici et d'ailleurs qui s'intéressent à un public trop souvent négligé: les tout-petits de 6 mois à 6 ans.
À quoi ressemble une pièce pour les 6 mois? Difficile à dire, mais la description de Pluie, production du théâtre Madam Bach du Danemark qui sera présentée les 8 et 9 mai à la Bibliothèque Éva-Sénécal, débute ainsi: «Plic! Plic, plic! Plic, plic, ploc, plic! Plouf, splatch, platch, plof, brrrooooo, brooooo, brrrrrroum…» Ça a le mérite de ne pas vendre le punch. Parions qu'il y aura beaucoup de sons, de couleurs et de fantaisie. Petits Bonheurs, c'est aussi de la danse, du cirque, des ombres chinoises, des marionnettes, du conte, de la musique et tant d'autres choses… Il y en a pour tous les goûts, et toutes les bourses.
Cet événement, c'est de l'or en barre pour les parents et le milieu des arts d'ici. Consultez toute la programmation, qui comprend spectacles, ateliers, exposition, échange-forum, formation et happenings communautaires, au www.petittheatre.qc.ca.
Moi, je compte bien y aller avec ma filleule. «OK ma chérie. Tu pourras t'habiller en princesse pour le spectacle.»